[37] Ἤδη δὲ Μιντούρνης πόλεως Ἰταλικῆς ὁδὸν εἴκοσι
σταδίων ἀπέχοντες, ὁρῶσιν ἱππέων ἴλην πρόσωθεν ἐλαύνοντας
ἐπ' αὐτοὺς καὶ κατὰ τύχην ὁλκάδας δύο (2) φερομένας. ὡς οὖν
ἕκαστος ποδῶν εἶχε καὶ ῥώμης, καταδραμόντες ἐπὶ τὴν
θάλασσαν καὶ καταβαλόντες ἑαυτοὺς προσενήχοντο ταῖς
ναυσί· καὶ λαβόμενοι τῆς ἑτέρας οἱ περὶ τὸν Γράνιον
ἀπεπέρασαν εἰς τὴν ἄντικρυς (3) νῆσον· Αἰναρία καλεῖται.
αὐτὸν δὲ Μάριον βαρὺν ὄντα τῷ σώματι καὶ δυσμεταχείριστον
οἰκέται δύο μόλις καὶ χαλεπῶς ὑπὲρ τῆς θαλάττης ἐξάραντες
εἰς τὴν ἑτέραν ἔθεντο ναῦν, ἤδη τῶν ἱππέων ἐφεστώτων καὶ
διακελευομένων ἀπὸ γῆς τοῖς ναύταις κατάγειν τὸ πλοῖον ἢ τὸν
Μάριον ἐκβαλόντας αὐτοὺς ἀποπλεῖν ὅπῃ χρῄζοιεν. (4)
ἱκετεύοντος δὲ τοῦ Μαρίου καὶ δακρύοντος, οἱ κύριοι τῆς
ὁλκάδος ὡς ἐν ὀλίγῳ πολλὰς ἐπ' ἀμφότερα τῆς γνώμης τροπὰς
λαβόντες, ὅμως ἀπεκρίναντο τοῖς ἱππεῦσι (5) μὴ προ<ής>εσθαι
τὸν Μάριον. ἐκείνων δὲ πρὸς ὀργὴν ἀπελασάντων, αὖθις
ἑτέρων γενόμενοι λογισμῶν κατεφέροντο πρὸς τὴν γῆν· καὶ
περὶ τὰς ἐκβολὰς τοῦ Λίριος ποταμοῦ διάχυσιν λιμνώδη
λαμβάνοντος ἀγκύρας βαλόμενοι, παρεκάλουν αὐτὸν ἐκβῆναι
καὶ τροφὴν ἐπὶ γῆς λαβεῖν καὶ τὸ σῶμα θεραπεῦσαι
κεκακωμένον, ἄχρι οὗ (6) φορὰ γένηται· γίγνεσθαι δὲ <περὶ>
τὴν εἰωθυῖαν ὥραν τοῦ πελαγίου μαραινομένου καὶ τῶν ἑλῶν
αὔραν ἀναδιδόντων ἐπιεικῶς διαρκῆ. ταῦτα πεισθεὶς ὁ
Μάριος ἔπραττε· καὶ τῶν ναυτῶν ἐξελομένων αὐτὸν ἐπὶ τὴν
γῆν, κατακλινεὶς ἔν τινι πόᾳ πορρωτάτω τοῦ μέλλοντος εἶχε (8)
τὴν διάνοιαν. οἱ δ' εὐθὺς ἐπιβάντες ἐπὶ τὴν ναῦν καὶ τὰς
ἀγκύρας ἀναλαβόντες ἔφευγον, ὡς οὔτε καλὸν ἐκδοῦναι (9) τὸν
Μάριον αὐτοῖς οὔτε σῴζειν ἀσφαλές. οὕτω δὴ πάντων ἔρημος
ἀπολειφθείς, πολὺν μὲν χρόνον ἄναυδος ἐπὶ τῆς ἀκτῆς ἔκειτο,
μόλις δέ πως ἀναλαβὼν ἑαυτὸν ἐπορεύετο (10) ταλαιπώρως
ἀνοδίαις· καὶ διεξελθὼν ἕλη βαθέα καὶ τάφρους ὕδατος καὶ
πηλοῦ γεμούσας, ἐπιτυγχάνει καλύβῃ λιμνουργοῦ γέροντος, ὃν
περιπεσὼν ἱκέτευε γενέσθαι σωτῆρα καὶ βοηθὸν ἀνδρός, εἰ
διαφύγοι τὰ παρόντα, (11) μείζονας ἐλπίδων ἀμοιβὰς
ἀποδώσοντος. ὁ δ' ἄνθρωπος εἴτε πάλαι γινώσκων, εἴτε πρὸς
τὴν ὄψιν ὡς κρείττονα θαυμάσας, ἀναπαύσασθαι μὲν ἔφη
δεομένῳ τὸ σκηνύδριον ἐξαρκεῖν, εἰ δέ τινας ὑποφεύγων
πλάζοιτο, κρύψειν αὐτὸν (12) ἐν τόπῳ μᾶλλον ἡσυχίαν ἔχοντι.
