[1,876] (876a) Ἁμαρτάνει δ´ οὗτος μὴ λέγων τί ἐστι τὸ ἄπειρον, πότερον ἀήρ ἐστιν ἢ
ὕδωρ ἢ γῆ ἢ ἄλλα τινὰ σώματα. Ἁμαρτάνει οὖν τὴν μὲν ὕλην ἀποφαινόμενος τὸ
δὲ ποιοῦν αἴτιον ἀναιρῶν· τὸ γὰρ ἄπειρον οὐδὲν ἄλλο ἢ ὕλη ἐστίν· οὐ
δύναται δ´ ἡ ὕλη εἶναι ἐνεργείᾳ, ἂν μὴ τὸ ποιοῦν ὑποκέηται.
Ἀναξιμένης δ´ ὁ Μιλήσιος ἀρχὴν τῶν ὄντων ἀέρα ἀπεφήνατο· ἐκ γὰρ τούτου τὰ
πάντα γίνεσθαι καὶ εἰς αὐτὸν πάλιν ἀναλύεσθαι, οἷον
« Ἡ ψυχή » φησίν « ἡ ἡμετέρα ἀὴρ οὖσα συγκρατεῖ ἡμᾶς, καὶ ὅλον τὸν κόσμον
πνεῦμα καὶ ἀὴρ περιέχει· »
(876b) λέγεται δὲ συνωνύμως ἀὴρ καὶ πνεῦμα. Ἁμαρτάνει δὲ καὶ οὗτος ἐξ
ἁπλοῦ καὶ μονοειδοῦς ἀέρος καὶ πνεύματος δοκῶν συνεστάναι τὰ ζῷα· ἀδύνατον
γὰρ ἀρχὴν μίαν τὴν ὕλην τῶν ὄντων, ἐξ ἧς τὰ πάντα, ὑποστῆναι· ἀλλὰ καὶ τὸ
ποιοῦν αἴτιον χρὴ ὑποτιθέναι· οἷον ἄργυρος οὐκ ἀρκεῖ πρὸς τὸ ἔκπωμα
γενέσθαι, ἂν μὴ καὶ τὸ ποιοῦν ᾖ, τουτέστιν ὁ ἀργυροκόπος· ὁμοίως καὶ ἐπὶ
τοῦ χαλκοῦ καὶ τοῦ ξύλου καὶ τῆς ἄλλης ὕλης.
Ἀναξαγόρας ὁ Κλαζομένιος ἀρχὰς τῶν ὄντων τὰς ὁμοιομερείας ἀπεφήνατο·
ἐδόκει γὰρ αὐτῷ ἀπορώτατον εἶναι, πῶς ἐκ τοῦ μὴ ὄντος δύναταί τι γίνεσθαι
ἢ φθείρεσθαι (876c) εἰς τὸ μὴ ὄν· τροφὴν γοῦν προσφερόμεθα ἁπλῆν καὶ
μονοειδῆ, οἷον τὸν « Δημήτριον ἄρτον, τὸ ὕδωρ πίνοντες· καὶ ἐκ ταύτης τῆς
τροφῆς τρέφεται θρὶξ φλὲψ ἀρτηρία νεῦρα ὀστᾶ καὶ τὰ λοιπὰ μόρια. Τούτων
οὖν γινομένων ὁμολογητέον ἐστὶν ὅτι ἐν τῇ τροφῇ τῇ προσφερομένῃ πάντα ἐστὶ
τὰ ὄντα καὶ ἐκ τῶν ὄντων πάντα αὔξεται καὶ ἐν ἐκείνῃ ἐστὶ τῇ τροφῇ μόρια
αἵματος γεννητικὰ καὶ νεύρων καὶ ὀστέων καὶ τῶν ἄλλων· ἃ ἦν λόγῳ θεωρητὰ
μόρια. Οὐ γὰρ δεῖ πάντα ἐπὶ τὴν αἴσθησιν ἀνάγειν, ὅτι (876d) ἄρτος καὶ τὸ
ὕδωρ ταῦτα κατασκευάζει, ἀλλ´ ἐν τούτοις ἔστι λόγῳ θεωρητὰ μόρια. Ἀπὸ τοῦ
οὖν ὅμοια τὰ μέρη εἶναι ἐν τῇ τροφῇ τοῖς γεννωμένοις ὁμοιομερείας αὐτὰς
ἐκάλεσε καὶ ἀρχὰς τῶν ὄντων ἀπεφήνατο· καὶ τὰς μὲν ὁμοιομερείας ὕλην, τὸ
δὲ ποιοῦν αἴτιον τὸν νοῦν τὸν τὰ πάντα διαταξάμενον. Ἄρχεται δ´ οὕτως
« Ὁμοῦ πάντα χρήματα ἦν, νοῦς δ´ αὐτὰ διῄρηκε καὶ διακεκόσμηκε »
χρήματα λέγων τὰ πράγματα. Ἀποδεκτέος οὖν ἐστιν, ὅτι τῇ ὕλῃ τὸν τεχνίτην
προσέζευξεν.
