[1,2,27] Ταῦτά τε δὴ πρὸς τὸν Ἀρίσταρχον λέγοι ἄν τις καὶ πρὸς τοὺς
ἀκολουθοῦντας αὐτῷ καὶ ἄλλα τούτων ἐπιεικέστερα, ἀφ' ὧν τὴν
πολλὴν ἄγνοιαν ἀφαιρήσεται τοῦ ποιητοῦ. Φημὶ γὰρ κατὰ τὴν τῶν
ἀρχαίων Ἑλλήνων δόξαν, ὥσπερ τὰ πρὸς βορρᾶν μέρη τὰ γνώριμα
ἑνὶ ὀνόματι Σκύθας ἐκάλουν ἢ Νομάδας, ὡς Ὅμηρος, ὕστερον δὲ καὶ
τῶν πρὸς ἑσπέραν γνωσθέντων Κελτοὶ καὶ Ἴβηρες ἢ μικτῶς
Κελτίβηρες καὶ Κελτοσκύθαι προσηγορεύοντο, ὑφ' ἓν ὄνομα τῶν
καθ' ἕκαστα ἐθνῶν ταττομένων διὰ τὴν ἄγνοιαν, οὕτω τὰ
μεσημβρινὰ πάντα Αἰθιοπίαν καλεῖσθαι τὰ πρὸς ὠκεανῷ. μαρτυρεῖ
δὲ τὰ τοιαῦτα. Ὅ τε γὰρ Αἰσχύλος ἐν Προμηθεῖ τῷ λυομένῳ φησὶν οὕτω·
Φοινικόπεδόν τ' ἐρυ"θρᾶς ἱερὸν
χεῦμα θαλάσσης,
χαλκοκέραυνόν τε παρ' ὠκεανῷ
λίμναν παντοτρόφον Αἰθιόπων,
ἵν' ὁ παντ"όπτας Ἥλιος αἰεὶ
χρῶτ' ἀθάνατον κάματόν θ' ἵππων
θερμαῖς ὕδατος
μαλακοῦ προχοαῖς ἀναπαύει.
Παρ' ὅλον γὰρ τὸ μεσημβρινὸν κλίμα τοῦ ὠκεανοῦ ταύτην πρὸς τὸν
ἥλιον ἴσχοντος τὴν χρείαν καὶ τὴν σχέσιν, παρ' ὅλον καὶ τοὺς
Αἰθίοπας τάττων φαίνεται. Ὅτ' Εὐριπίδης ἐν τῷ Φαέθοντι τὴν
Κλυμένην δοθῆναί φησι
Μέροπι τῆσδ' ἄνακτι γῆς,
ἣν ἐκ τεθρίππων ἁρμάτων πρώτην χθόνα
Ἥλιος ἀνίσχων χρυσέᾳ βάλλει φλογί·
καλοῦσι δ' αὐτὴν γείτονες μελάμβροτοι
Ἕω φαεννὰς Ἡλίου θ' ἱπποστάσει.
Νῦν μὲν δὴ κοινὰς ποιεῖται τὰς ἱπποστάσεις τῇ τε Ἠοῖ καὶ τῷ Ἡλίῳ,
ἐν δὲ τοῖς ἑξῆς πλησίον αὐτάς φησιν εἶναι τῇ οἰκήσει τοῦ Μέροπος·
καὶ ὅλῃ γε τῇ δραματουργίᾳ τοῦτο παραπέπλεκται, οὐ δή που τῆς
κατ' Αἴγυπτον ἴδιον ὄν, μᾶλλον δὲ τῆς παρ' ὅλον τὸ μεσημβρινὸν
κλίμα διηκούσης παραλίας.
| [1,2,27] 27. Voilà déjà ce qu'on pourrait répondre à Aristarque et à ses partisans;
mais il y a maint autre argument plus plausible encore à faire valoir, pour
achever de décharger le poète de l'imputation de grossière ignorance qui
pèse sur lui. Ainsi, en me reportant aux opinions des anciens Grecs, en
voyant comment ils comprenaient tout ce qu'ils connaissaient de peuples
septentrionaux sous le seul et même nom de Scythes, ou sous celui de
nomades qu'emploie Homère, et comment plus tard, avec le progrès des
découvertes dans l'Occident, ils adoptèrent aussi pour cette partie de la
terre des dénominations générales, soit les noms simples de Celtes et
d'ibères, soit les noms mixtes de Celtibères et de Celloscythes, étant
réduits par ignorance à ranger ainsi sous une seule et même
dénomination des peuples séparés et distincts, je crois pouvoir affirmer
que le nom d'Éthiopie désignait de même pour eux toute la région
méridionale de la terre baignée par l'Océan. Et voici qui le prouve. C'est
d'abord un passage du Prométhée déchaîné d'Eschyle:
«{Là tu verras} l'Érythrée rouler ses flots sacrés sur un sable rougi, et
s'étendre non loin de l'Océan, ce lac aux reflets d'airain, ce lac, source de
richesses pour l'Éthiopien, où le soleil, qui voit toute chose, vient plonger
sans cesse son corps immortel et par les chaudes ablutions d'une eau
doucement pénétrante retremper l'ardeur de ses coursiers fatigués.»
Comme c'est, en effet, dans toute la longueur du climat méridional que
l'Océan rend au soleil le service dont parle le poète et se trouve avoir par
rapport à l'astre du jour la position indiquée dans ces vers, on peut en
conclure, ce semble, qu'Eschyle croyait les Éthiopiens répandus
réellement sur toute la longueur du climat méridional. On lit maintenant
dans le Phaéthon d'Euripide que Clymène avait été donnée à Mérops,
«Mérops, souverain maître de cette terre que, du haut de son rapide
quadrige, le soleil levant frappe d'abord de ses feux dorés : ses noirs
voisins l'appellent l'étincelante étable où se reposent les coursiers de
l'aurore et du soleils»
Dans le présent passage, à la vérité, le poète attribue «l'étincelante
étable» en commun aux coursiers de l'Aurore et à ceux du Soleil; mais
dans tout ce qui suit il se borne à dire qu'elle est placée non loin du palais
de Mérops. Or, cette donnée géographique, par la façon du moins dont
elle est liée à l'ensemble du drame, ne saurait s'entendre exclusivement
de notre Éthiopie, limitrophe de l'Égypte, et elle nous paraît embrasser
plutôt toute l'étendue des côtes de l'Océan, d'une extrémité à l'autre du
climat méridional.
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