τοῦ δὲ Μαρίου δεηθέντος τοῦτο ποιεῖν, ἀγαγὼν αὐτὸν εἰς τὸ
ἕλος καὶ πτῆξαι κελεύσας ἐν χωρίῳ κοίλῳ παρὰ τὸν ποταμόν,
ἐπέβαλε τῶν τε καλάμων πολλοὺς καὶ τῆς ἄλλης ἐπιφέρων
ὕλης ὅση κούφη καὶ περιπέσσειν ἀβλαβῶς δυναμένη.
| [37] XXXIX. Ils n'étaient plus qu'à vingt stades de Minturnes,
ville d'Italie, lorsqu'ils aperçurent de loin une troupe de cavaliers qui venaient à eux,
et ils virent en même temps deux barques qui côtoyaient le rivage. Ils coururent de
toutes leurs forces vers la mer; et ayant gagné à la nage les deux barques, ils
montèrent sur l'une, qui était précisément celle de Granius, et passèrent vis-à-vis,
dans l'île d'Enaria. Marius, qui, gros et pesant, ne se remuait qu'avec peine, fut porté
par deux esclaves, qui, le soulevant sur l' eau avec beaucoup d'efforts, le mirent
dans l'autre barque au moment même que les cavaliers, arrivant sur le rivage,
crièrent aux mariniers de ramener la barque à terre, ou de jeter Marius à la mer, et de
continuer ensuite leur route. Marius les ayant conjurés, les larmes aux yeux, de ne
pas le sacrifier à ses ennemis; les maîtres de la barque, après avoir formé en
quelques instants plusieurs résolutions contraires, répondirent enfin qu'ils ne
trahiraient pas Marius. Les cavaliers s'étant retirés en leur faisant des menaces, les
mariniers changèrent de sentiment, et gagnant la terre, ils allèrent mouiller près de
l'embouchure du Liris, dont les eaux, en se répandant hors de leur lit, forment un
marais. Ils conseillèrent à Marius de descendre pour prendre de la nourriture sur le
rivage et réparer ses forces épuisées par la fatigue de la mer, et d'attendre que le vent
devînt favorable; ce qui arrivait toujours à une certaine heure que le vent de mer
venant à s'amortir, il s'élevait du marais un vent frais qui suffisait pour naviguer.
XL. Marius les crut, et suivit leur conseil; ils le descendirent donc sur le rivage, et il
se coucha sur l'herbe, bien éloigné de prévoir ce qui devait lui arriver. Les mariniers,
remontant aussitôt dans leur barque, lèvent les ancres et prennent la fuite; ils
avaient pensé qu'il n'était ni honnête de livrer Marius, ni sûr pour eux de le sauver.
Abandonné ainsi de tout le monde, il resta longtemps couché sur le rivage, sans
proférer une parole. Enfin, reprenant, non sans peine, son courage et ses forces, il prit
des chemins détournés, où il ne marchait qu'avec beaucoup de fatigue. Après avoir
traversé des marais profonds, des fossés pleins d'eau et de boue, il arrive à la cabane
d'un vieillard qui travaillait dans ces marais; il se jette à ses pieds, et le supplie de
sauver et de secourir un homme qui, s'il échappait à son malheur présent, le
récompenserait un jour bien au delà de ses espérances. Le vieillard, soit qu'il connût
depuis longtemps Marius, soit que son air majestueux lui fît juger que c'était un
personnage distingué, lui dit que s'il ne voulait que se reposer, sa cabane lui
suffirait; mais que s'il errait pour fuir ses ennemis, il le cacherait dans un lieu plus
sûr et plus tranquille. Marius l'ayant prié de le faire, cet homme le mena près de la
rivière, dans un endroit creux du marais, où il le fit coucher, et le couvrit de roseaux
et d'autres plantes légères, dont le poids ne pouvait le blesser.
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