Ἀρχέλαος Ἀπολλοδώρου Ἀθηναῖος ἀέρα ἄπειρον καὶ τὴν - - - τὴν περὶ αὐτὸν
πυκνότητα καὶ μάνωσιν· τού των δὲ τὸ μὲν εἶναι πῦρ τὸ δ´ ὕδωρ. (876e)
Οὗτοι μὲν οὖν ἐφεξῆς ἀλλήλοις ταῖς διαδοχαῖς γενόμενοι τὴν λεχθεῖσαν
Ἰωνικὴν συμπληροῦσι φιλοσοφίαν ἀπὸ Θάλητος.
Πάλιν δ´ ἀπ´ ἄλλης ἀρχῆς Πυθαγόρας Μνησάρχου Σάμιος, ὁ πρῶτος φιλοσοφίαν
τούτῳ τῷ ῥήματι προσαγορεύσας, ἀρχὰς τοὺς ἀριθμοὺς καὶ τὰς συμμετρίας τὰς
ἐν τούτοις, ἃς καὶ ἁρμονίας καλεῖ, τὰ δ´ ἐξ ἀμφοτέρων σύνθετα στοιχεῖα,
καλούμενα δὲ γεωμετρικά· πάλιν δὲ τὴν μονάδα καὶ τὴν ἀόριστον δυάδα ἐν
ταῖς ἀρχαῖς. (876f) Σπεύδει δ´ αὐτῷ τῶν ἀρχῶν ἡ μὲν ἐπὶ τὸ ποιητικὸν
αἴτιον καὶ εἰδικόν, ὅπερ ἐστὶ νοῦς ὁ θεός, ἡ δ´ ἐπὶ τὸ παθητικόν τε καὶ
ὑλικόν, ὅπερ ἐστὶν ὁ ὁρατὸς κόσμος. Εἶναι δὲ τὴν φύσιν τοῦ ἀριθμοῦ δεκάδα·
« μέχρι γὰρ τῶν δέκα πάντες Ἕλληνες, πάντες βάρβαροι ἀριθμοῦσιν, ἐφ´ ἃ
ἐλθόντες πάλιν ἀναποδίζουσιν ἐπὶ τὴν μονάδα· καὶ τῶν δέκα πάλιν, φησίν,
ἡ δύναμίς ἐστιν ἐν τοῖς τέσσαρσι καὶ τῇ τετράδι· τὸ δ´ αἴτιον, εἴ τις ἀπὸ
τῆς μονάδος {ἀναποδῶν} κατὰ πρόσθεσιν τιθείη τοὺς ἀριθμούς, ἄχρι τῶν
τεσσάρων προελθὼν ἐκπληρώσει τὸν δέκα ἀριθμόν·
| [1,876] (876a) Mais un défaut de ce philosophe, c'est qu'il n'explique pas ce que c'est
que son infini, si c'est de l'air, de l'eau, de la terre ou quelque autre corps de cette
espèce. Son système pèche en ce qu'il n'assigne qu'une cause matérielle et
qu'il ôte toute cause efficiente; car cet infini n'est autre chose que la
matière, et la matière ne peut rien produire s'il ne s'y joint une cause efficiente.
