[15a,43] Βιβάζονται δὲ καὶ τίκτουσιν ὡς ἵπποι τοῦ ἔαρος
μάλιστα· καιρὸς δ´ ἐστὶ τῷ μὲν ἄρρενι, ἐπειδὰν οἴστρῳ
κατέχηται καὶ ἀγριαίνῃ· τότε δὴ καὶ λίπους τι διὰ τῆς
ἀναπνοῆς ἀνίησιν, ἣν ἴσχει παρὰ τοὺς κροτάφους· ταῖς
δὲ θηλείαις, ὅταν ὁ αὐτὸς οὗτος πόρος ἀνεῳγὼς τυγχάνῃ.
κύουσι δὲ τοὺς μὲν πλείστους ὀκτωκαίδεκα μῆνας ἐλαχίστους δ´ ἑκκαίδεκα· τρέφει δ´ ἡ μήτηρ ἓξ ἔτη·
ζῶσι δ´ ὅσον μακροβιώτατοι ἄνθρωποι οἱ πολλοί, τινὲς
δὲ καὶ ἐπὶ διακόσια διατείνουσιν ἔτη· πολύνοσοι δὲ
καὶ δυσίατοι. ἄκος δὲ πρὸς ὀφθαλμίαν μὲν βόειον γάλα
προσκλυζόμενον, τοῖς πλείστοις δὲ τῶν νοσημάτων ὁ
μέλας οἶνος πινόμενος, τραύμασι δὲ ποτὸν μὲν βούτυρον
(ἐξάγει γὰρ τὰ σιδήρια), τὰ δ´ ἕλκη σαρξὶν ὑείαις
πυριῶσιν. Ὀνησίκριτος δὲ καὶ ἕως τριακοσίων ἐτῶν
ζῆν φησι, σπάνιον δὲ καὶ ἕως πεντακοσίων, κρατίστους
δ´ εἶναι περὶ τὰ διακόσια ἔτη, κυΐσκεσθαι δὲ δεκαετίαν.
μείζους δὲ τῶν Λιβυκῶν καὶ ἐρρωμενεστέρους ἐκεῖνός
τε εἴρηκε καὶ ἄλλοι· ταῖς γοῦν προβοσκίσιν ἐπάλξεις
καθαιρεῖν καὶ δένδρα ἀνασπᾶν πρόρριζα διανισταμένους
εἰς τοὺς ὀπισθίους πόδας. Νέαρχος δὲ καὶ ποδάγρας ἐν ταῖς θήραις τίθεσθαι κατά τινας συνδρόμους
φησί, συνελαύνεσθαι δ´ ὑπὸ τῶν τιθασῶν τοὺς ἀγρίους
εἰς ταύτας, κρειττόνων ὄντων καὶ ἡνιοχουμένων.
οὕτως δ´ εὐτιθασεύτους εἶναι, ὥστε καὶ λιθάζειν ἐπὶ σκοπὸν
μανθάνειν καὶ ὅπλοις χρῆσθαι νεῖν τε κάλλιστα·
μέγιστόν τε νομίζεσθαι κτῆμα ἐλεφάντων ἅρμα· ἄγεσθαι
δ´ ὑπὸ ζυγὸν καὶ καμήλους· γυναῖκα δ´ εὐδοκιμεῖν εἰ λάβοι
παρὰ ἐραστοῦ δῶρον ἐλέφαντα. οὗτος
{δ´} ὁ λόγος οὐχ ὁμολογεῖ τῷ φήσαντι μόνων βασιλέων
εἶναι κτῆμα ἵππον καὶ ἐλέφαντα.
| [15a,43] Les éléphants s'accouplent et mettent bas comme les chevaux : c'est
généralement au printemps que leur accouplement a lieu. On reconnaît que
le moment du rut approche pour le mâle, quand il est pris d'accès de
fureur et qu'il s'effarouche aisément. En même temps il lui sort une
liqueur huileuse par l'espèce d'évent qu'il a près des tempes. On
reconnaît pareillement que les femelles vont entrer en chaleur, quand,
chez elles, ce même orifice s'ouvre et demeure béant. Elles portent
dix-huit mois au plus, et seize mois au moins. La mère nourrit six ans.
Généralement la vie de ces animaux égale en durée celle des hommes les
plus vieux, mais quelques-uns atteignent jusqu'à deux cents ans. Ils sont
d'ailleurs sujets à plusieurs maladies toutes difficiles à guérir. Le
meilleur remède contre leurs ophthalmies consiste en lotions de lait de
vache très abondantes. Dans presque toutes leurs autres maladies on leur
donne à boire du vin rouge. En cas de blessures, on ajoute au remède
ordinaire, c'est-à-dire aux potions de vin rouge, {des frictions faites}
avec du beurre, le beurre ayant, comme on sait, la propriété de faire
sortir les fers de dard ; quant à leurs plaies, on les brûle avec de la
chair de porc. Onésicrite prétend que les éléphants vivent jusqu'à trois
cents ans, et peuvent même atteindre jusqu'à cinq cents, mais que ce sont
là des exceptions assez rares, qu'à l'âge de deux cents ans ils sont dans
toute leur force, et que les femelles portent pendant dix ans. Il ajoute
(et sur ce point là d'autres témoignages s'accordent avec le sien) qu'ici
les éléphants sont plus grands et plus forts qu'en Libye, qu'on les voit
par exemple se dresser sur leurs jambes de derrière et avec leurs trompes
renverser des palissades et déraciner des arbres. Néarque, lui, nous
fournit cet autre renseignement, que, dans les chasses, on place des
pièges à certains carrefours, et qu'ensuite on y pousse les éléphants
sauvages à l'aide des éléphants apprivoisés, qui sont généralement plus
forts et qui ont de plus l'avantage d'être dirigés par leurs cornacs.
Suivant lui aussi, les éléphants sont si faciles à dresser, si dociles,
qu'ils apprennent à lancer une pierre contre un but, à manier certaines
armes et à nager dans la perfection. Il prétend enfin que l'acquisition
considérée comme la plus précieuse par les gens du pays est celle d'un
char attelé d'éléphants (il est d'usage aussi dans l'Inde d'atteler les
chameaux) ; à l'en croire même, il n'y a pas, pour une femme, de
distinction plus flatteuse que de recevoir en don de son galant un
éléphant. {Mais} ce qu'avance là Néarque ne saurait s'accorder avec cet
autre témoignage qui attribue aux rois seuls le droit de posséder chevaux
et éléphants.
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