[4,4,35] Πῶς δὴ οὖν αὗται αἱ δυνάμεις; Σαφέστερον γὰρ πάλιν λεκτέον, τί τὸ τρίγωνον παρὰ τὸ τρίγωνον διάφορον ἔχει, τί δὲ ὁδὶ πρὸς τονδί, καὶ κατὰ τί τοδὶ ἐργάζεται καὶ μέχρι τίνος. Ἐπειδὴ οὔτε τοῖς σώμασιν αὐτῶν οὔτε ταῖς προαιρέσεσιν ἀπέδομεν τὰς ποιήσεις· τοῖς μὲν σώμασιν, ὅτι μὴ μόνον σώματος ἦν ποιήματα τὰ γινόμενα, ταῖς δὲ προαιρέσεσιν, ὅτι ἄτοπον ἦν προαιρέσεσι θεοὺς ποιεῖν ἄτοπα. Εἰ δὲ μνημονεύοιμεν, ὅτι ζῷον ἓν ὑπεθέμεθα εἶναι, καὶ ὅτι οὕτως ἔχον συμπαθὲς αὐτὸ ἑαυτῷ ἐξανάγκης ἔδει εἶναι, καὶ δὴ καὶ ὅτι κατὰ λόγον ἡ διέξοδος τῆς ζωῆς σύμφωνος ἑαυτῇ ἅπασα, καὶ ὅτι τὸ εἰκῆ οὐκ ἔστιν ἐν τῇ ζωῇ, ἀλλὰ μία ἁρμονία καὶ τάξις, καὶ οἱ σχηματισμοὶ κατὰ λόγον, καὶ κατ´ ἀριθμοὺς δὲ ἕκαστα καὶ τὰ χορεύοντα ζῴου μέρη, ἄμφω ἀνάγκη ὁμολογεῖν τὴν ἐνέργειαν τοῦ παντὸς εἶναι, τά τε ἐν αὐτῷ γινόμενα σχήματα καὶ τὰ σχηματιζόμενα μέρη αὐτοῦ, καὶ τὰ τούτοις ἑπόμενα καὶ οὕτω, καὶ τοῦτον τὸν τρόπον ζῆν τὸ πᾶν, καὶ τὰς δυνάμεις εἰς τοῦτο συμβάλλειν, ἅσπερ καὶ ἔχοντες ἐγένοντο ὑπὸ τοῦ εὐλόγως πεποιηκότος. Καὶ τὰ μὲν σχήματα οἷον λόγους εἶναι ἢ διαστάσεις ζῴου καὶ ῥυθμοὺς καὶ σχέσεις ζῴου κατὰ λόγον, τὰ δὲ διεστηκότα καὶ ἐσχηματισμένα μέλη ἄλλα· καὶ εἶναι τοῦ ζῴου δυνάμεις χωρὶς {τῆς} προαιρέσεως ἄλλας τὰς ὡς ζῴου μέρη, ἐπεὶ τὸ τῆς προαιρέσεως αὐτοῖς ἔξω καὶ οὐ συντελοῦν πρὸς τοῦ ζῴου τοῦδε τὴν φύσιν. Μία γὰρ ἡ προαίρεσις ἑνὸς ζῴου, αἱ δὲ δυνάμεις αἱ ἄλλαι αὐτοῦ πρὸς αὐτὸ πολλαί. Ὅσαι δ´ ἐν αὐτῷ προαιρέσεις, πρὸς τὸ αὐτό, πρὸς ὃ καὶ ἡ τοῦ παντὸς ἡ μία. Ἐπιθυμία μὲν γὰρ ἄλλου πρὸς ἄλλο τῶν ἐν αὐτῷ· λαβεῖν γάρ τι τῶν ἑτέρων ἐθέλει μέρος τὸ ἄλλο μέρος ἐνδεὲς ὂν αὐτό· καὶ θυμὸς πρὸς ἕτερον, ὅταν τι παραλυπῇ, καὶ ἡ αὔξησις παρ´ ἄλλου καὶ ἡ γένεσις εἰς ἄλλο τῶν μερῶν. Τὸ δ´ ὅλον καὶ ἐν τούτοις μὲν ταῦτα ποιεῖ, αὐτὸ δὲ τὸ ἀγαθὸν ζητεῖ, μᾶλλον δὲ βλέπει. Τοῦτο τοίνυν καὶ ἡ ὀρθὴ προαίρεσις ἡ ὑπὲρ τὰ πάθη ζητεῖ καὶ εἰς τὸ αὐτὸ ταύτῃ συμβάλλει· ἐπεὶ καὶ τῶν παρ´ ἄλλῳ θητευόντων πολλὰ μὲν τῶν ἔργων αὐτοῖς βλέπει πρὸς τὰ ἐπιταχθέντα ὑπὸ τοῦ δεσπότου, ἡ δὲ τοῦ ἀγαθοῦ ὄρεξις πρὸς τὸ αὐτό, πρὸς ὃ καὶ ὁ δεσπότης. Εἰ δὴ δρᾷ τι ἥλιος καὶ τὰ ἄλλα ἄστρα εἰς τὰ τῇδε, χρὴ νομίζειν αὐτὸν μὲν ἄνω βλέποντα εἶναι — ἐφ´ ἑνὸς γὰρ τὸν λόγον ποιητέον — ποιεῖσθαι δὲ παρ´ αὐτοῦ, ὥσπερ τὸ θερμαίνεσθαι τοῖς ἐπὶ γῆς, οὕτω καὶ εἴ τι μετὰ τοῦτο, ψυχῆς διαδόσει, ὅσον ἐν αὐτῷ, φυτικῆς ψυχῆς πολλῆς οὔσης. Καὶ ἄλλο δὲ ὁμοίως οἷον ἐλλάμπον δύναμιν παρ´ αὐτοῦ ἀπροαίρετον διδόναι. Καὶ πάντας δὴ ἕν τι οὕτως ἐσχηματισμένον γενομένους τὴν διάθεσιν ἄλλην καὶ ἄλλην αὖ διδόναι· ὥστε καὶ τὰ σχήματα δυνάμεις ἔχειν — παρὰ γὰρ τὸ οὕτως ἢ οὕτως ἄλλως καὶ ἄλλως — καὶ δι´ αὐτῶν τῶν ἐσχηματισμένων γίνεσθαί τι — παρὰ γὰρ {τὸ} τούτους ἄλλο καὶ ἄλλο αὖ παρ´ ἄλλους. Ἐπεὶ καὶ καθ´ αὑτὰ τὰ σχήματα, ὡς δυνάμεις ἔχει, καὶ ἐπὶ τῶν τῇδε ἄν τις ἴδοι. Διατί γὰρ τὰ μὲν φοβερὰ τοῖς ὁρῶσι τῶν σχημάτων μηδέν τι προπεπονθότων τῶν φοβουμένων, τὰ δὲ οὐ φοβεῖ ὀφθέντα; Καὶ ἄλλους μὲν ταδί, ἄλλους δὲ ταδί; Ἢ ὅτι εἰς μὲν τὸ τοιόνδε ταδὶ ἐργάζεται, εἰς δὲ τοῦτον ἄλλα, οὐκ ἂν μὴ δυναμένων εἰς τὸ πεφυκὸς ποιεῖν. Καὶ οὑτωσὶ μὲν σχηματισθὲν ἐκίνησε τὴν ὄψιν, οὑτωσὶ δὲ οὐ τὸν αὐτόν. Καὶ γὰρ εἴ τις λέγοι τὸ κάλλος εἶναι τὸ κινοῦν, διατί τὸν μὲν τοῦτο, τὸν δὲ ἄλλο ἐκίνησε, μὴ τῆς κατὰ τὸ σχῆμα διαφορᾶς τὴν δύναμιν ἐχούσης; Διατί γὰρ τὰς μὲν χρόας φήσομεν δύναμιν ἔχειν καὶ ποιεῖν, τὰ δὲ σχήματα οὐ φήσομεν; Ἐπεὶ καὶ ὅλως ἄτοπον εἶναι μέν τι ἐν τοῖς οὖσι, μὴ μέντοι ἔχειν τι ὃ δύναται. Τὸ γὰρ ὂν τοιοῦτον, οἷον ἢ ποιεῖν ἢ πάσχειν· καὶ ἐν μὲν τοῖς δοτέον τὸ ποιεῖν, ἐπὶ δὲ τῶν ἄλλων ἄμφω. Καὶ ἐν τοῖς ὑποκειμένοις δὲ δυνάμεις καὶ παρὰ τὰ σχήματα· καὶ ἐν τοῖς παρ´ ἡμῖν εἰσι πολλαί, ἃς οὐ θερμὰ ἢ ψυχρὰ παρέχεται, ἀλλὰ γενόμενα ποιότησι διαφόροις καὶ λόγοις εἰδοποιηθέντα καὶ φύσεως δυνάμεως μεταλαβόντα, οἷον καὶ λίθων φύσεις καὶ βοτανῶν ἐνέργειαι θαυμαστὰ πολλὰ παρέχονται.
| [4,4,35] Comment donc s'exercent ces puissances? (car il est nécessaire de revenir sur nos pas pour nous expliquer plus clairement.) Quelle différence offre tel triangle comparé à d'autres triangles? Quelle action celui-ci exerce-t-il sur celui-là, comment l'exerce-t-il, et jusqu'où va-t-elle? telles sont les questions que nous avons à examiner, puisque nous ne rapportons pas aux corps des astres ni à leur volonté la production des choses d'ici-bas : nous ne la rapportons pas à leurs corps, parce que les choses qui arrivent ne sont pas de simples effets physiques ; nous ne la rapportons pas à leur volonté, parce qu'il est absurde que des dieux produisent par leur volonté des choses absurdes.
