HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Coriolan

Chapitre 20

  Chapitre 20

[20] (1) Ὁρῶν οὖν Μάρκιος εὐνοίᾳ μὲν αὐτοῦ, φόβῳ δὲ τοῦ δήμου τὴν σύγκλητον ἀπορουμένην, ἠρώτησε τοὺς δημάρχους, τί κατηγοροῦσιν αὐτοῦ καὶ περὶ τίνος κριθησόμενον ἐπὶ τὸν δῆμον ἐξάγουσιν. (2) εἰπόντων δ´ ἐκείνων ὅτι τυραννίδος ἐστὶ τὸ ἔγκλημα καὶ τυραννεῖν διανοούμενον ἀποδείξουσιν αὐτόν, οὕτως ἐξαναστὰς αὐτὸς ἔφη πρὸς τὸν δῆμον ἤδη βαδίζειν ἀπολογησόμενος καὶ μηδένα τρόπον κρίσεως μηδ´ ἂν ἁλῷ κολάσεως παραιτεῖσθαι· "μόνον ὅπως" ἔφη "τοῦτο κατηγορήσητε καὶ μὴ ψεύσησθε τὴν βουλήν." ὡς δ´ ὡμολόγησαν, ἐπὶ τούτοις κρίσις ἐγίνετο. (3) συνελθόντος δὲ τοῦ δήμου, πρῶτον μὲν οὐ κατὰ λόχους, ἀλλὰ κατὰ φυλὰς ἐβιάσαντο γίνεσθαι τὴν ψηφοφορίαν, τῶν εὐπόρων καὶ γνωρίμων καὶ στρατευομένων τὸν ἄπορον καὶ πολυπράγμονα καὶ τοῦ καλοῦ φροντίζοντα μηδὲν ὄχλον ἐπίπροσθεν ταῖς ψήφοις ποιοῦντες. (4) ἔπειτα τὴν τυραννίδος ἀφέντες αἰτίαν ἀναπόδεικτον οὖσαν, ἐκείνων πάλιν ἐμέμνηντο τῶν λόγων οὓς Μάρκιος πρότερον εἶπεν ἐν τῇ βουλῇ, κωλύων μὲν ἐπευωνίσαι τὴν ἀγοράν, ἀφελέσθαι δὲ τὴν δημαρχίαν τοῦ δήμου κελεύων. (5) καινὸν δὲ κατηγόρησαν αὐτοῦ κατηγόρημα τὴν διανομὴν τῶν λαφύρων, λαβὼν ἐκ τῆς Ἀντιατῶν χώρας οὐκ ἀνήνεγκεν εἰς τὸ δημόσιον, ἀλλὰ διένειμε τοῖς μεθ´ αὑτοῦ στρατευομένοις· ὑφ´ οὗ δὴ καὶ μάλιστα λέγεται διαταραχθῆναι τὸν Μάρκιον. (6) οὐ γὰρ προσεδόκησεν οὐδ´ εὐπόρησε πρὸς τὸν ὄχλον ἐκ τοῦ παραυτίκα λόγων πιθανῶν, ἀλλ´ ἐπαινοῦντι τοὺς στρατευσαμένους ἐπεθορύβησαν αὐτῷ πλείονες ὄντες οἱ μὴ στρατευσάμενοι. (7) τέλος δ´ οὖν ταῖς φυλαῖς τῆς ψήφου δοθείσης, αἱ καθαιροῦσαι τρεῖς ἐγένοντο. ἦν δὲ τίμημα τῆς καταδίκης ἀίδιος φυγή. (8) μετὰ δὲ τὴν ἀναγόρευσιν μὲν δῆμος οὐδέποτε νικήσας μάχῃ πολεμίους τοσοῦτον ἐφρόνησεν, ὅσον τότε φρονῶν καὶ γεγηθὼς ἀπῄει, τὴν δὲ βουλὴν ἄχος ἔσχε καὶ κατήφεια δεινή, μεταμελομένην καὶ δυσφοροῦσαν ἐπὶ τῷ μὴ πάντα ποιῆσαι καὶ παθεῖν πρότερον περιιδεῖν ὑβρίσαντα καὶ χρησάμενον ἐξουσίᾳ τοσαύτῃ τὸν δῆμον. (9) οὐδὲν δ´ ἔδει τότε πρὸς διάγνωσιν ἐσθῆτος παρασήμων ἑτέρων, ἀλλ´ εὐθὺς ἦν δῆλος ὅτι δημότης χαίρων καὶ δυσφορῶν ὅτι πατρίκιος. [20] (1) Marcius, voyant le Sénat hésiter entre sa sympathie pour lui et sa craintede la plèbe, demanda aux tribuns de quoi ils l'accusent et sur quelle inculpation ils l'amènent devant le peuple pour être jugé. (2) Les tribuns disent que c'est sur une inculpation de tyrannie et qu'ils démontreront, eux, qu'il a bien l'intention de devenir tyran. Alors lui, de se lever, et de dire au peuple qu'il va désormais se défendre, sans repousser aucune sorte de jugement ni de châtiment s'il est condamné. "Mais prenez garde, dit-il, de ne m'accuser que sur ce seul chef, et de ne pas abuser le Sénat!" Quand les tribuns eurent marqué leur accord, le jugement se fit sous ces conditions. (3) Le peuple une fois rassemblé, les tribuns le contraignirent à voter non par centuries mais par tribus, faisant ainsi passer les suffrages de la masse indigente, intrigante, insoucieuse du bien, avant ceux des nantis, des notables et des combattants. (4) Ensuite, laissant tomber l'accusation de tyrannie -- elle était indémontrable --, les tribuns rappelèrent les discours que Marcius avait naguère tenus au Sénat, d'un côté pour empêcher de vendre à vil prix les denrées du marché et, de l'autre, pour inviter à priver le peuple du tribunat. (5) Ils articulèrent de surcroît contre lui une accusation nouvelle: la distribution du butin qu'il avait tiré du pays des Antiates et que, sans le rapporter au trésor public, il avait réparti entre ses compagnons d'armes -- accusation par quoi, dit-on, Marcius fut le plus troublé. (6) C'est qu'il ne s'y attendait pas, et ne trouva pas d'emblée le moyen de fournir au populaire des arguments persuasifs; comme il félicitait le corps expéditionnaire, ceux qui n'en étaient pas -- et ils étaient les plus nombreux! -- se mirent à le huer. (7) À la fin, donc, le vote fut accordé aux tribus et les suffrages de condamnation furent au nombre de trois. Le verdict était l'exil à perpétuité. (8) Après la proclamation, le peuple s'en retourna, avec autant d'orgueil et de liesse qu'il en avait jamais montré pour une victoire militaire; le Sénat, en revanche, était en proie à l'affliction et à une terrible honte: il se repentait et supportait mal de n'avoir pas tout fait et tout enduré plutôt que de voir le peuple déchaîné et nanti d'un si grand pouvoir. (9) Pas besoin, alors, d'un vêtement ou d'autres signes extérieurs pour distinguer immédiatement les gens: le joyeux était évidemment un plébéien, le mécontent, un patricien!


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Dernière mise à jour : 13/05/2005