[1,4,8] Ἔτι δὲ παχυμερέστερον τὸ φήσαντα μὴ ὁρᾶν εἰς τί πραγματικὸν
καταστρέφει τὸ τοὺς ὅρους ζητεῖν, παραθεῖναι τὸν Κολυττὸν καὶ τὴν
Μελίτην, εἶτ' εἰς τἀναντία περιτρέπεσθαι. Εἰ γὰρ οἱ περὶ Θυρεῶν καὶ
Ὠρωποῦ πόλεμοι διὰ τὰς τῶν ὅρων ἀγνοίας ἀπέβησαν, εἰς
πραγματικόν τι καταστρέφον τὸ διαχωρίζειν τὰς χώρας· ἢ τοῦτο λέγει,
ὡς ἐπὶ μὲν τῶν χωρίων καὶ νὴ Δία τῶν καθ' ἕκαστα ἐθνῶν
πραγματικὸν τὸ διορίζειν ἀκριβῶς, ἐπὶ δὲ τῶν ἠπείρων περιττόν;
Καίτοι οὐδὲ ἐνταῦθα ἧττον οὐδέν· γένοιτο γὰρ ἂν καὶ ἐπὶ τούτων
ἡγεμόσι μεγάλοις ἀμφισβήτησις, τῷ μὲν ἔχοντι τὴν Ἀσίαν, τῷ δὲ τὴν
Λιβύην, ὁποτέρου δή ἐστιν ἡ Αἴγυπτος, δηλονότι ἡ κάτω λεγομένη τῆς
αἰγύπτου χώρα. Κἂν ἐάσῃ δέ τις τοῦτο διὰ τὸ σπάνιον, ἄλλως φατέον
διαιρεῖσθαι τὰς ἠπείρους κατὰ μέγαν διορισμὸν καὶ πρὸς τὴν
οἰκουμένην ὅλην ἀναφερόμενον· καθ' ὃν οὐδὲ τούτου φροντιστέον, εἰ
οἱ τοῖς ποταμοῖς διορίσαντες ἀπολείπουσί τινα χωρία ἀδιόριστα, τῶν
ποταμῶν μὴ μέχρι τοῦ ὠκεανοῦ διηκόντων ( τὰς) μηδὲ νήσους ὡς
ἀληθῶς ἀπολειπόντων τὰς ἠπείρους.
| [1,4,8] 8. En voici une autre pourtant qui est plus forte encore : on commence
par déclarer qu'on ne voit pas bien l'utilité pratique que peut offrir la
recherche des limites, on cite à ce propos l'exemple de Colyttus et de
Mélité, puis on fait tout à coup volte-face, et l'on dit juste le contraire : et
en effet, si les guerres au sujet de Thyrées et d'Oropos sont nées de
l'ignorance où l'on était des limites, c'est qu'il n'y a rien apparemment qui
soit d'une utilité plus pratique que de délimiter exactement les territoires
qui se touchent. - Mais peut-être a-t-on voulu dire simplement que si, pour
de petites localités, voire même pour chaque Etat pris isolément, une
délimitation rigoureuse paraît offrir de l'utilité, celle des continents est
absolument superflue? — «Non, répondrons-nous encore, celle-ci pas
plus que les autres, les continents eux-mêmes pouvant devenir un sujet
de contestation, entre deux conquérants par exemple, qui, possédant l'un
l'Asie et l'autre la Libye, se disputeraient l'Égypte, la basse Égypte
s'entend.» Du reste sans insister autrement sur un cas aussi rare, disons
qu'il importe, absolument parlant, d'établir de grandes divisions, qui, en
servant à la délimitation exacte des continents, puissent encore au besoin
s'étendre à l'ensemble de la terre habitée, et que, pour une opération de
ce genre, il n'y a pas à s'inquiéter si, en séparant les continents par des
fleuve s, on laisse quelques parties de la limite indéterminées : {ces là en
effet un inconvénient inévitable,} les fleuves ne remontant pas jusqu'à
l'Océan, et ne pouvant par conséquent enfermer et envelopper les
continents comme ils feraient des îles.
|