Rappelons-nous ce que nous avons déjà établi : l'univers est un animal un, sympathique à lui-même en vertu de son unité ; sa vie est réglée dans son cours par la Raison, elle est tout entière d'accord avec elle-même, elle n'a rien de fortuit, elle offre un seul ordre et une seule harmonie ; en outre, toutes les figures sont conformes chacune à une raison et à un nombre déterminé; les deux parties de l'animal universel qui forment cette espèce de danse (nous parlons des figures qui s'y produisent, des parties qui y sont figurées ainsi que des choses qui en dérivent) sont l'acte même de cet univers. Ainsi, l'univers vit de la manière que nous avons déterminée, et ses puissances concourent à cet état selon la nature qu'elles ont reçue de la raison qui les a produites. Les figures sont en quelque sorte les raisons de l'animal universel, les intervalles de ses parties, les attitudes qu'elles prennent selon les lois du rythme et selon la Raison de l'univers. Les êtres qui par leurs distances relatives produisent ces figures sont les membres divers de cet animal. Les puissances diverses de cet animal agissent sans délibération, comme ses membres, parce que délibérer est une opération étrangère à leur nature et à celle de cet animal. Aspirer à un but unique est le propre de l'animal qui est un ; mais il renferme en lui des puissances multiples; or, toutes les volontés diverses aspirent au même but que la volonté unique de l'animal : car chaque partie désire quelqu'un des objets divers qu'il renferme; chacune veut posséder quelque chose des autres, obtenir ce qui lui manque ; chacune éprouve un sentiment de colère contre une autre quand elle en est lésée ; chacune s'accroît aux dépens d'une autre et en engendre une autre. L'univers produit toutes ces actions dans ses parties, mais en même temps il cherche le Bien, ou plutôt il le contemple. C'est également le Bien que cherche la volonté droite, qui est au-dessus des passions et qui s'accorde ainsi avec la volonté de l'univers ; de même, des serviteurs rapportent beaucoup de leurs actions aux ordres qu'ils reçoivent de leurs maîtres, mais le désir du Bien les porte où leur maître est porté lui-même. Donc, si le Soleil et les autres astres exercent quelque influence sur les choses d'ici-bas, c'est qu'ils contemplent le monde intelligible.
Nous bornant à l'exemple que nous venons de citer et qu'on peut facilement appliquer au reste, nous remarquerons que le Soleil ne se borne pas à échauffer les êtres terrestres, qu'il les fait encore participer à son âme, autant que cela est possible, parce qu'il possède une âme naturelle qui est puissante. De même, les autres astres, sans aucun choix et par une espèce d'irradiation, transmettent aux êtres inférieurs un peu de la puissance {naturelle} qu'ils possèdent. Bien que toutes choses ne forment ainsi qu'une seule chose qui a telle figure, elles offrent une foule de dispositions différentes, et ces diverses figures elles-mêmes ont chacune une puissance propre : car telle disposition a pour conséquence telle action.
Les choses qui ont une figure possèdent aussi elles-mêmes quelque vertu, qui change selon les êtres avec lesquels elles sont en rapport. Nous en voyons des exemples journaliers. Pourquoi certaines figures nous inspirent-elles de la terreur, quoiqu'elles ne nous aient jamais fait aucun mal, tandis que d'autres ne produisent pas sur nous le même effet? Pourquoi ceux-ci sont-ils effrayés par certaines figures et ceux-là par d'autres? C'est que ces figures-ci sont constituées de manière à exercer une action sur les premiers et celles-là sur les autres ; elles ne sauraient en effet produire que les effets conformes à leur nature. Un objet attire le regard s'il est configuré de telle manière et ne l'attire pas s'il est configuré de telle autre. C'est la beauté qui émeut {dira-t-on}. Nous demanderons alors pourquoi ce bel objet émeut un homme et cet autre objet un autre homme, si la différence de figure n'a aucune puissance? Comment admettre que les couleurs ont une influence et une action propre, et ne pas accorder la même vertu aux figures? Il est absurde de reconnaître qu'une chose existe et de lui refuser toute puissance. Tout être, par cela qu'il est, doit agir ou pâtir. Les uns agissent seulement, les autres agissent et pâtissent. Il y a dans les substances des vertus indépendantes des figures. Il y a aussi dans les êtres d'ici-bas beaucoup de forces qui ne dérivent ni de la chaleur, ni du froid. C'est que ces êtres sont doués de qualités différentes, qu'ils reçoivent leur forme de raisons {séminales}, qu'ils participent à la puissance de la Nature : telles sont les vertus propres à la nature des pierres, et les effets étonnants produits par les plantes.
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