[29] Καὶ μάλιστα περὶ τὴν τελευταίαν ἐφθονεῖτο, πολλὰ
συνεξαμαρτάνων τοῖς περὶ τὸν Σατορνῖνον. ὧν ἦν καὶ ὁ Νωνίου
φόνος, ὃν ἀντιπαραγγέλλοντα δημαρχίαν ἀπέσφαξεν ὁ
Σατορνῖνος. εἶτα δημαρχῶν ἐπῆγε τὸν περὶ τῆς χώρας νόμον, ᾧ
προσεγέγραπτο τὴν σύγκλητον ὀμόσαι προσελθοῦσαν, ἦ μὴν
ἐμμενεῖν οἷς ἂν ὁ δῆμος ψηφίσαιτο (3) καὶ πρὸς μηδὲν
ὑπεναντιώσεσθαι. τοῦτο τοῦ νόμου τὸ μέρος προσποιούμενος
ἐν τῇ βουλῇ διώκειν ὁ Μάριος οὐκ ἔφη δέξεσθαι τὸν ὅρκον, οὐδ'
ἄλλον οἴεσθαι σωφρονοῦντα· καὶ γὰρ εἰ μὴ μοχθηρὸς ἦν ὁ
νόμος, ὕβριν εἶναι τὰ τοιαῦτα τὴν βουλὴν διδόναι βιαζομένην,
ἀλλὰ μὴ πειθοῖ μηδ' ἑκοῦσαν. ταῦτα δ' οὐχ οὕτως φρονῶν
ἔλεγεν, ἀλλ' ἀπάτην τῷ (5) Μετέλλῳ περιτιθεὶς ἄφυκτον. αὐτὸς
μὲν γὰρ εἰς ἀρετῆς καὶ δεινότητος μερίδα τὸ ψεύσασθαι
τιθέμενος, λόγον οὐδένα τῶν πρὸς τὴν σύγκλητον
ὡμολογημένων ἕξειν ἔμελλε, τὸν δὲ Μέτελλον εἰδὼς βέβαιον
ἄνδρα καὶ τὴν "ἀλήθειαν ἀρχὴν μεγάλης ἀρετῆς" κατὰ
Πίνδαρον ἡγούμενον, ἐβούλετο τῇ πρὸς τὴν σύγκλητον ἀρνήσει
προληφθέντα καὶ μὴ δεξάμενον τὸν ὅρκον εἰς (6) ἀνήκεστον
ἐμβαλεῖν πρὸς τὸν δῆμον ἔχθραν. ὃ καὶ συνέβη. τοῦ γὰρ
Μετέλλου φήσαντος μὴ ὀμόσειν, τότε μὲν ἡ βουλὴ διελύθη·
μετὰ δ' ἡμέρας ὀλίγας τοῦ Σατορνίνου πρὸς τὸ βῆμα τοὺς
συγκλητικοὺς ἀνακαλουμένου καὶ τὸν ὅρκον ὀμνύειν
ἀναγκάζοντος, ὁ Μάριος παρελθών, γενομένης σιωπῆς καὶ
πάντων εἰς ἐκεῖνον ἀνηρτημένων, μακρὰ χαίρειν φράσας τοῖς
ἐν τῇ βουλῇ νεανιευθεῖσιν ἀπὸ φωνῆς, οὐχ οὕτω πλατὺν ἔφη
φορεῖν τὸν τράχηλον, ὡς προαποφαίνεσθαι καθάπαξ εἰς
πρᾶγμα τηλικοῦτον, ἀλλ' ὀμεῖσθαι καὶ τῷ νόμῳ πειθαρχήσειν,
εἴπερ ἔστι νόμος· καὶ γὰρ τοῦτο προσέθηκε τὸ σοφὸν ὥσπερ
παρακάλυμμα τῆς αἰσχύνης. ὁ μὲν οὖν δῆμος ἡσθεὶς
ὀμόσαντος ἀνεκρότησε καὶ κατευφήμησε, τοὺς δ' ἀρίστους
κατήφεια (8) δεινὴ καὶ μῖσος ἔσχε τοῦ Μαρίου τῆς μεταβολῆς.
ὤμνυσαν οὖν ἅπαντες ἐφεξῆς δεδιότες τὸν δῆμον ἄχρι
Μετέλλου· Μέτελλος δέ, καίπερ ἀντιβολούντων καὶ δεομένων
τῶν φίλων ὀμόσαι καὶ μὴ περιβαλεῖν ἑαυτὸν ἐπιτιμίοις
ἀνηκέστοις, ἃ κατὰ τῶν μὴ ὀμνυόντων ὁ Σατορνῖνος εἰσέφερεν,
οὐχ ὑφήκατο τοῦ φρονήματος οὐδ' ὤμοσεν, ἀλλ' ἐμμένων τῷ
ἤθει καὶ πᾶν παθεῖν δεινὸν ἐπὶ τῷ μηθὲν αἰσχρὸν ἐργάσασθαι
παρεσκευασμένος, ἀπῆλθεν ἐκ τῆς ἀγορᾶς, διαλεγόμενος τοῖς
περὶ αὐτόν, ὡς τὸ κακόν τι πρᾶξαι φαῦλον εἴη, τὸ δὲ καλὸν μέν,
ἀκινδύνως δὲ κοινόν, ἴδιον (9) δ' ἀνδρὸς ἀγαθοῦ τὸ μετὰ
κινδύνων τὰ καλὰ πράσσειν. ἐκ τούτου ψηφίζεται Σατορνῖνος
ἐπικηρύξαι τοὺς ὑπάτους, ὅπως πυρὸς καὶ ὕδατος καὶ στέγης
εἴργηται Μέτελλος· καὶ τὸ φαυλότατον αὐτοῖς τοῦ πλήθους
παρῆν ἕτοιμον (10) ἀποκτιννύναι τὸν ἄνδρα. τῶν δὲ βελτίστων
περιπαθούντων καὶ συντρεχόντων πρὸς τὸν Μέτελλον, οὐκ εἴα
στασιάζειν δι' αὐτόν, ἀλλ' ἀπῆλθεν ἐκ τῆς πόλεως, (11) ἔμφρονι
λογισμῷ χρησάμενος. "ἢ γὰρ ἀμεινόνων" ἔφη "τῶν πραγμάτων
γενομένων καὶ τοῦ δήμου μετανοήσαντος ἀφίξομαι
παρακαλούμενος, ἢ μενόντων ὁμοίων, ἀπηλλάχθαι
κράτιστον." ἀλλὰ γὰρ ὅσης μὲν ἀπέλαυσεν εὐνοίας παρὰ τὴν
φυγὴν καὶ τιμῆς Μέτελλος, ὃν δὲ τρόπον ἐν Ῥόδῳ φιλοσοφῶν
διῃτήθη, βέλτιον ἐν τοῖς περὶ ἐκείνου γραφομένοις εἰρήσεται.
