| [1,875] (875a) Ζητεῖται πάλιν πῶς βιοτεύειν καὶ πῶς προΐστασθαι τέκνων προσήκει 
καὶ πῶς ἄρχειν καὶ πῶς νομοθετεῖν· ταῦτα γὰρ πάντα ἕνεκα τοῦ πρᾶξαι 
ζητεῖται· καὶ ἔστιν ὁ τοιοῦτος πρακτικὸς ἀνήρ.
αʹ. Τί ἐστι φύσις.
Ἐπειδὴ πρόκειται ἡμῖν τὰ φυσικὰ θεωρῆσαι, ἀναγκαῖον ἡγοῦμαι δηλῶσαι, τί 
ποτ´ ἐστὶν ἡ φύσις· ἄτοπον γὰρ πειρᾶσθαι μὲν φυσιολογεῖν, ἀγνοεῖν δ´ αὐτὸ 
τοῦτο, τὴν τῆς φύσεως δύναμιν. (875b) Ἔστιν οὖν κατὰ τὸν Ἀριστοτέλην φύσις 
ἀρχὴ κινήσεως καὶ ἠρεμίας, ἐν ᾧ πρώτως ἐστὶ καὶ οὐ κατὰ συμβεβηκός· πάντα 
γὰρ τὰ ὁρώμενα, ὅσα μήτε ὑπὸ τύχης μήτε ὑπ´ ἀνάγκης μήτ´ ἐστὶ θεῖα μήτε 
τοιαύτην αἰτίαν ἔχει, φυσικὰ λέγεται καὶ φύσιν ἔχει ἰδίαν· οἷον γῆ πῦρ 
ὕδωρ ἀὴρ φυτὰ ζῷα· ἔτι δὲ ταῦτα τὰ γινόμενα, ὄμβροι χάλαζαι κεραυνοὶ 
πρηστῆρες ἄνεμοι· ταῦτα γὰρ ἔχει ἀρχήν τινα· οὐ γὰρ ἐξ αἰῶνος ἕκαστον 
τούτων ἐστὶν ἀλλ´ ἀπό τινος ἀρχῆς γίνεται· καὶ ταῦτα μέντοι, οἷον ζῷα 
φυτά, ἀρχὴν γενέσεως ἔχει· ἐν δὴ τούτοις ἡ φύσις ἀρχὴ τὸ πρῶτόν ἐστι καὶ 
οὐ μόνον κινήσεως ἀλλὰ καὶ ἠρεμίας· (875c) ὅσα γὰρ
ἀρχὴν κινήσεως ἔλαβε, ταῦτα δύναται λαβεῖν καὶ τελευτήν. Διὰ τοῦτο οὖν ἡ 
φύσις ἀρχὴ κινήσεώς ἐστι καὶ ἠρεμίας.
βʹ. Τίνι διαφέρει ἀρχὴ καὶ στοιχεῖα.
Οἱ μὲν οὖν περὶ Ἀριστοτέλην καὶ Πλάτωνα διαφέρειν ἡγοῦνται ἀρχὴν καὶ 
στοιχεῖα, Θαλῆς δ´ ὁ Μιλήσιος ταὐτὸν νομίζει ἀρχὴν καὶ στοιχεῖα. Πλεῖστον 
δ´ ὅσον διαφέρει ἀλλήλων· τὰ μὲν γὰρ στοιχεῖά ἐστι σύνθετα, τὰς δ´ ἀρχάς 
φαμεν εἶναι οὔτε συνθέτους οὔτ´ ἀποτελέσματα· οἷον στοιχεῖα μὲν καλοῦμεν 
γῆν ὕδωρ ἀέρα πῦρ· (875d) ἀρχὰς δὲ λέγομεν διὰ τοῦτο, ὅτι οὐκ ἔχει τι 
πρότερον ἐξ οὗ γεννᾶται, ἐπεὶ οὐκ ἔσται ἀρχὴ τοῦτο, ἀλλ´ ἐκεῖνο ἐξ οὗ 
γεγέννηται. Τῆς δὲ γῆς καὶ τοῦ ὕδατος ἔστι τινὰ πρότερα ἐξ ὧν γέγονεν, ἡ 
ὕλη ἄμορφος οὖσα καὶ ἀειδής, καὶ τὸ εἶδος ὃ καλοῦμεν ἐντελέχειαν, καὶ ἡ 
στέρησις. Ἁμαρτάνει οὖν ὁ Θαλῆς στοιχεῖον καὶ ἀρχὴν λέγων τὸ ὕδωρ.
γʹ. Περὶ τῶν ἀρχῶν τί εἰσιν.
