HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Marius

Chapitre 43

  Chapitre 43

[43] Οὕτω δὴ τῶν πραγμάτων ἐχόντων, βουλὴ συνελθοῦσα πρέσβεις ἐξέπεμψε πρὸς Κίνναν καὶ Μάριον, εἰσιέναι καὶ φείδεσθαι δεομένη τῶν πολιτῶν. Κίννας μὲν οὖν ὡς ὕπατος ἐπὶ τοῦ δίφρου καθήμενος ἐχρημάτιζε καὶ φιλανθρώπους ἀποκρίσεις ἔδωκε τοῖς πρέσβεσι, Μάριος δὲ τῷ δίφρῳ παρειστήκει, φθεγγόμενος μὲν οὐδέν, ὑποδηλῶν δ' ἀεὶ τῇ βαρύτητι τοῦ προσώπου καὶ τῇ στυγνότητι τοῦ βλέμματος ὡς εὐθὺς ἐμπλήσων φόνων (3) τὴν πόλιν. ἐπεὶ δ' ἀναστάντες ἐβάδιζον, Κίννας μὲν εἰσῄει δορυφορούμενος, Μάριος δὲ παρὰ ταῖς πύλαις ὑποστὰς εἰρωνεύετο πρὸς ὀργήν, φυγὰς εἶναι λέγων καὶ τῆς πατρίδος εἴργεσθαι κατὰ τὸν νόμον, εἰ δὲ χρῄζοι τις αὐτοῦ παρόντος, ἑτέρᾳ ψήφῳ λυτέον εἶναι τὴν ἐκβαλοῦσαν, ὡς δὴ νόμιμός τις ὢν ἀνὴρ καὶ κατιὼν εἰς πόλιν (4) ἐλευθέραν. ἐκαλεῖτο δὴ τὸ πλῆθος εἰς ἀγοράν· καὶ πρὸ τοῦ τρεῖς τέσσαρας φυλὰς ἐνεγκεῖν τὴν ψῆφον ἀφεὶς τὸ πλάσμα καὶ τὴν φυγαδικὴν ἐκείνην δικαιολογίαν κατῄει, δορυφόρους ἔχων λογάδας ἐκ τῶν προσπεφοιτηκότων δούλων, οὓς Βαρδυαίους προσηγόρευεν. οὗτοι πολλοὺς μὲν ἀπὸ φωνῆς, πολλοὺς δ' ἀπὸ νεύματος ἀνῄρουν προστάσσοντος αὐτοῦ, καὶ τέλος Ἀγχάριον, ἄνδρα βουλευτὴν καὶ στρατηγικόν, ἐντυγχάνοντα τῷ Μαρίῳ καὶ μὴ προσαγορευθέντα καταβάλλουσιν ἔμπροσθεν αὐτοῦ ταῖς (6) μαχαίραις τύπτοντες. ἐκ δὲ τούτου καὶ τῶν ἄλλων, ὅσους ἀσπασαμένους μὴ προσαγορεύσειε μηδ' ἀντασπάσαιτο, τοῦτ' αὐτὸ σύμβολον ἦν ἀποσφάττειν εὐθὺς ἐν ταῖς ὁδοῖς, ὥστε καὶ τῶν φίλων ἕκαστον ἀγωνίας μεστὸν εἶναι καὶ φρίκης, ὁσάκις ἀσπασόμενοι τῷ Μαρίῳ πελάζοιεν. (7) κτεινομένων δὲ πολλῶν, Κίννας μὲν ἀμβλὺς ἦν καὶ μεστὸς ἤδη τοῦ φονεύειν, Μάριος δὲ καθ' ἑκάστην ἡμέραν ἀκμάζοντι τῷ θυμῷ καὶ διψῶντι διὰ πάντων ἐχώρει τῶν (8) ὁπωσοῦν ἐν ὑποψίᾳ γεγονότων. καὶ πᾶσα μὲν ὁδός, πᾶσα δὲ πόλις τῶν διωκόντων καὶ κυνηγετούντων τοὺς ὑποφεύγοντας καὶ κεκρυμμένους ἔγεμεν. ἠλέγχετο δὲ καὶ ξενίας καὶ φιλίας πίστις οὐδὲν ἔχουσα παρὰ τὰς τύχας βέβαιον· ὀλίγοι γὰρ ἐγένοντο παντάπασιν οἱ μὴ προδόντες αὐτοῖς τοὺς παρὰ σφᾶς καταφυγόντας. ἄξιον οὖν ἄγασθαι καὶ θαυμάσαι τοὺς τοῦ Κορνούτου θεράποντας, οἳ τὸν δεσπότην ἀποκρύψαντες οἴκοι, νεκρὸν δέ τινα τῶν πολλῶν, ἀναρτήσαντες ἐκ τοῦ τραχήλου καὶ περιθέντες αὐτῷ χρυσοῦν δακτύλιον, ἐπεδείκνυον τοῖς Μαρίου δορυφόροις, καὶ κοσμήσαντες ὡς ἐκεῖνον αὐτὸν ἔθαπτον. ὑπενόησε δ' οὐδείς, ἀλλ' οὕτω λαθὼν Κορνοῦτος ὑπὸ τῶν οἰκετῶν εἰς Γαλατίαν διεκομίσθη. [43] XLVII. Dans cette conjoncture critique, le sénat s'assembla, et envoya des députés à Marius et à Cinna, pour les prier d'entrer dans la ville, et d'épargner les citoyens. Cinna en qualité de consul, leur donna audience sur son tribunal, et leur répondit avec