HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Plutarque, Vie de Marius

Chapitre 23

  Chapitre 23

[23] δὲ μηθὲν ἐῶσα τῶν μεγάλων εὐτυχημάτων ἄκρατον εἰς ἡδονὴν καὶ καθαρόν, ἀλλὰ μείξει κακῶν καὶ ἀγαθῶν ποικίλλουσα τὸν ἀνθρώπινον βίον, τύχη τις νέμεσις πραγμάτων ἀναγκαία φύσις, οὐ πολλαῖς ὕστερον ἡμέραις ἐπήγαγε τῷ Μαρίῳ τὴν περὶ Κάτλου τοῦ συνάρχοντος ἀγγελίαν, ὥσπερ ἐν εὐδίᾳ καὶ γαλήνῃ νέφος αὖθις ἕτερον φόβον καὶ χειμῶνα τῇ Ῥώμῃ περιστήσασα. (2) γὰρ δὴ Κάτλος ἀντικαθήμενος τοῖς Κίμβροις, τὰς μὲν ὑπερβολὰς τῶν Ἄλπεων ἀπέγνω φυλάσσειν, μὴ κατὰ πολλὰ τὴν δύναμιν μέρη διαιρεῖν ἀναγκαζόμενος ἀσθενὴς γένοιτο, καταβὰς δ' εὐθὺς εἰς τὴν Ἰταλίαν, καὶ τὸν Νατισῶνα ποταμὸν λαβὼν πρὸ αὑτοῦ καὶ φραξάμενος πρὸς τὰς διαβάσεις ἑκατέρωθεν ἰσχυροῖς χαρακώμασιν, ἔζευξε τὸν πόρον, ὡς ἐπιβοηθεῖν εἴη τοῖς πέραν, εἰ πρὸς (3) τὰ φρούρια βιάζοιντο διὰ τῶν στενῶν οἱ βάρβαροι. τοῖς δὲ τοσοῦτον περιῆν ὑπεροψίας καὶ θράσους κατὰ τῶν πολεμίων, ὥστε ῥώμην καὶ τόλμαν ἐπιδεικνύμενοι μᾶλλον πράττοντές τι τῶν ἀναγκαίων, γυμνοὶ μὲν ἠνείχοντο νιφόμενοι καὶ διὰ πάγων καὶ χιόνος βαθείας τοῖς ἄκροις προσέβαινον, ἄνωθεν δὲ τοὺς θυρεοὺς πλατεῖς ὑποτιθέντες τοῖς σώμασιν, εἶτ' ἀφιέντες αὑτούς, ὑπεφέροντο κατὰ κρημνῶν ὀλισθήματα καὶ λισσάδας ἀχανεῖς (4) ἐχόντων. ὡς δὲ παραστρατοπεδεύσαντες ἐγγὺς καὶ κατασκεψάμενοι τὸν πόρον ἤρξαντο χοῦν, καὶ τοὺς πέριξ λόφους ἀναρρηγνύντες, ὥσπερ οἱ γίγαντες, ἅμα δένδρα πρόρριζα καὶ κρημνῶν σπαράγματα καὶ γῆς κολωνοὺς ἐφόρουν εἰς τὸν ποταμόν, ἐκθλίβοντες τὸ ῥεῦμα καὶ τοῖς ἐρείδουσι τὰ ζεύγματα βάθροις ἐφιέντες βάρη μεγάλα, συρόμενα κατὰ ῥοῦν καὶ τινάττοντα ταῖς πληγαῖς τὴν γέφυραν, ἀποδειλιάσαντες οἱ πλεῖστοι τῶν στρατιωτῶν (5) ἐξέλειπον τὸ μέγα στρατόπεδον καὶ ἀνεχώρουν. ἔνθα δὴ Κάτλος ἔδειξεν ἑαυτόν, ὥσπερ χρὴ τὸν ἀγαθὸν καὶ τέλειον ἄρχοντα, τὴν αὑτοῦ δόξαν ἐν ὑστέρῳ τῆς τῶν πολιτῶν τιθέμενον. ἐπεὶ γὰρ οὐκ ἔπειθε τοὺς στρατιώτας μένειν, ἀλλ' ἑώρα περιδεῶς ἀναζευγνύντας, ἄρασθαι κελεύσας τὸν ἀετὸν εἰς τοὺς πρώτους τῶν ἀπερχομένων ὥρμησε δρόμῳ καὶ πρῶτος ἡγεῖτο, βουλόμενος αὑτοῦ τὸ αἰσχρόν, ἀλλὰ μὴ τῆς πατρίδος γενέσθαι, καὶ δοκεῖν μὴ φεύγοντας, ἀλλ' ἑπομένους τῷ στρατηγῷ ποιεῖσθαι τὴν (7) ἀποχώρησιν. οἱ δὲ βάρβαροι τὸ μὲν πέραν τοῦ Νατισῶνος φρούριον ἐπελθόντες ἔλαβον, καὶ τοὺς αὐτόθι Ῥωμαίους ἀνδρῶν κρατίστους γενομένους καὶ προκινδυνεύσαντας ἀξίως τῆς πατρίδος θαυμάσαντες ὑποσπόνδους ἀφῆκαν, ὀμόσαντες τὸν χαλκοῦν ταῦρον, ὃν ὕστερον ἁλόντα μετὰ τὴν μάχην εἰς τὴν Κάτλου φασὶν οἰκίαν ὥσπερ ἀκροθίνιον τῆς νίκης κομισθῆναι. τὴν δὲ χώραν ἔρημον βοηθείας ἐπιχυθέντες ἐπόρθουν. [23] XXIV. Mais la puissance qui ne souffre jamais que la joie des plus grands succès soit pure et sans mélange, qui jette tant de variété dans la vie humaine par des vicissitudes continuelles de bien et de mal, soit qu'on l'appelle fortune, vengeance divine, ou enfin nécessité naturelle des choses humaines, fit arriver peu de jours après, à Marius, de tristes nouvelles de Catulus son collègue, dont le malheur fut pour la ville de Rome un nouveau sujet de