[17a,15] Φύεται δ´ ἐν τοῖς Αἰγυπτιακοῖς ἕλεσι καὶ ταῖς λίμναις
ἥ τε βύβλος καὶ ὁ Αἰγύπτιος κύαμος ἐξ οὗ τὸ κιβώριον,
σχεδόν τι ἰσοΰψεις ῥάβδοι ὅσον δεκάποδες.
ἀλλ´ ἡ μὲν βύβλος ψιλὴ ῥάβδος ἐστὶν ἐπ´ ἄκρῳ χαίτην
ἔχουσα, ὁ δὲ κύαμος κατὰ πολλὰ μέρη φύλλα καὶ ἄνθη
ἐκφέρει καὶ καρπὸν ὅμοιον τῷ παρ´ ἡμῖν κυάμῳ, μεγέθει
μόνον καὶ γεύσει διαλλάττοντα. οἱ οὖν κυαμῶνες
ἡδεῖαν ὄψιν παρέχουσι καὶ τέρψιν τοῖς ἐνευωχεῖσθαι
βουλομένοις· εὐωχοῦνται δ´ ἐν σκάφαις θαλαμηγοῖς,
ἐνδύνοντες εἰς τὸ πύκνωμα τῶν κυάμων καὶ σκιαζόμενοι
τοῖς φύλλοις· ἔστι γὰρ σφόδρα μεγάλα ὥστε καὶ
ἀντὶ ποτηρίων καὶ τρυβλίων χρῆσθαι· ἔχει γάρ τινα
καὶ κοιλότητα ἐπιτηδείαν πρὸς τοῦτο· καὶ δὴ καὶ ἡ
Ἀλεξάνδρεια μεστὴ τούτων ἐστὶ κατὰ τὰ ἐργαστήρια
ὡς σκεύεσι χρωμένων· καὶ οἱ ἀγροὶ μίαν τινὰ τῶν
προσόδων καὶ ταύτην ἔχουσι τὴν ἀπὸ τῶν φύλλων. ὁ
μὲν δὴ κύαμος τοιοῦτος, ἡ δὲ βύβλος ἐνταῦθα μὲν οὐ
πολλὴ φύεται (οὐ γὰρ ἀσκεῖται), ἐν δὲ τοῖς κάτω μέρεσι
τοῦ Δέλτα πολλή, ἡ μὲν χείρων, ἡ δὲ βελτίων ἡ ἱερατική·
κἀνταῦθα δέ τινες τῶν τὰς προσόδους ἐπεκτείνειν
βουλομένων μετήνεγκαν τὴν Ἰουδαϊκὴν ἐντρέχειαν,
ἣν ἐκεῖνοι παρεῦρον ἐπὶ τοῦ φοίνικος καὶ μάλιστα
τοῦ καρυωτοῦ, καὶ τοῦ βαλσάμου· οὐ γὰρ ἐῶσι
πολλαχοῦ φύεσθαι, τῇ δὲ σπάνει τιμὴν ἐπιτιθέντες τὴν
πρόσοδον οὕτως αὔξουσι, τὴν δὲ κοινὴν χρείαν διαλυμαίνονται.
| [17a,15] Entre autres plantes qui croissent dans les lacs et marais de
l'Egypte, nous signalerons le byblus et le cyamus dit d'Egypte dont on
fait {ces vases appelés} ciboires. Les tiges de l'une et de l'autre
plantes ont à peu près la même hauteur, 10 pieds environ ; mais, tandis
que le byblus a sa tige lisse jusqu'en haut et n'est garni qu'à son sommet
d'une houppe chevelue, le cyamus porte des feuilles et des fleurs en plus
d'un endroit de sa tige. Il produit aussi un fruit semblable à la fève de
nos pays (la différence n'est que dans la grosseur et dans le goût). Les
cyamons offrent un charmant coup d'oeil et servent de riant abri à ceux
qui veulent se divertir et banqueter en liberté. Montés sur des barques à
tentes, dites thalamège, les gais compagnons s'enfoncent au plus épais des
cyames et vont goûter le plaisir de la bonne chère à l'ombre de leur
feuillage. Les feuilles des cyames sont en effet extrêmement larges, au
point qu'on peut s'en servir en guise de coupes et d'assiettes, elles
présentent une concavité naturelle qui les rend même très propres à cet
usage. Cela est si vrai, que les ateliers d'Alexandrie en sont remplis et
qu'on n'y emploie guère d'autres vases. Ajoutons que la vente de ces
feuilles constitue une source de revenu pour les gens de la campagne.
Voilà ce que l'on peut dire au sujet du cyamus. Quant au byblus, assez
rare ici, {aux environs d'Alexandrie,} où il n'est pas l'objet d'une
culture spéciale, il croît surtout dans la partie inférieure du Delta. On
en distingue deux espèces, une médiocre et une bonne ; celle-ci est connue
sous le nom d'hiératique. Mais dans le Delta même on a vu introduire par
quelques particuliers avides d'augmenter leurs revenus l'adroite pratique
appliquée en Judée au palmier, au palmier caryote surtout et au balsamier
: on y empêche en beaucoup d'endroits le byblus de pousser, la rareté
naturellement en augmente le prix, l'intérêt des consommateurs en souffre
à coup sûr, mais les propriétaires en revanche y gagnent un gros
accroissement de revenus.
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