[15a,73] Φησὶ γὰρ οὗτος ἐν Ἀντιοχείᾳ τῇ ἐπὶ Δάφνῃ παρατυχεῖν
τοῖς Ἰνδῶν πρέσβεσιν ἀφιγμένοις παρὰ Καίσαρα
τὸν Σεβαστόν· οὓς ἐκ μὲν τῆς ἐπιστολῆς πλείους
δηλοῦσθαι, σωθῆναι δὲ τρεῖς μόνους, οὓς ἰδεῖν φησι,
τοὺς δ´ ἄλλους ὑπὸ μήκους τῶν ὁδῶν διαφθαρῆναι τὸ
πλέον· τὴν δ´ ἐπιστολὴν ἑλληνίζειν ἐν διφθέρᾳ γεγραμμένην,
δηλοῦσαν ὅτι Πῶρος εἴη ὁ γράψας, ἑξακοσίων δὲ ἄρχων βασιλέων
ὅμως περὶ πολλοῦ ποιοῖτο φίλος εἶναι Καίσαρι, καὶ ἕτοιμος εἴη
δίοδόν τε παρέχειν ὅπῃ βούλεται καὶ συμπράττειν ὅσα καλῶς ἔχει.
ταῦτα μὲν ἔφη λέγειν τὴν ἐπιστολήν, τὰ δὲ κομισθέντα δῶρα προσενεγκεῖν ὀκτὼ οἰκέτας γυμνούς, ἐν
περιζώμασι καταπεπασμένους ἀρώμασιν· εἶναι δὲ τὰ
δῶρα τόν τε ἑρμᾶν, ἀπὸ τῶν ὤμων ἀφῃρημένον ἐκ
νηπίου τοὺς βραχίονας, ὃν καὶ ἡμεῖς εἴδομεν, καὶ ἐχίδνας
μεγάλας καὶ ὄφιν πηχῶν δέκα καὶ χελώνην ποταμίαν τρίπηχυν πέρδικά τε μείζω γυπός. συνῆν δέ, ὥς φησι,
καὶ ὁ Ἀθήνησι κατακαύσας ἑαυτόν· ποιεῖν δὲ
τοῦτο τοὺς μὲν ἐπὶ κακοπραγίᾳ ζητοῦντας ἀπαλλαγὴν
τῶν παρόντων, τοὺς δ´ ἐπ´ εὐπραγίᾳ, καθάπερ τοῦτον·
ἅπαντα γὰρ κατὰ γνώμην πράξαντα μέχρι νῦν
ἀπιέναι δεῖν, μή τι τῶν ἀβουλήτων χρονίζοντι συμπέσοι·
καὶ δὴ καὶ γελῶντα ἁλέσθαι γυμνὸν λίπ´ ἀληλιμμένον
ἐν περιζώματι ἐπὶ τὴν πυράν· ἐπιγεγράφθαι
δὲ τῷ τάφῳ „Ζαρμανοχηγὰς Ἰνδὸς ἀπὸ Βαργόσης κατὰ
„τὰ πάτρια Ἰνδῶν ἔθη ἑαυτὸν ἀπαθανατίσας κεῖται.“
| [15a,73] Cet historien raconte comment, étant dans Antioche Epidaphné, il se
rencontra avec l'ambassade que les Indiens envoyaient à César Auguste. Les
ambassadeurs, qui, d'après ce que marquait leur lettre d'introduction,
avaient dû être très nombreux au départ, se trouvaient actuellement
réduits à trois, que Nicolas de Damas certifie avoir vus de ses yeux.
Quant aux autres, ils étaient morts des fatigues d'un trop long voyage. La
lettre était écrite en grec sur parchemin et marquait que Porus en était
l'auteur, qu'il était seigneur et maître de six cents rois, mais qu'il
n'en attachait pas moins un grand prix à l'amitié de César, qu'il était
prêt à lui livrer passage sur ses terres pour aller partout où il
voudrait, voire à l'aider de sa personne dans toute entreprise honnête et
juste. Telle était, au dire de Nicolas de Damas, la teneur de cette
lettre, qu'accompagnaient des présents portés par huit serviteurs, dont le
corps, vêtu d'un simple caleçon et d'ailleurs absolument nu, était
imprégné de parfums. Voici en quoi consistaient ces présents : 1° un
monstre en manière d'hermès, amputé des deux bras depuis sa plus tendre
enfance, et que nous-même avons pu voir à Rome ; 2° des vipères de la plus
grande taille ; 3° un serpent long de 10 coudées ; 4° une tortue de
rivière de 3 coudées ; 5° une perdrix plus grosse qu'un vautour. Les
ambassadeurs avaient aussi avec eux ce philosophe qui se brûla dans
Athènes. «Les philosophes indiens, dit à ce propos Nicolas de Damas, ont
recours à ce genre de mort, non seulement dans l'adversité pour se
soustraire aux maux qui les accablent, mais dans la prospérité même (et
c'était précisément le cas de celui-ci). Ils prétendent que l'homme qui a
toujours connu le bonheur doit sortir volontairement de la vie, et cela
par précaution, pour prévenir quelque revers de fortune inattendu».
Nicolas de Damas ajoute que le gymnosophiste, vêtu d'un simple caleçon, et
le corps bien frotté d'huile, avait escaladé en riant son bûcher.
L'inscription que l'on grava sur son tombeau était ainsi conçue :
CI-GIT ZARMANOCHEGAS, INDIEN NATIF DE BARGOSA,
MORT DE MORT VOLONTAIRE, FIDELE A LA COUTUME DE SES PERES.
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