[4,4,44] Μόνη δὲ λείπεται ἡ θεωρία ἀγοήτευτος εἶναι, ὅτι μηδεὶς πρὸς αὑτὸν γεγοήτευται· εἷς γάρ ἐστι, καὶ τὸ θεωρούμενον αὐτός ἐστι, καὶ ὁ λόγος οὐκ ἠπατημένος, ἀλλ´ ὃ δεῖ ποιεῖ, καὶ τὴν αὐτοῦ ζωὴν καὶ τὸ ἔργον ποιεῖ. Ἐκεῖ δὲ οὐ τὸ αὐτοῦ, καὶ οὐχ ὁ λόγος τὴν ὁρμήν, ἀλλ´ ἀρχὴ καὶ τοῦ ἀλόγου αἱ τοῦ πάθους προτάσεις. Τέκνων μὲν γὰρ ἐπιμέλειαι καὶ πρὸς γάμον σπουδαὶ φανερὰν τὴν ὁλκὴν ἔχουσιν, ὅσα τε ἀνθρώπους δελεάζει ἡδέα γινόμενα ταῖς ἐπιθυμίαις. Πράξεις δὲ αἱ μὲν διὰ θυμὸν ἀλόγως κινοῦνται, αἱ δὲ δι´ ἐπιθυμίας ὡσαύτως, πολιτεῖαι δὲ καὶ ἀρχῶν ὀρέξεις τὸ φίλαρχον τὸ ἐν ἡμῖν ἔχουσι προκαλούμενον. Καὶ αἱ μὲν γινόμεναι ὑπὲρ τοῦ μὴ παθεῖν ἀρχὴν ἔχουσι τὸν φόβον, αἱ δ´ ὑπὲρ τοῦ πλείονος τὴν ἐπιθυμίαν. Αἱ δὲ τῶν χρειωδῶν χάριν τὴν τῆς φύσεως ἔνδειαν ζητοῦσαι ἀποπληροῦν φανερῶς ἔχουσι τὴν τῆς φύσεως βίαν πρὸς τὸ ζῆν οἰκειώσασαν. Εἰ δέ τις λέγοι τὰς πράξεις τῶν καλῶν ἀγοητεύτους εἶναι ἢ καὶ τὴν θεωρίαν καλῶν οὖσαν γοητεύεσθαι λεκτέον, εἰ μὲν ὡς ἀναγκαίας καὶ τὰς καλὰς λεγομένας πράξεις πράττοι ἄλλο τὸ ὄντως καλὸν ἔχων, οὐ γεγοήτευται — οἶδε γὰρ τὴν ἀνάγκην καὶ οὐ πρὸς τὸ τῇδε βλέπει, οὐδὲ πρὸς ἄλλα ὁ βίος — ἀλλὰ τῇ τῆς φύσεως τῆς ἀνθρωπίνης βίᾳ καὶ τῇ πρὸς τὸ ζῆν τῶν ἄλλων ἢ καὶ αὐτοῦ οἰκειώσει — δοκεῖ γὰρ εὔλογον ἴσως μὴ ἐξάγειν ἑαυτὸν διὰ τὴν οἰκείωσιν — {ὅτι} οὕτως ἐγοητεύθη. Εἰ δὲ τὸ ἐν ταῖς πράξεσιν ἀγαπήσας καλὸν τὰς πράξεις αἱρεῖται ἀπατηθεὶς τοῖς ἴχνεσι τοῦ καλοῦ, γεγοήτευται τὸ περὶ τὰ κάτω καλὸν διώκων· ὅλως γὰρ ἡ περὶ τὸ ἐοικὸς τῷ ἀληθεῖ πραγματεία καὶ ὁλκὴ εἰς αὐτὸ πᾶσα ἠπατημένου ἐξ ἐκείνων τῶν ἐπ´ αὐτὰ ἑλκόντων· τοῦτο δὲ ἡ τῆς φύσεως γοητεία ποιεῖ· τὸ γὰρ οὐκ ἀγαθὸν ὡς ἀγαθὸν διώκειν ἑλχθέντα τῷ ἐκείνου εἴδει ἀλόγοις ὁρμαῖς, τοῦτό ἐστιν ἀγομένου ὅπου μὴ ἤθελεν οὐκ εἰδότος. Τοῦτο δὲ τί ἄν τις ἄλλο ἢ γοητείαν εἴποι; Μόνος οὖν ἀγοήτευτος, ὃς ἑλκόμενος τοῖς ἄλλοις αὐτοῦ μέρεσι τούτων οὐδὲν ἀγαθὸν λέγει εἶναι ὧν ἐκεῖνα λέγει, ἀλλὰ μόνον ὃ οἶδεν αὐτὸς οὐκ ἠπατημένος οὐδὲ διώκων, ἀλλ´ ἔχων. Οὐκ ἂν οὖν ἕλκοιτο οὐδαμοῦ.