beaucoup d'humanité. Marius, debout derrière son siége, gardait le silence; mais son air sévère et ses regards farouches ne faisaient que trop connaître qu'il allait bientôt remplir la ville de sang. Après l'audience, ils prirent tous deux le chemin de Rome. Cinna y entra entouré de ses gardes; Marius, s'arrêtant à la porte, dit, avec une ironie que lui inspirait la colère, que les lois l'avaient banni de sa patrie, et lui en défendaient l'entrée, que si sa présence y était nécessaire, il fallait casser par une nouvelle loi celle qui l'avait banni; comme s'il eût été un religieux observateur des lois, et qu'il fût entré dans une ville libre. Il fit donc assembler le peuple sur la place; mais trois ou quatre tribus n'avaient pas encore donné leur suffrage, que, levant le masque, et laissant cette vaine formalité de son prétendu rappel, il entra dans la ville avec ses satellites, choisis, entre tous les esclaves qui avaient pris parti pour lui, et à qui il avait donné le nom de Bardiéens. A une seule parole, à un seul signe de Marius, ils tuaient indistinctement tous ceux qu'il leur désignait : un sénateur, nommé Ancharius, qui avait été préteur, étant venu le saluer, et Marius ne lui ayant rien répondu, ils l'égorgèrent à ses pieds. Ce fut dès lors un signal pour massacrer dans les rues tous ceux à qui Marius ne rendait point le salut ou n'adressait pas la parole ; aussi ses amis eux-mêmes ne l'abordaient-ils qu'avec une frayeur extrême. Cinna, rassasié de sang, voulait mettre fin à tant de meurtres; mais Marius, plus aigri chaque jour, plus altéré de vengeance, continuait de faire égorger tous ceux qui lui étaient suspects. On voyait sur tous les chemins et dans toutes les villes des gens courir, comme des chiens de chasse, à la poursuite de ceux qui s'étaient cachés ou qui avaient pris la fuite. On éprouva, dans cette occassion, que la fidélité aux liens de l'hospitalité et de l'amitié résiste rarement à la mauvaise fortune, car on vit peu de personnes ne pas dénoncer ceux qui étaient venus leur demander un asile. C'est aussi ce qui rend plus dignes de notre admiration et de notre estime les esclaves de Cornutus, qui, ayant caché leur maître dans sa maison, prirent un de ceux qu'on avait tués dans la rue, le pendirent par le cou, lui mirent au doigt un anneau d'or, et le montrèrent aux satellites de Marius; après quoi, l'ensevelissant comme si c'eût été leur maître, ils l'enterrèrent sans que personne se doutât de la supposition. Cornutus, ainsi sauvé par ses esclaves, se retira dans la Gaule.


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Dernière mise à jour : 30/08/2007