[1,4,9] Ἐπὶ τέλει δὲ τοῦ ὑπομνήματος οὐκ ἐπαινέσας τοὺς δίχα διαιροῦντας
ἅπαν τὸ τῶν ἀνθρώπων πλῆθος εἴς τε Ἕλληνας καὶ βαρβάρους, καὶ
τοὺς Ἀλεξάνδρῳ παραινοῦντας τοῖς μὲν Ἕλλησιν ὡς φίλοις χρῆσθαι
τοῖς δὲ βαρβάροις ὡς πολεμίοις, βέλτιον εἶναί φησιν ἀρετῇ καὶ κακίᾳ
διαιρεῖν ταῦτα. Πολλοὺς γὰρ καὶ τῶν Ἑλλήνων εἶναι κακοὺς καὶ τῶν
βαρβάρων ἀστείους, καθάπερ Ἰνδοὺς καὶ Ἀριανούς, ἔτι δὲ Ῥωμαίους
καὶ Καρχηδονίους οὕτω θαυμαστῶς πολιτευομένους. Διόπερ τὸν
Ἀλέξανδρον ἀμελήσαντα τῶν παραινούντων, ὅσους οἷόν τ' ἦν
ἀποδέχεσθαι τῶν εὐδοκίμων ἀνδρῶν καὶ εὐεργετεῖν· ὥσπερ δι' ἄλλο τι
τῶν οὕτω διελόντων τοὺς μὲν ἐν ψόγῳ τοὺς δ' ἐν ἐπαίνῳ τιθεμένων, ἢ
διότι τοῖς μὲν ἐπικρατεῖ τὸ νόμιμον καὶ τὸ παιδείας καὶ λόγων οἰκεῖον,
τοῖς δὲ τἀναντία. καὶ ὁ Ἀλέξανδρος οὖν οὐκ ἀμελήσας τῶν
παραινούντων, ἀλλ' ἀποδεξάμενος τὴν γνώμην τὰ ἀκόλουθα, οὐ τὰ
ἐναντία ἐποίει, πρὸς τὴν διάνοιαν σκοπῶν τὴν τῶν ἐπεσταλκότων.
| [1,4,9] 9. Pour terminer maintenant la présente série de ses Mémoires,
Ératosthène rappelle que certains auteurs ont proposé une autre division
du genre humain en deux groupes, à savoir les Grecs et les Barbares;
mais, loin de l'adopter, il la compare à ce conseil donné naguère à
Alexandre par quelques-uns de ses courtisans, de traiter tous les peuples
grecs en amis et en ennemis tous les peuples barbares, et érige en
principe que la seule division possible à établir entre les hommes est celle
qui a pour base le bien et le mal : «voyez, dit-il, même parmi les peuples
grecs, beaucoup sont mauvais, tandis que parmi les Barbares, sans
parler des Grecs et des Romains, ces peuples si admirablement
constitués, on en compte plus d'un, le peuple indien par exemple et le
peuple arien, dont les moeurs sont polies et civilisées. Alexandre du reste
l'entendait bien de cette façon, aussi ne tint-il aucun compte de l'avis
qu'on lui donnait, et on le vit partout et toujours accueillir les hommes de
mérite quels qu'ils fussent et les combler de ses faveurs.» - Mais qu'ont
donc fait, dirons-nous à notre tour, ceux qui prétendaient diviser le genre
humain en deux groupes, comprenant l'un les peuples dignes de mépris,
et l'autre les peuples dignes de louange, si ce. n'est reconnaître qu'il est
des hommes chez qui domine, avec le respect des lois, le goût des lettres
et de la civilisation, tandis qu'il en est d'autres chez qui dominent les
penchants contraires? De sorte qu'Alexandre, loin de négliger l'avis qui lui
était donné, et loin d'en prendre le contre-pied, l'avait par le fait goûté et
approuvé jusqu'à y conformer même toute sa conduite, n'en ayant
considéré apparemment que l'intention.
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