[10] (1) Τῇ δ´ ὑστεραίᾳ τοῦ Λαρκίου παραγενομένου καὶ τῶν ἄλλων
ἀθροιζομένων πρὸς τὸν ὕπατον, ἀναβὰς ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ τοῖς θεοῖς τὴν
πρέπουσαν ἀποδοὺς ἐπὶ τηλικούτοις κατορθώμασιν εὐφημίαν, πρὸς τὸν
Μάρκιον τρέπεται. (2) καὶ πρῶτον μὲν αὐτοῦ θαυμαστὸν ἔπαινον εἶπε, τῶν μὲν
αὐτὸς ἐν τῇ μάχῃ γεγονὼς θεατής, τὰ δὲ τοῦ Λαρκίου μαρτυροῦντος. (3) ἔπειτα
πολλῶν χρημάτων καὶ ὅπλων καὶ ἵππων καὶ ἀνθρώπων γεγονότων αἰχμαλώτων,
ἐκέλευσεν αὐτὸν ἐξελέσθαι δέκα πάντα πρὸ τοῦ νέμειν τοῖς ἄλλοις. ἄνευ δ´
ἐκείνων ἀριστεῖον αὐτῷ κεκοσμημένον ἵππον ἐδωρήσατο. (4) τῶν δὲ Ῥωμαίων
ἐπαινεσάντων, ὁ Μάρκιος προελθών, τὸν μὲν ἵππον ἔφη δέχεσθαι καὶ χαίρειν
τοῖς ἐπαίνοις τοῦ ἄρχοντος, τὰ δ´ ἄλλα μισθόν, οὐ τιμὴν ἡγούμενος ἐᾶν, καὶ
ἀγαπήσειν ὡς εἷς ἕκαστος τὴν νέμησιν. "ἐξαίρετον δὲ μίαν αἰτοῦμαι χάριν" ἔφη
"καὶ δέομαι λαβεῖν. (5) ἦν μοι ξένος ἐν Οὐολούσκοις καὶ φίλος, ἀνὴρ ἐπιεικὴς καὶ
μέτριος· οὗτος ἑάλωκε νῦν καὶ γέγονεν ἐκ πλουσίου καὶ μακαρίου δοῦλος.
πολλῶν οὖν αὐτῷ κακῶν παρόντων ἓν ἀφελεῖν ἀρκεῖ, τὴν πρᾶσιν." (6) ἐπὶ
τούτοις λεχθεῖσι βοή τε μείζων ἀπήντησε τῷ Μαρκίῳ, καὶ πλέονες οἱ
θαυμάζοντες ἐγένοντο τὸ μὴ κρατούμενον ὑπὸ χρημάτων τἀνδρὸς ἢ τὴν ἐν τοῖς
πολέμοις ἀνδραγαθίαν. (7) καὶ γὰρ οἷς φθόνου τι καὶ ζήλου πρὸς αὐτὸν ὑπέκειτο
τιμώμενον ἐκπρεπῶς, κἀκείνοις τότε τοῦ λαβεῖν μεγάλα τῷ μὴ λαβεῖν ἄξιος
ἔδοξε, καὶ μᾶλλον αὐτοῦ τὴν ἀρετὴν ἠγάπησαν, ἀφ´ ἧς κατεφρόνει τηλικούτων,
ἢ δι´ ἣν ἠξιοῦτο. (8) τὸ μὲν γὰρ εὖ χρῆσθαι χρήμασι κάλλιόν ἐστιν ἢ ὅπλοις, τοῦ
δὲ χρῆσθαι τὸ μὴ δεῖσθαι χρημάτων σεμνότερον.
| [10] (1) Le lendemain, Larcius et les autres combattants se
rassemblent auprès de consul. Celui-ci monte à la tribune,
rend aux dieux l'action de grâces que mérite un si grand
redressement de situation et se tourne vers Marcius. (2) Il
commence par un admirable éloge du héros, aussi bien pour
les faits dont il a été personnellement spectateur lors de
la bataille, que pour ceux dont témoigne Larcius. (3)
Ensuite, sur les énormes prises en argent, en armes, en
chevaux et en prisonniers, il ordonne à Marcius de prélever
à chaque fois le dixième, avant d'en faire la distribution
aux autres combattants. En dehors de ceci, il lui offrit
comme prix d'excellence un cheval caparaçonné. (4) Sous les
applaudissements des Romains, Marcius s'avança, dit qu'il
acceptait le cheval et se réjouissait des éloges du
magistrat mais que, pour le reste, il y renonçait, le
considérant non comme un honneur mais comme un salaire: il
se contenterait, comme tout un chacun, du partage. "Mais je
sollicite, dit-il une grâce extraordinaire, et vous demande
de l'obtenir. (5) J'avais chez les Volsques un ami, un homme
remarquable et modéré; il est à présent prisonnier et, de
riche et heureux qu'il était, le voilà devenu esclave; pour
lors, des nombreux malheurs qui l'accablent, il suffirait
d'en ôter un seul: la vente..." (6) À ces mots, un
applaudissement plus nourri encore s'élève en l'honneur de
Marcius, et ceux qu'impressionnait son indifférence aux
richesses furent plus nombreux encore que les admirateurs de
sa valeur combative. (7) Ceux mêmes en qui s'insinuait un
peu d'envie et de jalousie à l'endroit d'un homme
exceptionnellement honoré l'estimèrent alors digne de
recevoir de grands honneurs parce qu'il les refusait, et
aimèrent en lui davantage la vertu qui les lui faisait
refuser que celle qui l'en avait rendu digne. (8) C'est que
le bon usage des richesses vaut mieux que celui des armes,
mais il est plus noble encore de n'en pas avoir besoin que
d'en faire usage.
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