[1,3,22] Ἐπάνιμεν δ' ἐπὶ τὰ ἑξῆς, ἀφ' ὧν παρέβημεν. Τοῦ γὰρ Ἡροδότου
μηδένας ὑπερβορείους εἶναι φήσαντος, μηδὲ γὰρ ὑπερνοτίους,
γελοίαν φησὶν εἶναι τὴν ἀπόδειξιν καὶ ὁμοίαν ὁ Ἐρατοσθένης τῷ
σοφίσματι τούτῳ, εἴ τις λέγοι μηδένας εἶναι ἐπιχαιρεκάκους, μηδὲ γὰρ
ἐπιχαιραγάθους. Κατὰ τύχην τε εἶναι καὶ ὑπερνοτίους· κατὰ γοῦν τὴν
αἰθιοπίαν μὴ πνεῖν νότον, ἀλλὰ κατωτέρω. θαυμαστὸν δ' εἰ καθ'
ἕκαστον κλίμα πνέοντος ἀνέμου καὶ πανταχοῦ τοῦ ἀπὸ μεσημβρίας
νότου προσαγορευομένου, ἔστι τις οἴκησις ἐν ᾗ τοῦτο μὴ συμβαίνει.
τοὐναντίον γὰρ οὐ μόνον Αἰθιοπία ἔχοι ἂν τὸν καθ' ἡμᾶς Νότον, ἀλλὰ
{κα}ὶ ἡ ἀνωτέρω πᾶσα μέχρι τοῦ ἰσημερινοῦ. Εἰ δ' ἄρα, τοῦ Ἡροδότου
τοῦτ' ἐχρῆν αἰτιᾶσθαι, ὅτι τοὺς ὑπερβορείους τούτους ὑπέλαβε
λέγεσθαι, παρ' οἷς ὁ βορέας οὐ πνεῖ. καὶ γὰρ εἰ οἱ ποιηταὶ μυθικώτερον
οὕτω φασίν, οἵ γ' ἐξηγούμενοι τὸ ὑγιὲς ἂν ἀκούσαιεν, ὑπερβορείους
τοὺς βορειοτάτους λέγεσθαι (φασι). Ὅρος δὲ τῶν μὲν βορείων ὁ πόλος,
τῶν δὲ νοτίων ὁ ἰσημερινός· καὶ τῶν ἀνέμων δ' ὁ αὐτὸς ὅρος.
| [1,3,22] 22. Reprenons maintenant la suite de notre discours au point où cette
digression l'a interrompu. Hérodote ayant nié quelque part qu'il existe sur
la terre des Hyperboréens, par la raison qu'il ne s'y trouve point
d'Hypernotiens, Ératosthène juge l'argument risible et le compare au
sophisme qui consisterait à nier qu'il y ait dans le monde des
epichaerekaki, c'est-à-dire des gens heureux du mal d'autrui, par la raison
qu'on n'y connaît point d'epichaeragathi ou de gens heureux du bonheur
des autres, «sans compter, ajoute-t-il, qu'il n'est rien moins que prouvé
qu'il n'existe pas réellement des Hypernotiens, témoin l'Éthiopie où le
notus ne souffle pas, tandis qu'il souffle dans les contrées situées plus
bas.» - Mais ne serait-il pas étrange, quand les vents soufflent sous
tous les climats, quand partout le vent qui vient du midi est appelé notus,
qu'il y eût une position sur la terre où ces conditions ne se vérifiassent
pas? Non, la vérité est que l'Éthiopie, et, avec l'Éthiopie, toute la contrée
située au-dessus jusqu'à l'équateur, doivent ressentir également le souffle
de notre notus. Le vrai reproche à faire à Hérodote était donc d'avoir
supposé que le nom d'Hyperboréens pût désigner des peuples chez qui
Borée ne souffle point; car, si les poètes avaient employé là une
qualification un peu trop mythique, il appartenait à leurs commentateurs
d'en démêler le vrai sens et de comprendre que ce nom d'Hyperboréens
ne pouvait signifier autre chose que les nations les plus boréales, le pôle
étant proprement la limite des nations boréales, tout comme l'équateur
est la limite des nations notiennes ou australes, et cette double limite
étant la même pour les vents.
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