terreur, et comme un nuage funeste, une tempête menaçante, au milieu d'un temps calme et serein. Catulus, qu'on avait envoyé pour défendre contre les Cimbres le passage des Alpes, désespérant de garder ces défilés, et craignant, s'il était obligé de diviser son armée en plusieurs corps, qu'elle ne fût trop affaiblie, redescendit en Italie, et, mettant devant lui la rivière d'Atison (L'Adige), il éleva des deux côtés de bons retranchements, afin d'en empêcher le passage, et bâtit un pont qui lui donnât la facilité de couvrir les places qui étaient au delà du fleuve, si les Cimbres, après avoir franchi les détroits, allaient les attaquer. Mais ils méprisaient tellement leurs ennemis, et les insultaient si ouvertement, que sans aucune nécessité, et seulement pour faire parade de leur audace et de leur force, ils s'exposaient tout nus à la neige, grimpaient sur les montagnes, à travers des monceaux de neige et de glace; et parvenus au sommet, ils s'asseyaient sur leurs boucliers, et glissant le long des rochers, ils s'abandonnaient à la rapidité de la pente sur le bord de précipices d'une profondeur effrayante. Quand enfin ils eurent transporté leur camp près de celui des Romains, et qu'ils eurent examiné comment ils pourraient passer la rivière, ils résolurent de la combler. Coupant donc, comme autrefois les géants, les tertres des environs, déracinant les arbres, détachant d'énormes rochers et de grandes masses de terre, ils les roulaient dans le fleuve, pour en resserrer le cours. Ils jetaient en même temps, au-dessus du pont que les Romains avaient construit, des masses d'un grand poids, qui, entraînées par le courant, venaient battre le pont, et en ébranlaient les fondements. La plupart des soldats romains, effrayés d'une pareille entreprise, abandonnèrent le grand camp, et se retirèrent. Catulus se conduisit alors en habile et parfait général, qui préfère à sa propre gloire celle de ses concitoyens. Quand il vit qu'il ne pouvait persuader à ses soldats de rester, et que, cédant à leur frayeur, ils pliaient bagage, il ordonna qu'on levât l'aigle; et courant aux premiers rangs, qui étaient déjà en marche, il se mit à leur tête, aimant mieux que la honte de cette retraite tombât sur lui seul plutôt que sur sa patrie, et que les soldats eussent l'air, non de prendre la fuite, mais de suivre leur général. Les Barbares s'emparèrent du fort que Catulus avait construit au delà du fleuve. Remplis d'admiration pour les soldats romains, qui l'avaient défendu avec la plus grande valeur, et s'étaient exposés si courageusement pour leur patrie, ils les laissèrent aller à des conditions honorables, dont ils convinrent en jurant sur leur taureau d'airain. On dit que ce taureau fut pris après la bataille, et porté dans la maison de Catulus, comme les prémices de sa victoire. Les Barbares trouvant le pays sans défense, firent partout un horrible dégât.


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Dernière mise à jour : 30/08/2007