[1,1,19] Ἔχει δέ τινα καὶ θεωρίαν οὐ φαύλην ἡ πραγματεία, τὴν μὲν
τεχνικήν τε καὶ μαθηματικὴν καὶ φυσικήν, τὴν δὲ ἐν ἱστορίᾳ καὶ
μύθοις κειμένην οὐδὲν οὖσι πρὸς τὰς πράξεις· οἷον εἴ τις λέγοι τὰ περὶ
τὴν Ὀδυσσέως πλάνην καὶ Μενελάου καὶ Ἰάσονος, εἰς φρόνησιν μὲν
οὐδὲν ἂν συλλαμβάνειν δόξειεν, ἣν ὁ πράττων ζητεῖ, πλὴν εἰ
καταμίσγοι καὶ τῶν γενομένων ἀναγκαίων τὰ παραδείγματα
χρήσιμα· διαγωγὴν δ' ὅμως πορίζοι ἂν οὐκ ἀνελεύθερον τῷ
ἐπιβάλλοντι ἐπὶ τοὺς τόπους τοὺς παρασχόντας τὴν μυθοποιίαν. Καὶ
γὰρ τοῦτο ζητοῦσιν οἱ πράττοντες διὰ τὸ ἔνδοξον καὶ τὸ ἡδύ, ἀλλ' οὐκ
ἐπὶ πολύ· μᾶλλον γὰρ σπουδάζουσιν, ὡς εἰκός, περὶ τὰ χρήσιμα.
διόπερ καὶ τῷ γεωγράφῳ τούτων μᾶλλον ἢ ἐκείνων ἐπιμελητέον. ὡς
δ' αὕτως ἔχει καὶ περὶ τῆς ἱστορίας καὶ περὶ τῶν μαθημάτων· καὶ γὰρ
τούτων τὸ χρήσιμον ἀεὶ μᾶλλον ληπτέον καὶ τὸ πιστότερον.
| [1,1,19] 19. Ce qui n'empêche pas que la géographie n'ait aussi son côté
spéculatif ou théorique qu'on aurait tort de dédaigner, en ce qu'il touche à
la fois à la technique, à la mathématique, à la physique, à l'histoire, voire
même à la mythologie. Or la mythologie n'a assurément rien de pratique.
Un récit tel que celui des erreurs d'Ulysse, de Ménélas ou de Jason n'est
pas de nature à développer beaucoup cette prudence éclairée que
recherche avant tout l'homme pratique, à moins qu'on n'y ait mêlé çà et là
telle moralité utile inspirée par les aventures inséparables de semblables
voyages, mais il ménagera tout au moins une jouissance délicate à ceux
que le hasard conduit dans les lieux ainsi illustrés par la Fable, et l'esprit
le plus pratique ne laisse pas que d'être sensible à l'éclat et à l'agrément
de pareils souvenirs : seulement, il ne s'y arrête pas longtemps, car il est
naturel qu'il accorde plus d'attention aux choses utiles. Naturellement
aussi le géographe s'occupera plus de celles-ci que des autres et,
procédant pour l'histoire et les mathématiques, comme il a fait pour la
mythologie, ce sera toujours la partie la plus utile et la mieux avérée qu'il
en extraira de préférence.
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