[8] (1) Ἱππονίκῳ δὲ τῷ Καλλίου πατρί, καὶ δόξαν ἔχοντι
μεγάλην καὶ δύναμιν ἀπὸ πλούτου καὶ γένους, ἐνέτριψε
κόνδυλον, οὐχ ὑπ´ ὀργῆς ἢ διαφορᾶς τινος προαχθείς,
ἀλλ´ ἐπὶ γέλωτι συνθέμενος πρὸς τοὺς ἑταίρους. (2) περιβοήτου
δὲ τῆς ἀσελγείας ἐν τῇ πόλει γενομένης, καὶ συναγανακτούντων
ὥσπερ εἰκὸς ἁπάντων, ἅμ´ ἡμέρᾳ παρῆν ὁ Ἀλκιβιάδης
ἐπὶ τὴν οἰκίαν τοῦ Ἱππονίκου, καὶ τὴν θύραν κόψας
εἰσῆλθε πρὸς αὐτόν, καὶ θεὶς τὸ ἱμάτιον παρεδίδου τὸ
σῶμα, μαστιγοῦν καὶ κολάζειν κελεύων. (3) ὁ δὲ συνέγνω καὶ
τὴν ὀργὴν ἀφῆκεν, ὕστερον δὲ τῆς θυγατρὸς Ἱππαρέτης
ἐποιήσατο νυμφίον. ἔνιοι δέ φασιν οὐχ Ἱππόνικον, ἀλλὰ
Καλλίαν, τὸν υἱὸν αὐτοῦ, δοῦναι τῷ Ἀλκιβιάδῃ τὴν Ἱππαρέτην
ἐπὶ δέκα ταλάντοις· εἶτα μέντοι τεκούσης ἄλλα
πάλιν δέκα προσεισπρᾶξαι τὸν Ἀλκιβιάδην, ὡς τοῦτο
συνθέμενον εἰ γένοιντο παῖδες. (4) ὁ δὲ Καλλίας ἐπιβουλὴν
δεδοικὼς προσῆλθε τῷ δήμῳ, τὰ χρήματα διδοὺς καὶ
τὸν οἶκον, ἄνπερ αὐτῷ συμπέσῃ μὴ καταλιπόντι γενεὰν
ἀποθανεῖν. εὔτακτος δ´ οὖσα καὶ φίλανδρος ἡ Ἱππαρέτη,
λυπουμένη δ´ ὑπ´ αὐτοῦ περὶ τὸν γάμον, ἑταίραις ξέναις
καὶ ἀσταῖς συνόντος, ἐκ τῆς οἰκίας ἀπιοῦσα πρὸς τὸν
ἀδελφὸν ᾤχετο. (5) τοῦ δ´ Ἀλκιβιάδου μὴ φροντίζοντος,
ἀλλ´ ἐντρυφῶντος, ἔδει τὸ τῆς ἀπολείψεως γράμμα
παρὰ τῷ ἄρχοντι θέσθαι μὴ δι´ ἑτέρων, ἀλλ´ αὐτὴν
παροῦσαν. ὡς οὖν παρῆν τοῦτο πράξουσα κατὰ τὸν
νόμον, ἐπελθὼν ὁ Ἀλκιβιάδης καὶ συναρπάσας αὐτὴν
ἀπῆλθε δι´ ἀγορᾶς οἴκαδε κομίζων, μηδενὸς ἐναντιωθῆναι
μηδ´ ἀφελέσθαι τολμήσαντος. (6) ἔμεινε μέντοι παρ´
αὐτῷ μέχρι τελευτῆς, ἐτελεύτησε δὲ μετ´ οὐ πολὺν
χρόνον εἰς Ἔφεσον τοῦ Ἀλκιβιάδου πλεύσαντος. αὕτη μὲν
οὖν οὐ παντελῶς ἔδοξεν ἡ βία παράνομος οὐδ´ ἀπάνθρωπος
εἶναι· καὶ γὰρ ὁ νόμος δοκεῖ διὰ τοῦτο προάγειν τὴν
ἀπολιποῦσαν εἰς τὸ δημόσιον αὐτήν, ὅπως ἐγγένηται τῷ
ἀνδρὶ συμβῆναι καὶ κατασχεῖν.
| [8] (1) Hipponicos, père de Callias, était un homme de
grande réputation et de pouvoir, grâce à sa richesse et à
son lignage; Alcibiade lui donna un coup de poing, non qu'il
fût poussé par la colère ou par quelque différend, mais
parce qu'il avait fait, pour rire, un pari avec ses
compagnons. (2) Cette insolence fit beaucoup jaser en ville
et tous, naturellement, de s'indigner en choeur. Le
lendemain, dès le point du jour, Alcibiade se rendait chez
Hipponicos; il frappe à la porte, entre et, déposant son
manteau, lui présente sa personne en l'invitant à le
fouetter et à le punir. (3) Hipponicos apaisa sa colère,
pardonna à Alcibiade et même, par après, fit de lui le mari
de sa fille Hipparétè. Certains prétendent néanmoins que ce
n'est pas Hipponicos mais Callias, le fils de celui-ci, qui
avait donné Hipparétè à Alcibiade, avec une dot de dix
talents, mais qu'ensuite, sa femme devenue mère, Alcibiade
en exigea encore dix autres, sous prétexte que cela avait
été convenu s'ils avaient des enfants. (4) Or Callias,
redoutant un traquenard, recourut à l'assemblée du peuple,
auquel il fit don de ses biens et de sa maison s'il devait
lui arriver de mourir sans descendance. Hipparétè, pour sa
part, était une femme rangée et elle aimait son mari, mais
celui-ci la rendit si malheureuse durant leur mariage, à
force de se commettre avec des courtisanes étrangères et
athéniennes, qu'elle quitta la maison et s'en alla chez son
frère. (5) Comme Alcibiade n'en avait cure et vivait en
débauché, Hipparétè dut déposer chez l'archonte son
attestation d'abandon marital et ce, non en recourant à des
tiers, mais en se présentant elle-même. Quand donc elle se
présenta pour le faire légalement, Alcibiade fit irruption,
se saisit d'elle et s'en fut, la ramenant chez lui à travers
la place publique sans que personne s'y oppose ni se risque
à la lui enlever. (6) Elle resta pourtant chez lui jusqu'à
sa mort qui, à vrai dire, arriva peu après, lorsqu'Alcibiade
s'embarqua pour Éphèse. Or cette violence ne parut
absolument pas illégale, ni inhumaine: c'est que la loi,
semble-t-il, contraint la femme qui veut quitter son mari à
se présenter en personne au ministère public dans
l'intention, précisément, d'offrir au mari la possibilité de
se réconcilier avec elle et de la garder.
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