| [4,4,44] Il n'y a donc que l'être livré à la contemplation qui ne puisse être ensorcelé : car nul n'est ensorcelé par lui-même. Celui qui contemple est un : il est ce qu'il contemple, il est une raison à l'abri de toute séduction. Il fait ce qu'il doit faire, il accomplit sa vie et sa fonction propre. Pour le reste, l'âme n'accomplit pas une fonction qui lui soit propre, la raison ne détermine pas l'action : c'est alors la partie irraisonnable de l'âme qui est le principe de l'action, ce sont les passions qui lui donnent des règles. L'influence d'un attrait magique se manifeste dans le penchant qui nous porte au mariage, dans le soin que nous prenons de nos enfants, et, en général, dans tout ce que l'appât de la volupté nous entraîne à faire. Parmi nos actions, il y en a qui sont provoquées par une puissance irraisonnable, soit par la colère, soit par la concupiscence ; d'autres, celles qui se rapportent à la vie politique, comme le désir d'obtenir les magistratures, ont pour mobile l'amour du commandement; celles où nous nous proposons d'éviter quelque mal ou de posséder plus que les autres nous sont inspirées, les premières, par la crainte, les secondes, par la cupidité; enfin, celles qui se rapportent à l'utile, à la satisfaction de nos besoins, montrent avec quelle force la nature nous attache à la vie.
On dira peut-être que les actions où l'on a un but noble et honnête échappent aux influences de la magie, sans quoi la contemplation y serait elle-même soumise. Nous pensons qu'en effet celui qui accomplit les actions honnêtes comme nécessaires, les yeux fixés sur le Beau véritable, ne saurait être ensorcelé : il connaît la nécessité, et il ne donne pour but à sa vie rien de terrestre, à moins qu'on ne dise qu'il est charmé et retenu ici-bas par la force magique de la nature humaine, qui l'attache à la vie des autres ou à sa propre vie. Il semble en effet raisonnable de ne pas se séparer du corps à cause de l'attachement que nous inspire pour lui une espèce de charme magique. Quant à l'homme qui préfère {à la contemplation} l'activité pratique et se contente de la beauté qu'on y trouve, il est séduit par les traces trompeuses du Beau, puisqu'il cherche la beauté dans les choses inférieures : car, toute activité déployée dans le domaine de ce qui n'a que l'apparence du vrai, toute inclination pour cette espèce de choses suppose que l'âme est
trompée par ce qui l'attire. C'est ainsi que s'exerce la puissance magique de la nature. En effet, poursuivre ce qui n'est pas le bien comme si c'était le bien, se laisser entraîner par son apparence et par des penchants irrationnels, c'est le propre d'un homme qui est conduit à son insu où il ne voulait pas aller. Or, n'est-ce pas là céder véritablement à un charme magique? Celui-là seul échappe donc à tout charme magique qui, quoiqu'il soit entraîné par les facultés inférieures de son âme, ne regarde comme bien aucun des objets qui paraissent être tels à ces facultés, n'appelle bien que ce qu'il connaît par lui-même être tel, sans être séduit par aucune apparence trompeuse, ne regarde comme bien que ce qu'il ne cherche pas, mais ce qu'il possède véritablement. Alors il ne saurait être entraîné nulle part par aucun charme magique.
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