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Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Coriolan

Chapitre 35

  Chapitre 35

[35] (1) Ἐπεὶ δὲ τούτων ἄδην εἶχε καὶ τὴν μητέρα βουλομένην ἤδη λόγων ἄρχειν ᾔσθετο, τοὺς τῶν Οὐολούσκων προβούλους παραστησάμενος, ἤκουσε τῆς Οὐολουμνίας τοιαῦτα λεγούσης· (2) "ὁρᾷς μὲν παῖ, κἂν αὐταὶ μὴ λέγωμεν, ἐσθῆτι καὶ μορφῇ τῶν ἀθλίων σωμάτων τεκμαιρόμενος, οἵαν οἰκουρίαν ἡμῖν σὴ φυγὴ περιεποίησε· λόγισαι δὲ νῦν, ὡς ἀτυχέσταται πασῶν ἀφίγμεθα γυναικῶν, αἷς τὸ ἥδιστον θέαμα φοβερώτατον τύχη πεποίηκεν, ἐμοὶ μὲν υἱόν, ταύτῃ δ´ ἄνδρα τοῖς τῆς πατρίδος τείχεσιν ἰδεῖν ἀντικαθήμενον. (3) δ´ ἔστι τοῖς ἄλλοις ἀτυχίας πάσης καὶ κακοπραγίας παραμύθιον, εὔχεσθαι θεοῖς, ἡμῖν ἀπορώτατον γέγονεν. οὐ γὰρ οἷόν τε καὶ τῇ πατρίδι νίκην ἅμα καὶ σοὶ σωτηρίαν αἰτεῖσθαι παρὰ τῶν θεῶν, ἀλλ´ τις ἂν ἡμῖν καταράσαιτο τῶν ἐχθρῶν, ταῦτα ταῖς ἡμετέραις ἔνεστιν εὐχαῖς. (4) ἀνάγκη γὰρ τῆς πατρίδος σοῦ στέρεσθαι καὶ γυναικὶ σῇ καὶ τέκνοις. (5) ἐγὼ δ´ οὐ περιμενῶ ταύτην μοι διαιτῆσαι τὴν τύχην ζώσῃ τὸν πόλεμον, ἀλλ´ εἰ μή σε πείσαιμι φιλίαν καὶ ὁμόνοιαν ἀντὶ διαφορᾶς καὶ κακῶν θέμενον ἀμφοτέρων εὐεργέτην γενέσθαι μᾶλλον λυμεῶνα τῶν ἑτέρων, οὕτω διανοοῦ καὶ παρασκεύαζε σαυτὸν ὡς τῇ πατρίδι προσμεῖξαι μὴ δυνάμενος πρὶν νεκρὰν ὑπερβῆναι τὴν τεκοῦσαν. (6) οὐ γὰρ ἐκείνην με δεῖ τὴν ἡμέραν ἀναμένειν, ἐν τὸν υἱὸν ἐπόψομαι θριαμβευόμενον ὑπὸ τῶν πολιτῶν θριαμβεύοντα κατὰ τῆς πατρίδος. (7) εἰ μὲν οὖν ἀξιῶ σε τὴν πατρίδα σῶσαι Οὐολούσκους ἀπολέσαντα, χαλεπή σοι καὶ δυσδιαίτητος παῖ πρόκειται σκέψις· οὔτε γὰρ διαφθεῖραι τοὺς πολίτας καλόν, οὔτε τοὺς πεπιστευκότας προδοῦναι δίκαιον· (8) νῦν δ´ ἀπαλλαγὴν κακῶν αἰτούμεθα, σωτήριον μὲν ἀμφοτέροις ὁμοίως, ἔνδοξον δὲ καὶ καλὴν μᾶλλον Οὐολούσκοις, ὅτι τῷ κρατεῖν δόξουσι διδόναι τὰ μέγιστα τῶν ἀγαθῶν, οὐχ ἧττον λαμβάνοντες, εἰρήνην καὶ φιλίαν, ὧν μάλιστα μὲν αἴτιος ἔσῃ γενομένων, μὴ γενομένων δὲ μόνος αἰτίαν ἕξεις παρ´ ἀμφοτέροις. (9) ἄδηλος δ´ ὢν πόλεμος τοῦτ´ ἔχει πρόδηλον, ὅτι σοι νικῶντι μὲν ἀλάστορι τῆς πατρίδος εἶναι περίεστιν, ἡττώμενος δὲ δόξεις ὑπ´ ὀργῆς εὐεργέταις ἀνδράσι καὶ φίλοις τῶν μεγίστων αἴτιος γενέσθαι κακῶν." [35] (1) Une fois comblé par ces retrouvailles, quand il s'aperçut que sa mère voulait commencer à parler, il fit placer auprès de lui les conseillers des Volsques et écouta Volumnie, qui dit à peu près ceci: (2) "Tu vois, mon fils, même si nous ne le disions pas, mais comme te le prouvent nos vêtements et l'apparence de nos misérables personnes, quelle existence à la maison nous a value ton exil! Réfléchis à présent que nous sommes arrivées ici comme les plus infortunées de toutes les femmes, nous à qui le destin a rendu effroyable le spectacle le plus doux: voir, moi, un fils, celle-ci, un mari campant face aux remparts de notre patrie! (3) Ce qui, pour les autres, est la consolation de toute infortune et de tout malheur, c'est-à-dire prier les dieux, est pour nous extrêmement embarrassant: impossible, en effet, de demander aux dieux pour notre patrie la victoire, en même temps que, pour toi, le salut! Ce qui prend place dans nos prières, ce sont les malédictions dont pourraient nous accabler nos ennemis! (4) Aussi bien, ta femme et tes enfants doivent nécessairement se trouver privés ou de leur patrie ou de toi. (5) Pour ma part, je n'attendrai pas que la guerre soit, moi vivante, l'arbitre de ce destin: si je ne pouvais te convaincre de mettre amitié et concorde en lieu et place de la discorde et de ses malheurs, d'être le bienfaiteur de deux peuples plutôt que le fléau d'un des deux, alors, réfléchis et prépare-toi à l'idée que tu ne pourras pas attaquer ta patrie avant d'avoir passé par-dessus ta mère, morte! (6) Car je ne dois pas attendre ce jour affreux où je verrai mon fils captif, traîné par ses concitoyens dans un cortège triomphal ou bien y figurant lui-même comme le vainqueur de sa patrie! (7) Or, si je te demande de sauver ta patrie en menant les Volsques à leur perte, je t'offre, mon fils, un sujet de réflexion difficile et d'un arbitrage bien ardu: détruire ses concitoyens n'est pas beau, pas plus qu'il n'est juste de trahir ceux qui nous font confiance. (8) Mais en fait, c'est la délivrance de nos malheurs que nous réclamons, délivrance salutaire semblablement pour les deux adversaires, mais glorieuse et belle plus encore pour les Volsques, puisqu'ils apparaîtront, de par leur supériorité même, dispenser les plus grands des biens, la paix et l'amitié -- en y participant non moins que nous: et c'est toi qui en seras principalement la cause, tandis que, si cela ne se fait pas, tu en auras seul la responsabilité auprès des deux partis. (9) Incertaine est la guerre, mais ce qui est bien certain, c'est que, si tu es vainqueur, tu y gagnes d'être le mauvais génie de ta patrie, et si tu es vaincu, tu passeras pour avoir causé, par colère, les plus grands malheurs à de hommes qui étaient tes bienfaiteurs et tes amis."


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Dernière mise à jour : 13/05/2005