[1,1,20] Μάλιστα δὲ δοκεῖ, καθάπερ εἴρηται, γεωμετρίας τε καὶ
ἀστρονομίας δεῖν τῇ τοιαύτῃ ὑποθέσει. Καὶ δεῖ μὲν ὡς ἀληθῶς·
σχήματα γὰρ καὶ κλίματα καὶ μεγέθη καὶ τὰ ἄλλα τὰ τούτοις οἰκεῖα
οὐχ οἷόν τε λαβεῖν καλῶς ἄνευ τῆς τοιαύτης μεθόδου. ἀλλ' +ὥσπερ
τὰ περὶ τὴν ἀναμέτρησιν τῆς ὅλης γῆς ἐν ἄλλοις δεικνύουσιν,
ἐνταῦθα δὲ ὑποθέσθαι δεῖ καὶ πιστεῦσαι τοῖς ἐκεῖ δειχθεῖσιν·
ὑποθέσθαι δὲ καὶ σφαιροειδῆ μὲν τὸν κόσμον, σφαιροειδῆ δὲ καὶ τὴν
ἐπιφάνειαν τῆς γῆς, ἔτι δὲ τούτων πρότερον τὴν ἐπὶ τὸ μέσον τῶν
σωμάτων φοράν. Ταῦτα μὲν οὖν ἐπεὶ τῆς αἰσθήσεως ἢ τῶν κοινῶν
ἐννοιῶν ἐγγύς ἐστιν, εἰ ἄρα, ἐπισημηνάμεθ' ἂν ἐπὶ κεφαλαίῳ μικρά·
οἷον ὅτι ἡ γῆ σφαιροειδής, ἐκ μὲν τῆς ἐπὶ τὸ μέσον φορᾶς πόρρωθεν ἡ
ὑπόμνησις καὶ τοῦ ἕκαστον σῶμα ἐπὶ τὸ αὑτοῦ ἄρτημα νεύειν, ἐκ δὲ
τῶν κατὰ πελάγη καὶ τὸν οὐρανὸν φαινομένων ἐγγύθεν· καὶ γὰρ ἡ
αἴσθησις ἐπιμαρτυρεῖν δύναται καὶ ἡ κοινὴ ἔννοια. Φανερῶς γὰρ
ἐπιπροσθεῖ τοῖς πλέουσιν ἡ κυρτότης τῆς θαλάττης, ὥστε μὴ
προσβάλλειν τοῖς πόρρω φέγγεσι τοῖς ἐπ' ἴσον ἐξῃρμένοις τῇ ὄψει.
Ἐξαρθέντα γοῦν πλέον τῆς ὄψεως ἐφάνη, καίτοι πλέον ἀποσχόντα
αὐτῆς· ὁμοίως δὲ καὶ αὐτὴ μετεωρισθεῖσα εἶδε τὰ κεκρυμμένα
πρότερον. Ὅπερ δηλοῖ καὶ ὁ ποιητής· τοιοῦτον γάρ ἐστι καὶ τό
ὀξὺ μάλα προιιδών, μεγάλου ὑπὸ κύματος ἀρθείς.
Καὶ τοῖς προσπλέουσι δὲ ἀεὶ καὶ μᾶλλον ἀπογυμνοῦται τὰ πρόσγεια
μέρη καὶ τὰ φανέντα ἐν ἀρχαῖς ταπεινὰ ἐξαίρεται μᾶλλον. Τῶν τε
οὐρανίων ἡ περιφορὰ ἐναργής ἐστι καὶ ἄλλως καὶ ἐκ τῶν γνωμονικῶν·
ἐκ δὲ τούτων εὐθὺς ὑποτείνει καὶ ἡ ἔννοια, ὅτι ἐρριζωμένης ἐπ'
ἄπειρον τῆς γῆς οὐκ ἂν ἡ τοιαύτη περιφορὰ συνέβαινε. Καὶ τὰ περὶ
τῶν κλιμάτων δὲ ἐν τοῖς περὶ τῶν οἰκήσεων δείκνυται.
| [1,1,20] 20. Mais c'est surtout, on l'a vu, de la géométrie et de l'astronomie que le
géographe paraît avoir besoin pour l'objet qu'il se propose. Et de fait,
comment en serait-il autrement? Comment le géographe pourrait-il bien
comprendre, sans recourir aux méthodes que fournissent ces deux
sciences, toutes les questions de configuration, de climat, d'étendue et
autres semblables? Toutefois, comme les géomètres et les astronomes
exposent ailleurs tout au long les moyens de mesurer la terre entière,
nous devrons, nous, dans le présent ouvrage, supposer et admettre
comme vrai ce qu'ils ont démontré dans les leurs; supposer, par exemple,
la sphéricité du monde, celle aussi de la surface terrestre et avant tout la
tendance centripète des corps. Et, comme ces faits sont à la portée de
nos sens ou rentrent dans la catégorie des notions communes, il nous
suffira, si même la chose en vaut la peine, d'en donner l'explication la plus
brève et la plus sommaire. Ainsi, en ce qui concerne la sphéricité de la
terre, nous rappellerons simplement ou la preuve indirecte qui se tire de
l'impulsion centripète en général et de la tendance de chaque corps en
particulier vers son centre de gravité, ou la preuve directe et immédiate
résultant des phénomènes qu'on observe sur la mer et dans le ciel, et
dont le témoignage de nos sens et les simples notions vulgaires suffisent
à constater la réalité. Il est évident, par exemple, que la courbure de la
mer empêche seule le navigateur d'apercevoir au loin les lumières
placées à la hauteur ordinaire de l'œil, et qui n'ont besoin que d'être un
peu haussées pour devenir visibles, même à une distance plus grande,
de même que l'œil n'a besoin que de regarder de plus haut pour
découvrir ce qui auparavant lui demeurait caché. Homère déjà en avait
fait la remarque, car tel est le sens de ce vers :
«Une fois soulevé par la vague immense, il put porter très loin sa vue
perçante.»
On sait aussi que, plus un vaisseau approche de la terre, plus chacune
des parties de la côte se dessine nettement aux yeux des passagers, et
que ce qui leur paraissait bas en commençant va s'élevant sans cesse
devant eux. La révolution ou marche circulaire des corps célestes est de
même rendue manifeste par diverses expériences, notamment au moyen
du gnomon, qu'il suffit d'observer une fois pour concevoir aussitôt que, si
les racines de la terre se prolongeaient à l'infini, la susdite révolution ne
saurait avoir lieu. Quant à la théorie des climats, elle est exposée en
détail dans des traités spéciaux sur les oekèses ou positions géographiques.
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