Θαλῆς ὁ Μιλήσιος ἀρχὴν τῶν ὄντων ἀπεφήνατο τὸ ὕδωρ. (875e) Δοκεῖ δ´ ὁ ἀνὴρ 
οὗτος ἄρξαι τῆς φιλοσοφίας καὶ ἀπ´ αὐτοῦ ἡ Ἰωνικὴ αἵρεσις προσηγορεύθη· 
ἐγένοντο γὰρ πλεῖσται διαδοχαὶ φιλοσοφίας. Φιλοσοφήσας δ´ ἐν Αἰγύπτῳ ἦλθεν 
εἰς Μίλητον πρεσβύτερος. {ὃς} Ἐξ ὕδατος γάρ φησι πάντα εἶναι καὶ εἰς 
ὕδωρ πάντα ἀναλύεσθαι· στοχάζεται δ´ ἐκ τούτου πρῶτον, ὅτι πάντων τῶν ζῴων 
ἡ γονὴ ἀρχή ἐστιν, ὑγρὰ οὖσα· οὕτως εἰκὸς καὶ τὰ πάντα ἐξ ὑγροῦ τὴν ἀρχὴν 
ἔχειν. Δεύτερον, ὅτι πάντα τὰ φυτὰ ὑγρῷ τρέφεται καὶ καρποφορεῖ, 
ἀμοιροῦντα δὲ ξηραίνεται· τρίτον, ὅτι (875f) καὶ αὐτὸ τὸ πῦρ τὸ τοῦ ἡλίου 
καὶ τὸ τῶν ἄστρων ταῖς τῶν ὑδάτων ἀναθυμιάσεσι τρέφεται καὶ αὐτὸς ὁ 
κόσμος· διὰ τοῦτο καὶ Ὅμηρος ταύτην τὴν γνώμην ὑποτίθεται περὶ τοῦ ὕδατος
« Ὠκεανός, ὅσπερ γένεσις πάντεσσι τέτυκται. » 
Ἀναξίμανδρος δ´ ὁ Μιλήσιός φησι τῶν ὄντων τὴν ἀρχὴν εἶναι τὸ ἄπειρον· ἐκ 
γὰρ τούτου πάντα γίνεσθαι καὶ εἰς τοῦτο πάντα φθείρεσθαι· διὸ καὶ 
γεννᾶσθαι ἀπείρους κόσμους, καὶ πάλιν φθείρεσθαι εἰς τὸ ἐξ οὗ γίνονται. 
Λέγει γοῦν διὰ τί ἄπειρόν ἐστιν· ἵνα μηδὲν ἐλλείπῃ ἡ γένεσις ἡ ὑφισταμένη. 
 | [1,875] (875a) mais demander comment il faut régler sa vie, 
conduire ses enfants, exercer des fonctions publiques et 
faire des lois, voilà des recherches qui ont pour objet les actions 
humaines, et celui qui s'en occupe est un philosophe pratique. 
LIVRE PREMIER. CHAPITRE PREMIER. 
Qu'est-ce que la nature. 
Puisque je me propose de considérer les choses naturelles, il me paraît 
nécessaire d'expliquer d'abord ce qu'on entend par nature. Il serait 
absurde de vouloir parler de la nature, et d'ignorer quel est le sens et 
la force de ce terme. (875b) La nature donc, suivant Aristote, est tout ce 
qui a essentiellement en soi, et non accidentellement, le principe du 
mouvement et du repos. Ainsi, toutes les choses visibles qui ne sont 
pas l'effet du hasard ou de la nécessité, qui n'ont ni une substance ni 
une cause divines, sont appelées naturelles et ont chacune leur propre 
nature. De ce genre sont la terre, le feu, l'eau, l'air, les plantes et 
les animaux. On peut y joindre les effets que nous voyons tous les jours 
se produire, comme les pluies, la grêle, la foudre, les vents et les 
tempêtes. Toutes ces substances ont une origine, puisque aucune d'entre 
elles n'est éternelle et qu'elles sont produites par un principe. Par 
exemple, les animaux et les plantes ont un principe de production, et la 
nature est en eux ce premier principe, non seulement du mouvement, mais 
encore du repos. (875c) En effet, tout ce qui a un principe de mouvement 
peut aussi en avoir le terme. Ainsi, c'est la nature qui est le principe 
du mouvement et du repos. 
CHAPITRE Il. En quoi diffèrent le principe et l'élément. 
Aristote et Platon mettent de la différence entre les principes et les 
éléments. Thalès le Milésien croit qu'ils sont une même chose; cependant 
ils diffèrent beaucoup. Les éléments sont composés, au lieu que les 
principes n'ont aucune composition et ne sont pas des produits. Par 
exemple, nous appelons éléments la terre, l'air et le feu; (875d) mais 
nous donnons le nom de principe aux êtres qui n'ont reçu l'origine 
d'aucune cause qui leur soit antérieure. Ce qui est produit n'est pas un 
principe ; c'est la chose même qui produit. Il est des substances 
antérieures à la terre et à l'eau, et qui les ont produites : c'est la 
matière d'abord informe, ensuite la forme que nous appelons entéléchie, et 
la privation. Thalès se trompe donc lorsqu'il dit que l'eau est un 
élément et un principe. 
CHAPITRE III. Des principes. 
Thalès de Milet a dit que l'eau est le principe de tous les êtres. (875e) 
On peut le regarder comme le premier philosophe, et c'est de lui que 
la secte ionique a pris son nom, car il y a eu plusieurs écoles de philosophie. 
Thalès, après l'avoir apprise en Égypte, vint s'établir à Milet dans un âge avancé. 
Il enseigna que tout est composé d'eau, et que tout doit se résoudre en eau. 
Il le conjecturait de ce que les germes productifs de tous les animaux sont des 
principes, et par conséquent qu'il est vraisemblable que tous les êtres 
ont leur principe dans l'humidité. Une seconde conjecture, c'est que 
toutes les plantes sont nourries et fécondées par la substance humide, et 
qu'aussitôt qu'elles en sont privées, elles se flétrissent. Une troisième 
enfin, (875f) c'est que le feu du soleil et des astres, et le monde 
lui-même, se nourrissent des exhalaisons de l'eau. Homère attribue à l'eau 
cette production universelle, lorsqu'il dit : 
"Et le vaste Océan, père de tous les êtres". 
Anaximandre de Milet prétend que l'infini est le principe de toutes choses ; 
que tout en vient, et que tout doit s'y replonger ; qu'ainsi il produit 
une infinité de mondes qui se dissolvent ensuite dans le principe d'où ils 
sont sortis. Et pourquoi y a-t-il un infini? c'est, dit-il, afin que la 
production destinée à tout réparer ne manque jamais. 
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