[6,6] ΠΡΟΒΛΗΜΑ
Διὰ τίν´ αἰτίαν ἀχύροις καὶ ἱματίοις τὴν χιόνα διαφυλάττουσι
Μικρὸν οὖν ὁ ξένος διαλιπών ’οἱ ἐρῶντες‘ ἔφη
’μάλιστα μὲν αὐτοῖς τοῖς παιδικοῖς, εἰ δὲ μή, περὶ αὐτῶν
ἐπιθυμοῦσι διαλέγεσθαι· τοῦτο πέπονθα περὶ τῆς χιόνος.
ἐπεὶ γὰρ οὐ πάρεστιν οὐδ´ ἔχομεν, ἐπιθυμῶ μαθεῖν, τίς
αἰτία δι´ ἣν ὑπὸ τῶν θερμοτάτων φυλάσσεται. καὶ γὰρ
ἀχύροις σπαργανοῦντες αὐτὴν καὶ περιστέλλοντες ἱματίοις
ἀγνάπτοις ἐπὶ πολὺν χρόνον ἄπταιστον διατηροῦσιν.
θαυμαστὸν οὖν, εἰ συνεκτικὰ τὰ θερμότατα τῶν ψυχροτάτων ἐστί.‘
’Κομιδῇ γ´‘ ἔφην, ’εἴπερ ἀληθές ἐστιν· οὐκ ἔχει
δ´ οὕτως, ἀλλ´ αὑτοὺς παραλογιζόμεθα, θερμὸν εὐθὺς
εἶναι τὸ θερμαῖνον ὑπολαμβάνοντες· καὶ ταῦθ´ ὁρῶντες
ὅτι ταὐτὸν ἱμάτιον ἐν χειμῶνι θερμαίνειν ἐν δ´ ἡλίῳ
ψύχειν γέγονεν· ὥσπερ ἡ τραγικὴ τροφὸς ἐκείνη τὰ τῆς
Νιόβης τέκνα τιθηνεῖται
‘λεπτοσπαθήτων χλανιδίων ἐρειπίοις
θάλπουσα καὶ ψύχουσα.’
Γερμανοὶ μὲν οὖν κρύους πρόβλημα ποιοῦνται τὴν ἐσθῆτα
μόνον, Αἰθίοπες δὲ θάλπους μόνον, ἡμεῖς δ´ ἀμφοῖν.
ὥστε τί μᾶλλον, εἰ θάλπει, θερμὴν ἢ ψυχρὰν ἀπὸ τοῦ
περιψύχειν λεκτέον; εἰ δὲ δεῖ τῇ αἰσθήσει τεκμαίρεσθαι,
μᾶλλον ἂν ψυχρὰ γένοιτο· καὶ γὰρ ὁ χιτὼν
ψυχρὸς ἡμῖν προσπίπτει τὸ πρῶτον ἐνδυσαμένοις καὶ τὰ
στρώματα κατακλινεῖσιν· εἶτα μέντοι συναλεαίνει τῆς
ἀφ´ ἡμῶν πιπλάμενα θερμασίας καὶ ἅμα μὲν περιστέλλοντα
καὶ κατέχοντα τὸ θερμὸν ἅμα δ´ ἀπείργοντα τὸ
κρύος καὶ τὸν ἔξωθεν ἀέρα τοῦ σώματος. οἱ μὲν οὖν
πυρέττοντες ἢ καυματιζόμενοι συνεχῶς ἀλλάττουσι τὰ
ἱμάτια τῷ ψυχρὸν εἶναι τὸ ἐπιβαλλόμενον, ἂν δ´ ἐπιβληθῇ,
παραχρῆμα γίνεσθαι θερμὸν ὑπὸ τοῦ σώματος. ὥσπερ
οὖν ἡμᾶς θερμαινόμενον θερμαίνει τὸ ἱμάτιον, οὕτως τὴν
χιόνα ψυχόμενον ἀντιπεριψύχει· ψύχεται δ´ ὑπ´ αὐτῆς
ἀφιείσης πνεῦμα λεπτόν· τοῦτο γὰρ συνέχει τὴν πῆξιν
αὐτῆς ἐγκατακεκλεισμένον· ἀπελθόντος δὲ τοῦ πνεύματος,
ὕδωρ οὖσα ῥεῖ καὶ διατήκεται, καὶ ἀπανθεῖ τὸ λευκὸν
ὅπερ ἡ τοῦ πνεύματος πρὸς τὸ ὑγρὸν ἀνάμιξις ἀφρώδης
γενομένη παρεῖχεν· ἅμα τ´ οὖν τὸ ψυχρὸν ἐγκατέχεται
περιστεγόμενον τῷ ἱματίῳ, καὶ ὁ ἔξωθεν ἀὴρ ἀπειργόμενος
| οὐ τέμνει τὸν πάγον οὐδ´ ἀνίησιν. ἀγνάπτοις δὲ
τούτοις - - - πρὸς τοῦτο διὰ τὴν τραχύτητα καὶ ξηρότητα
τῆς κροκύδος οὐκ ἐώσης ἐπιπεσεῖν βαρὺ τὸ ἱμάτιον οὐδὲ
συνθλῖψαι τὴν χαυνότητα τῆς χιόνος· ὥσπερ καὶ τὸ ἄχυρον
διὰ κουφότητα μαλακῶς περιπῖπτον οὐ θρύπτει τὸν πάγον,
ἄλλως δὲ πυκνόν ἐστι καὶ στεγανόν, ὥστε καὶ τὴν
θερμότητα τοῦ ἀέρος ἀπείργειν καὶ τὴν ψυχρότητα κωλύειν
ἀπιέναι τῆς χιόνος. ὅτι δ´ ἡ τοῦ πνεύματος διάκρισις
ἐμποιεῖ τὴν τῆξιν, ἐμφανές ἐστι τῇ αἰσθήσει· τηκομένη
γὰρ ἡ χιὼν πνεῦμα ποιεῖ.‘ | [6,6] QUESTION VI :
Pourquoi la neige se conserve dans la paille et dans les habillements.