| [29] Mais dans ce dernier il devint l'objet de la haine publique,
en se rendant complice des crimes de Saturninus, et en particulier
du meurtre de Nonnius que ce scélérat massacra de sa main, parce qu'il était son
concurrent au tribunat. Saturninus, devenu tribun, proposa pour le partage des
terres une loi qui portait que le sénat viendrait jurer, dans l'assemblée du peuple, de
ratifier ce que le peuple aurait ordonné, et de ne s'opposer à aucune de ses lois.
Marius feignit, dans le sénat, de désapprouver cet article de la loi, et déclara que ni
lui, ni aucun sénateur qui eût du sens, ne prêterait un pareil serment : « Car, ajouta-t-il,
si la loi proposée n'était pas mauvaise, ce serait faire injure au sénat que de le
forcer par le serment à ce qu'il devrait faire par persuasion et de bonne volonté. » Ce
n'était pas qu'il pensât réellement ce qu'il disait : mais il tendait à Métellus un piége
inévitable. Persuadé que le mensonge faisait partie de la vertu et de l'habileté, il ne
se croyait pas lié par ce qu'il aurait dit dans le sénat; mais sachant que Métellus était
d'un caractère ferme, qu'il pensait, avec Pindare, que la vérité est le fondement de la
vertu parfaite, il voulait le prendre dans ses propres paroles, afin que le refus qu'il
aurait déjà fait dans le sénat, et qu'il répéterait devant l'assemblée, attirât sur lui la
haine implacable du peuple. La chose arriva comme il l'avait espéré : Métellus ayant
refusé le serment, le sénat leva la séance. XXXI. Peu de jours après, Saturninus ayant
appelé les sénateurs à la tribune pour exiger d'eux le serment, Marius se présenta. Il
se fit aussitôt un grand silence, et tous les yeux se fixèrent sur lui. Alors
s'embarrassant fort peu de ce qu'il avait si hardiment avancé dans le sénat, mais à la
vérité, du bout des lèvres, il dit qu'il n'avait pas le cou assez gros pour s'en tenir,
sur une si grande affaire, à ce qu'il avait dit une premiere fois; qu'il jurerait donc et
obéirait à la loi, si toutefois c'était une loi : restriction qu'il ajouta avec adresse,
comme un voile pour cacher sa honte. Dès qu'il eut fait le serment, le peuple ravi de
joie battit des mains et fit entendre les plus vives acclamations; mais les nobles
furent aussi affligés qu'indignés d'un pareil changement. Les sénateurs, qui
craignaient la colère du peuple, jurèrent tous, jusqu'à Métellus. Pour lui, quelques
instances que lui fissent ses amis pour l'engager à faire le serment, et à ne pas
s'exposer aux peines rigoureuses dont Saturninus menaçait ceux qui refuseraient de
le prêter, il ne perdit rien de sa fermeté, et ne jura point. Toujours invariable dans
son caractère, prêt à tout souffrir plutôt que de rien faire de honteux, il sortit de
l'assemblée, et dit à ceux qui l'accompagnaient : « Que faire le plus léger mal était
une lâcheté; que faire le bien quand il n'y avait pas de danger, c'était une disposition
commune; mais que le faire en s'exposant à de grands périls, c'était agir en homme
véritablement vertueux. » Saturninus fit à l'instant même un décret par lequel il était
ordonné aux consuls de faire publier qu'on interdisait à Métellus le feu et l'eau, et
qu'il était défendu à tout citoyen de le recevoir chez lui. La plus vile populace
s'offrait même pour aller le tuer; mais tous les bons citoyens, touchés de l'injustice
qu'on lui faisait, coururent en foule chez lui pour le défendre. Métellus ne voulut pas
être la cause d'une sédition, et prit le sage parti de sortir de Rome : « Ou les affaires,
disait-il, prendront une meilleure tournure, et le peuple se repentira de ce qu'il fait
aujourd'hui, alors il me rappellera lui-même ; ou elles resteront dans le même état, et
dans ce cas il vaut mieux être éloigné. » Le récit des témoignages de bienveillance et
d'estime que Métellus reçut à Rhodes pendant son exil, et de l'application qu'il y
donna à la philosophie, trouvera mieux place dans sa vie, que je me propose d'écrire.
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