[6,5] ΠΡΟΒΛΗΜΑ Ε
Διὰ τίν´ αἰτίαν οἱ χάλικες καὶ αἱ μολιβδίδες ἐμβαλλόμεναι
ψυχρότερον τὸ ὕδωρ ποιοῦσιν
’Ἀλλὰ μὴν περὶ τῶν χαλίκων‘ ἔφην ’ἢ τῶν ἀκμόνων,
οὓς ἐμβάλλοντες εἰς τὸ ὕδωρ ψύχειν αὐτὸ καὶ στομοῦν
δοκοῦσιν, εἰρημένον Ἀριστοτέλει (fr. 213) μνημονεύεις;‘
’αὐτὸ τοῦτ´‘ ἔφη ’μόνον ἐν προβλήμασιν εἴρηκε
τὸ γινόμενον· εἰς δὲ τὴν αἰτίαν ἐπιχειρήσομεν ἡμεῖς· ἔστι
γὰρ μάλιστα δυσθεώρητος.‘ ’πάνυ μὲν οὖν‘ ἔφην, ’καὶ
θαυμάσαιμ´ ἄν, εἰ μὴ διαφύγοι ὁ λόγος ἡμᾶς· ὅρα δ´ ὅμως.
πρῶτον οὐ δοκεῖ σοι περιψύχεσθαι μὲν ὑπὸ τοῦ ἀέρος
τὸ ὕδωρ ἔξωθεν ἐμπίπτοντος, | ὁ δ´ ἀὴρ μᾶλλον ἰσχύειν
πρὸς τοὺς λίθους καὶ τοὺς ἄκμονας ἀπερειδόμενος; οὐ
γὰρ ἐῶσιν αὐτόν, ὥσπερ τὰ χαλκᾶ καὶ τὰ κεραμεᾶ τῶν
ἀγγείων, διεκπίπτειν, ἀλλὰ τῇ πυκνότητι στέγοντες ἀνακλῶσιν
εἰς τὸ ὕδωρ ἀπ´ αὐτῶν, ὥστε δι´ ὅλου καὶ ἰσχυρὰν
γίνεσθαι τὴν περίψυξιν. διὸ καὶ χειμῶνος οἱ ποταμοὶ
ψυχρότεροι γίνονται τῆς θαλάττης· ἰσχύει γὰρ ἐν αὐτοῖς
ὁ ψυχρὸς ἀὴρ ἀνακλώμενος, ἐν δὲ τῇ θαλάττῃ διὰ βάθος
ἐκλύεται πρὸς μηθὲν ἀντερείδων. κατ´ ἄλλον δὲ τρόπον
εἰκός ἐστι τὰ λεπτότερα τῶν ὑδάτων περιψύχεσθαι
μᾶλλον {ἢ} ὑπὸ τοῦ ψυχροῦ· κρατεῖται γὰρ δι´ ἀσθένειαν.
αἱ δ´ ἀκόναι καὶ οἱ χάλικες λεπτύνουσι τὸ ὕδωρ, ὅ τι θολερὸν
καὶ γεῶδες ἀναμέμικται, τοῦτο συνάγοντες καὶ κατασπῶντες
ἀπ´ αὐτοῦ, ὥστε λεπτότερον καὶ ἀσθενέστερον
τὸ ὕδωρ γενόμενον μᾶλλον ὑπὸ περιψύξεως κρατεῖσθαι.
καὶ μὴν ὅ τε μόλιβδος τῶν φύσει ψυχρῶν ἐστιν, ὅς γε
τριβόμενος ὄξει τὸ ψυκτικώτατον τῶν θανασίμων φαρμάκων
ἐξανίησι ψιμύθιον· οἵ τε χάλικες πυκνότητι τὸ
ψυχρὸν διὰ βάθους ποιοῦσιν· πᾶς μὲν γὰρ λίθος κατεψυγμένης
καὶ πεπιλημένης ὑπὸ κρύους γῆς πάγος ἐστίν,
μᾶλλον δ´ ὁ μᾶλλον πεπυκνωμένος· ὥστ´ οὐκ ἄτοπον, εἰ
τὴν ψυχρότητα τοῦ ὕδατος ἀντερείδων συνεπιτείνει καὶ
ὁ λίθος καὶ ὁ μόλιβδος.‘
| [6,5] QUESTION V :
Pourquoi les petits cailloux et les balles de plomb que l'on jette
dans l'eau la rendent plus froide.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
UN HÔTE — PLUTARQUE — AUTRES ASSISTANTS.
1. — "Du reste, continuai-je, les petits cailloux et les
résidus de plomb que l'on jette dans l'eau passent pour en
augmenter la froideur et la densité. Aristote en a fait mention :
vous souvenez-vous du passage? » — Il s'est borné,
dit notre hôte, à constater le fait dans ses problèmes; mais
nous essayerons, nous autres, à en expliquer la cause, bien
qu'elle soit difficile à comprendre. » — « C'est vrai, répondis-je,
et je m'étonnerai si elle ne continue pas à nous
échapper. Voyons, pourtant. D'abord, ne vous semble-t-il
pas que l'eau soit refroidie par l'air qui pénètre en elle du
dehors? Cet air conserve plus de force, venant s'appuyer sur
les pierres et sur les plaques de fonte. Celles-ci ne le laissent
pas s'échapper comme le feraient des vases de cuivre
ou d'argile; mais par leur solidité elles le soutiennent, et
le repoussent de leur surface vers les parties supérieures :
de sorte que le refroidissement s'opère sur tout le volume
d'eau, et cela d'une manière plus énergique. C'est pourquoi
aussi pendant l'hiver les rivières sont plus froides que
la mer, attendu que l'air froid agit sur elles avec plus de
force, repoussé qu'il est par le fond de leur lit; au lieu que
dans la mer, à cause de la profondeur, cet air n'a plus de ressort,
ne rencontrant rien qui lui oppose une force répulsive.
Il y a encore une autre raison, qui ne manque pas de
vraisemblance, pour expliquer que sur les eaux légères le
froid agit plus aisément : c'est qu'il en devient le maître à
cause de leur ténuité même. Or les cailloux et les autres
corps analogues rendent l'eau plus légère, en amassant et
en attirant à eux toutes les parties de limon et de terre dont
elle est chargée. Ainsi, devenant plus délié et moins fort,
le liquide cède avec plus de rapidité au refroidissement. Le
plomb est au nombre des corps naturellement froids : du
moins, combiné avec le vinaigre, il donne la céruse, qui
est le plus froid des poisons mortels. D'un autre côté les
cailloux, à raison de leur densité, opèrent le refroidissement
jusqu'au fond de l'eau : car toute pierre est le résultat
de la solidification d'une terre refroidie et resserrée
par de la gelée; et davantage encore se pétrifie la terre
dont les parties ont éprouvé une plus grande cohésion.
Il n'est donc pas absurde de croire qu'en repoussant la froideur
pour eux-mêmes, le plomb et la pierre en augmentent
l'intensité pour l'eau. »
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