[15a,53] Εὐτελεῖς δὲ κατὰ τὴν δίαιταν Ἰνδοὶ πάντες, μᾶλλον
δ´ ἐν ταῖς στρατείαις· οὐδ´ ὄχλῳ περιττῷ χαίρουσι,
διόπερ εὐκοσμοῦσι. πλείστη δ´ ἐκεχειρία περὶ τὰς κλοπάς·
γενόμενος γοῦν ἐν τῷ Σανδροκόττου στρατοπέδῳ
φησὶν ὁ Μεγασθένης, τετταράκοντα μυριάδων πλήθους
ἱδρυμένου μηδεμίαν ἡμέραν ἰδεῖν ἀνηνεγμένα
κλέμματα πλειόνων ἢ διακοσίων δραχμῶν ἄξια, ἀγράφοις
καὶ ταῦτα νόμοις χρωμένοις. οὐδὲ γὰρ γράμματα
εἰδέναι αὐτούς, ἀλλ´ ἀπὸ μνήμης ἕκαστα διοικεῖσθαι·
εὐπραγεῖν δ´ ὅμως διὰ τὴν ἁπλότητα καὶ τὴν εὐτέλειαν·
οἶνόν τε γὰρ οὐ πίνειν ἀλλ´ ἐν θυσίαις μόνον, πίνειν
δ´ ἀπ´ ὀρύζης ἀντὶ κριθίνων συντιθέντας· καὶ σιτία
δὲ τὸ πλέον ὄρυζαν εἶναι ῥοφητήν. καὶ ἐν τοῖς νόμοις
δὲ καὶ συμβολαίοις τὴν ἁπλότητα ἐλέγχεσθαι ἐκ τοῦ μὴ
πολυδίκους εἶναι· οὔτε γὰρ ὑποθήκης οὔτε παρακαταθήκης
εἶναι δίκας, οὐδὲ μαρτύρων οὐδὲ σφραγίδων
αὐτοῖς δεῖν, ἀλλὰ πιστεύειν παραβαλλομένους· καὶ τὰ
οἴκοι δὲ τὸ πλέον ἀφρουρεῖν. ταῦτα μὲν δὴ σωφρονικά,
τἆλλα δ´ οὐκ ἄν τις ἀποδέξαιτο, τὸ μόνους διαιτᾶσθαι
ἀεὶ καὶ τὸ μὴ μίαν εἶναι πᾶσιν ὥραν κοινὴν δείπνου τε
καὶ ἀρίστου, ἀλλ´ ὅπως ἑκάστῳ φίλον· πρὸς γὰρ τὸν
κοινωνικὸν καὶ τὸν πολιτικὸν βίον ἐκείνως κρεῖττον.
| [15a,53] Sobres en tout temps, les Indiens le sont encore plus à la guerre.
Leurs armées ne sont pas encombrées d'une foule inutile et présentent à
cause de cela un ordre parfait. Il y a notamment en temps de guerre comme
une trêve de vols : ainsi dans l'armée de Sandrocottus, une armée de 400.000 hommes, Mégasthène, qui accompagnait le Roi, dit n'avoir jamais vu
dénoncer de vols de plus de deux cents drachmes. «Et pourtant,
ajoute-t-il, les Indiens n'ont pas de lois écrites. Ils ne connaissent pas
l'écriture et traitent toutes les affaires de mémoire. Mais ils ne s'en
trouvent pas plus mal, grâce à la simplicité de leurs moeurs et à leur
sobriété : on sait qu'ils ne boivent jamais de vin, si ce n'est pendant
leurs sacrifices, et le vin qu'ils boivent alors n'est pas même fait avec
de l'orge, c'est du vin de riz, comme le fond de leur nourriture est une
espèce de soupe au riz. La rareté des procès atteste encore l'ingénuité
avec laquelle leurs lois sont faites et la franchise qu'ils apportent dans
leurs contrats. Jamais la réclamation d'un gage ou d'un dépôt ne donne
lieu chez eux à une action judiciaire, bien que l'engagement ou le dépôt
ne soit garanti ni par la présence de témoins ni par l'apposition de
scellés, mais uniquement par la bonne foi du dépositaire. Dans leurs
maisons mêmes la plupart du temps rien n'est enfermé. Toutes ces coutumes
assurément sont autant de preuves de sagesse, ils en ont d'autres en
revanche qu'on ne saurait approuver autant. On regrette par exemple que
chaque famille vive et mange toujours seule, l'heure des repas du matin et
du soir n'étant pas la même pour tout le monde et variant au gré de
chacun, car l'usage contraire, tant pour l'agrément de la société que pour
les nécessités de la vie publique, offre bien plus d'avantages».
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