[1,2,26] Χωρὶς δὲ τούτων ἐστὶ καὶ ἄλλως διαιρεῖν τὴν Αἰθιοπίαν. Πάντες
γὰρ οἱ παραπλεύσαντες τῷ ὠκεανῷ τὴν Λιβύην, οἵ τε ἀπὸ τῆς
Ἐρυθρᾶς καὶ οἱ ἀπὸ τῶν Στηλῶν, μέχρι ποσοῦ προελθόντες εἶτα
ἀνέστρεψαν ὑπὸ πολλῶν ἀποριῶν κωλυόμενοι, ὥστε καὶ πίστιν
κατέλιπον τοῖς πολλοῖς, ὡς τὸ μεταξὺ διείργοιτο ἰσθμῷ· καὶ μὴν
σύρρους ἡ πᾶσα Ἀτλαντικὴ θάλαττα, καὶ μάλιστα ἡ κατὰ
μεσημβρίαν. Ἅπαντες δὲ οὗτοι τὰ τελευταῖα χωρία, ἐφ' ἃ πλέοντες
ἦλθον, Αἰθιοπικὰ προσηγόρευσαν καὶ ἀπήγγειλαν οὕτως. Τί οὖν
ἄλογον, εἰ καὶ Ὅμηρος ὑπὸ τοιαύτης ἀκοῆς ἀχθεὶς δίχα διῄρει, τοὺς
μὲν πρὸς ἀνατολὴν λέγων, τοὺς δὲ πρὸς δύσιν, τῶν μεταξὺ οὐ
γινωσκομένων εἴτε εἰσὶν εἴτε μὴ εἰσίν; Ἀλλὰ μὴν καὶ ἄλλην τινὰ
ἱστορίαν εἴρηκεν παλαιὰν Ἔφορος, ᾗ οὐκ ἄλογον ἐντυχεῖν καὶ
Ὅμηρον. Λέγεσθαι γάρ φησιν ὑπὸ τῶν Ταρτησσίων Αἰθίοπας τὴν
Λιβύην ἐπελθόντας μέχρι αὐάσεως τοὺς μὲν αὐτοῦ μεῖναι, τοὺς δὲ
καὶ τῆς παραλίας κατασχεῖν πολλήν· τεκμαίρεται δ' ἐκ τούτου καὶ
Ὅμηρον εἰπεῖν οὕτως·
Αἰθίοπες, τοὶ διχθὰ δεδαίαται, ἔσχατοι ἀνδρῶν.
| [1,2,26] 26. En dehors de ces explications, du reste, on pourrait concevoir encore
d'autre façon la division de l'Éthiopie en deux parties. Tous les
navigateurs qui ont, dans l'Océan, longé les côtes de la Libye, soit à partir
de la mer Érythrée, soit à partir des colonnes d'Hercule, après s'être
avancés plus ou moins loin, se sont trouvés arrêtés par différents
obstacles et ont dû rétrograder, ce qui a donné lieu de croire, en général,
que le passage était intercepté par un isthme, bien que la mer Atlantique,
surtout dans sa partie australe, ne forme qu'un seul et même courant
continu. Mais tous s'étaient accordés à appeler Éthiopie les points ou
contrées extrêmes, terme de leur navigation, et à les faire connaître sous
cette dénomination. Qu'y aurait-il donc de déraisonnable à admettre
qu'Homère, sur la foi de semblables récits, a cru devoir partager les
Éthiopiens en deux groupes, l'un oriental, l'autre occidental, en attendant
qu'on sût s'ils occupaient aussi ou n'occupaient point tout l'espace
intermédiaire? Éphore, enfin, rapporte une autre tradition fort ancienne,
qu'on peut supposer sans invraisemblance avoir été connue d'Homère :
suivant cette tradition, qui avait cours, dit-il, parmi les Tartessiens, les
Éthiopiens auraient poussé leurs incursions dans l'intérieur de l'Afrique
jusqu'au Dyris {ou Atlas} et y auraient laissé une partie des leurs,
tandis que le reste se serait répandu tout le long du littoral; or Éphore
conjecture que c'est le fait de cette séparation qui a suggéré à Homère
l'expression suivante :
«Les Éthiopiens divisés en deux nations aux extrémités de la terre.»
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