PERSONNAGES DU DIALOGUE :
UN HÔTE — PLUTARQUE — AUTRES ASSISTANTS.
1. Après une pause de quelques instants notre hôte reprit
la parole : « Les amoureux désirent par-dessus tout causer
avec leurs mignons, ou, pour le moins, causer d'eux. Moi,
j'ai le même faible pour la neige. Puisqu'il n'y en a pas ici
et que nous ne pouvons pas nous en procurer, je désire savoir
par quelle raison les substances les plus chaudes sont celles
qui la conservent. Quand on emmaillotte la neige dans de
la paille, ou qu'on l'entoure d'étoffes non encore passées
au foulon, elle se garde longtemps sans se fondre. Or il
est étonnant que ce qui est fort chaud puisse maintenir et
conserver ce qu'il y a de plus froid. »
2. — « Ce serait, en effet, une chose étonnante, répondis-je,
si le fait était véritable; mais il n'en est point ainsi.
C'est nous qui prenons le change, en voulant que ce qui
échauffe soit incontinent chaud. Et pourtant, nous voyons
que le même vêtement nous réchauffe en hiver et nous tient
frais en été : comme cette nourrice qui, dans la tragédie,
allaite les enfants de Niobé, et
"Avec un pan de la plus mince étoffe
Les réchauffe et les refroidit".
Les Germains n'usent d'habillements que pour repousser le
froid; les Éthiopiens, que pour se défendre du chaud; et
nous, pour nous garantir de l'un et de l'autre. De sorte qu'il
y a lieu de se demander s'il faut dire que les habits sont
chauds puisqu'ils réchauffent, plutôt que de dire qu'ils sont
froids puisqu'ils rafraîchissent. A en juger par l'impression
ressentie, ils seraient plutôt froids. Au premier moment que
nous mettons notre chemise, nous sentons le froid nous
tomber sur les épaules. Il en est de même de nos draps,
quand nous entrons dans le lit. Ensuite cependant chemise
et draps servent à réchauffer lorsqu'ils sont remplis de la
chaleur qui sort de nous; et en même temps qu'ils concentrent
cette chaleur et la retiennent, ils empêchent le froid
et l'air extérieur d'atteindre jusqu'a notre corps. Voilà pourquoi
ceux qui ont la fièvre ou qui ont très chaud, changent
de vêtement sans discontinuer, parce que celui dont
ils se couvrent leur cause d'abord une sensation fraîche,
mais les échauffe bientôt à cause de l'ardeur de leur corps.
« De même donc que le vêtement que nous avons réchauffé
nous tient chaud, de même l'étoffe qu'a refroidie
la neige conserve à son tour à celle-ci sa fraîcheur. L'étoffe
est refroidie par un esprit léger qui émane de la neige,
et qui, tant qu'il est renfermé en elle, la maintient en état
de concrétion. Lorsque cet esprit est une fois évaporé, la
neige, qui est de l'eau, coule et se fond. Elle perd l'éclatante
blancheur qui provenait de la combinaison de cet esprit
avec les parties aqueuses et qui en faisait une sorte
d'écume. Ainsi donc, en même temps que le froid est retenu
et enveloppé dans l'étoffe, l'air extérieur est écarté de la
neige, et ne peut en entamer et en dissoudre la congélation.
C'est l'effet que produisent des draps non passés au foulon.
La rudesse et la sécheresse de la trame empêchent que l'étoffe
ne pèse lourdement sur la neige et n'en affaisse les
molécules si délicates. C'est ainsi, pareillement, que la
paille, en raison de sa légèreté, ne pose sur la neige que
très doucement et n'en rompt pas la cohésion. D'un autre
côté, la paille est assez jointe et assez serrée pour empêcher
que la chaleur de l'air ambiant ne pénètre et que les esprits
froids de la neige ne s'évaporent. Or, que ce soit l'évaporation
de ces esprits qui détermine la fonte, c'est ce qui est
démontré à nos sens eux-mêmes, puisque la neige, lorsqu'elle
commence à se fondre, produit du vent."
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