[13] Ἐν δὲ τῇ στρατείᾳ τὴν δύναμιν διεπόνει καθ' ὁδόν,
ἐξασκῶν δρόμοις τε παντοδαποῖς καὶ μακραῖς ὁδοιπορίαις,
ἑαυτῷ δ' <ἕκαστον> ἀχθοφορεῖν ἀναγκάζων καὶ αὐτουργεῖν τὰ
πρὸς τὴν δίαιταν, ὥστε καὶ μετὰ ταῦτα τοὺς φιλοπόνους καὶ
σιωπῇ μετ' εὐκολίας τὰ προστασσόμενα (2) ποιοῦντας ἡμιόνους
Μαριανοὺς καλεῖσθαι. καίτοι τινὲς αἰτίαν ἑτέραν τοῦ λόγου
τούτου νομίζουσι. Σκιπίωνος γὰρ ὅτε Νομαντίαν ἐπολιόρκει
βουληθέντος ἐπιδεῖν μὴ μόνον τὰ ὅπλα μηδὲ τοὺς ἵππους, ἀλλὰ
καὶ τοὺς ὀρεῖς καὶ τὰς ἁμάξας, ὅπως ἑκάστοις ἐξησκημένα καὶ
παρεσκευασμένα τυγχάνοι, προαγαγεῖν τὸν Μάριον ἵππον τε
κάλλιστα τεθραμμένον ὑπ' αὐτοῦ καὶ ἡμίονον εὐεξίᾳ καὶ (3)
λιπαρότητι καὶ ῥώμῃ διαφέροντα πολὺ τῶν ἄλλων· ἡσθέντος
οὖν τοῦ στρατηγοῦ τοῖς τοῦ Μαρίου θρέμμασι καὶ πολλάκις
αὐτῶν μνησθέντος, οὕτως ἄρα τοὺς σκώπτοντας ἐν ἐπαίνῳ τὸν
ἐνδελεχῆ καὶ τλήμονα καὶ φιλόπονον Μαριανὸν ἡμίονον
προσαγορεύειν.
| [13] Quand il partit pour son expédition, il exerça ses troupes jusque
dans leur marche; il les accoutuma à faire toutes sortes de courses, et des traites fort
longues; il les obligea de porter leur bagage, et de préparer eux-mêmes leur
nourriture : aussi, longtemps après, les soldats qui aimaient le travail, et exécutaient
paisiblement et en silence tout ce qu'on leur ordonnait, étaient-ils appelés les mulets
de Marius. D'autres, il est vrai, donnent une origine différente à ce proverbe; ils
disent qu'au siége de Numance, Scipion ayant voulu visiter non seulement les
armes et les chevaux de ses soldats, mais encore leurs chariots et leurs mulets, pour
voir si chacun les tenait en bon état et toujours prêts à servir, Marius amena son
cheval qu'il pansait lui-même, et qui était très bien tenu, ainsi que son mulet, qui, par
son embonpoint, sa force et sa douceur, effaçait tous les autres mulets de l'armée. Le
général, charmé de l'état où il voyait les bêtes de service de Marius, et en ayant
depuis souvent parlé, il passa en proverbe de dire, pour louer avec raillerie un
homme laborieux, assidu et patient au travail, que c'était un mulet de Marius.
|