Anaximène, aussi de Milet, a dit que l'air est le principe de tout ce qui
existe ; que tous les êtres sont faits d'air et qu'ils se résolvent en air.
« Ainsi, dit-il, notre âme, qui est composée d'air, nous soutient et nous
conserve, et le monde entier est contenu par l'air et l'esprit ; »
(876b) car ces deux mots sont synonymes. Mais il se trompe en croyant que
les animaux sont composés d'un air et d'un esprit simple et uniforme. Il
est impossible que la matière seule soit le principe de tous les êtres ;
il faut y joindre une cause efficiente. Ainsi l'argent seul ne suffit pas
pour faire une coupe s'il n'y a une cause efficiente, c'est-à-dire un
orfèvre. Il faut en dire autant de l'airain, du bois ou de toute autre matière.
Anaxagore de Clazomène a admis des homéoméries pour principe de
toutes choses. Il lui paraissait impossible d'expliquer autrement comment
ce qui n'est point peut donner l'existence à quelque chose, ou ce qui
existe (876c) se réduire au néant. Nous prenons, disait-il, une nourriture
simple et uniforme, comme du pain et de l'eau ; et cette nourriture donne
de l'aliment à nos cheveux, à nos veines, à nos artères, à nos nerfs, à
nos os et à toutes les autres parties de notre corps. D'après cela, il
faut reconnaître que cette nourriture contient des substances de toute
espèce, qui donnent l'accroissement à tous les corps; que par conséquent
elle renferme des parties propres à produire du sang, des nerfs, des os et
toutes les autres substances que la raison nous fait apercevoir en nous.
Car il ne faut pas tout borner aux parties sensibles qui sont formées
(876d) par le pain et l'eau : il y en a qui ne sont connues que par
l'intelligence. Comme il y a donc dans les aliments des parties semblables
à celles qui sont produites dans nos corps, il les a appelées homéoméries,
et en a fait les principes de tous les êtres. Ces parties similaires sont
la matière d'où les corps sont tirés, et l'intelligence suprême, qui donne
à tout l'ordre convenable, est la cause efficiente. Voici comment il débute dans
l'exposition de son système : Toutes choses étaient dans un état de confusion ;
l'intelligence les a divisées et les a mises en ordre. Par ces mots, toutes choses, il
entend les êtres qui ont été formés. Anaxagore a eu raison de joindre à la
matière une intelligence qui l'a mise en ordre.
Archélaüs d'Athènes, fils d'Apollodore, disait que l'air infini, sa
condensation et sa raréfaction sont les principes des êtres ; que, de ces
deux dernières propriétés, la première produisait l'eau, et la seconde, le
feu. (876e) Tels sont les philosophes qui, depuis Thalès, se sont succédé
dans l'école ionique.
Pythagore de Samos, fils de Mnésarque, qui, le premier, donna le nom de
philosophie à l'objet de ses études, fonda une nouvelle école. Il assigne
pour principe des êtres les nombres et leurs proportions, qu'il appelle
harmonies, avec les éléments composés de ces deux principes, et qu'on
nomme géométriques. Il compte encore au nombre des principes la monade et
la dyade, qui est indéfinie. (876f) Le premier de ces principes se
rapporte à la cause efficiente et formelle, qui est la substance
intelligente ou Dieu ; et le second, à la cause matérielle et passible,
qui est ce monde visible. Il dit que toute la nature des nombres est
comprise dans la dizaine ; car tous les peuples grecs et barbares comptent
jusqu'à dix, après quoi ils recommencent par l'unité. Il dit encore que le
nombre dix est éminemment renfermé dans le nombre quatre,
parce qu'en commençant par un et prenant les quatre
premiers nombres séparément, on complète le nombre dix ; et si l'on va
plus loin que quatre, on passe aussi le nombre dix.
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