HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PLOTIN, Les Ennéades, III, livre VI

Chapitre 11

 Chapitre 11

[3,6,11] Ὅθεν δὴ καὶ τὸν Πλάτωνα οὕτω διανοούμενον ὀρθῶς εἰρηκέναι νομίζω, τὰ δ´ εἰσιόντα καὶ ἐξιόντα τῶν ὄντων μιμήματα μὴ μάτην εἰσιέναι καὶ ἐξιέναι εἰρηκέναι, ἀλλὰ βουλόμενον ἡμᾶς συνεῖναι ἐπιστήσαντας τῷ τρόπῳ τῆς μεταλήψεως, καὶ κινδυνεύει τὸ ἄπορον ἐκεῖνο τὸ ὅπως ὕλη τῶν εἰδῶν μεταλαμβάνει μὴ ἐκεῖνο εἶναι οἱ πολλοὶ ᾠήθησαν τῶν πρὸ ἡμῶν, τὸ πῶς ἔρχεται εἰς αὐτήν, ἀλλὰ μᾶλλον πῶς ἔστιν ἐν αὐτῇ. Ὄντως γὰρ θαυμαστὸν εἶναι δοκεῖ, πῶς τούτων τῶν εἰδῶν παρόντων αὐτῇ μένει αὐτὴ ἀπαθὴς αὐτῶν οὖσα καὶ προσέτι αὐτῶν τῶν εἰσιόντων πασχόντων ὑπ´ ἀλλήλων. Ἀλλὰ καὶ αὐτὰ τὰ εἰσιόντα ἐξωθεῖν τὰ πρότερα ἕκαστα, καὶ εἶναι τὸ παθεῖν ἐν τῷ συνθέτῳ καὶ οὐδὲ ἐν παντὶ συνθέτῳ, ἀλλ´ χρεία τοῦ προσελθόντος ἀπελθόντος καὶ ἐλλιπὲς μὲν τῇ συστάσει ἀπουσίᾳ τινός, τέλειον δὲ τῇ παρουσίᾳ. Τῇ δὲ ὕλῃ οὔτε τι πλέον εἰς τὴν αὐτῆς σύστασιν προσελθόντος ὁτουοῦν· οὐ γὰρ γίγνεται τότε ἐστι προσελθόντος, οὔτε ἔλαττον ἀπελθόντος· μένει γὰρ ἐξ ἀρχῆς ἦν. Τοῦ δὲ κεκοσμῆσθαι τοῖς μὲν κόσμου καὶ τάξεως δεομένοις εἴη ἂν χρεία, καὶ κόσμος δὲ γένοιτο ἂν ἄνευ μεταλλοιώσεως, οἷον οἷς περιτίθεμεν· εἰ δὲ οὕτω τις κοσμηθείη ὡς σύμφυτον εἶναι, δεήσει ἀλλοιωθὲν πρότερον αἰσχρὸν ἦν καὶ ἕτερον γενόμενον ἐκεῖνο τὸ κεκοσμημένον οὕτω καλὸν ἐξ αἰσχροῦ εἶναι. Εἰ τοίνυν αἰσχρὰ οὖσα ὕλη καλὴ ἐγένετο, ἦν πρότερον τὸ αἰσχρὰ εἶναι οὐκέτ´ ἐστίν· ὥστε ἐν τῷ οὕτω κεκοσμῆσθαι ἀπολεῖ τὸ ὕλην εἶναι καὶ μάλιστα, εἰ μὴ κατὰ συμβεβηκὸς αἰσχρά· εἰ δ´ οὕτως αἰσχρὰ ὡς αἶσχος εἶναι, οὐδ´ ἂν μεταλάβοι κόσμου, καὶ εἰ οὕτω κακὴ ὡς κακὸν εἶναι, οὐδ´ ἂν μεταλάβοι ἀγαθοῦ· ὥστε οὐχ οὕτως μετάληψις ὡς οἴονται παθούσης, ἀλλ´ ἕτερος τρόπος οἷον δοκεῖν. Ἴσως δὲ καὶ τοῦτον τὸν τρόπον λύοιτο ἂν τὸ ἄπορον, πῶς οὖσα κακὴ ἐφίοιτο ἂν τοῦ ἀγαθοῦ, ὡς μὴ μεταλήψει ἀπολλυμένης ἦν· εἰ γὰρ τοῦτον τὸν τρόπον λεγομένη μετάληψις, ὡς τὴν αὐτὴν μένειν μὴ ἀλλοιουμένην, ὡς λέγομεν, ἀλλ´ εἶναι ἀεὶ ἐστιν, οὐκέτι θαυμαστὸν γίνεται τὸ πῶς οὖσα κακὴ μεταλαμβάνει. Οὐ γὰρ ἐξίσταται ἑαυτῆς, ἀλλ´ ὅτι μὲν ἀναγκαῖόν ἐστι μεταλαμβάνειν ἀμῃγέπῃ μεταλαμβάνει ἕως ἂν , τῷ δ´ εἶναι ἐστι τρόπῳ μεταλήψεως τηροῦντι αὐτὴν οὐ βλάπτεται εἰς τὸ εἶναι παρὰ τοῦ οὕτω διδόντος, καὶ κινδυνεύει διὰ τοῦτο οὐχ ἧττον εἶναι κακή, ὅτι ἀεὶ μένει τοῦτο ἐστι. Μεταλαμβάνουσα γὰρ ὄντως καὶ ἀλλοιουμένη ὄντως ὑπὸ τοῦ ἀγαθοῦ οὐκ ἂν ἦν τὴν φύσιν κακή. Ὥστε εἴ τις τὴν ὕλην λέγει κακήν, οὕτως ἂν ἀληθεύοι, εἰ τοῦ ἀγαθοῦ ἀπαθῆ λέγοι· τοῦτο δὲ ταὐτόν ἐστι τῷ ὅλως ἀπαθῆ εἶναι. [3,6,11] C'était sans doute la pensée que Platon avait présente à l'esprit quand il a dit avec justesse : « Ces imitations des êtres éternels qui entrent dans la matière et qui en sortent. » Ce n'est pas sans raison qu'il a employé ces expressions entrer, sortir; il a voulu que nous examinassions avec attention comment s'opère la participation de la matière aux idées. Quand Platon cherche ainsi à établir comment la matière participe aux idées, il a pour but de faire voir, non de quelle manière les idées entrent dans la matière, ainsi que beaucoup l'ont cru avant nous, mais de quelle manière elles y sont. Sans doute, il semble étonnant que la matière reste impassible à l'égard des idées qui y sont présentes, tandis que les choses qui entrent en elle pâtissent les unes par l'action des autres. Il faut admettre cependant que les choses qui entrent dans la matière en expulsent les précédentes, et que c'est le composé seul qui pâtit ; encore n'est-ce pas toute espèce de composé qui pâtit, mais celui qui a besoin de la chose introduite ou expulsée, qui est défectueux dans sa constitution par son absence et complet par sa présence. Quant à la matière, l'introduction de quelque chose que ce soit n'ajoute rien à sa nature : elle ne devient pas ce qu'elle est par la présence de cette chose, elle ne perd rien par son absence ; elle reste ce qu'elle était dès l'origine. Être orné est chose utile à l'objet qui a besoin d'ordre et d'ornement ; il peut recevoir cet ornement sans être altéré quand il ne fait que le revêtir en quelque sorte. Mais, si cet ornement pénètre en lui comme une chose qui fasse partie de son essence, il ne peut le recevoir alors sans être altéré, sans cesser d'être ce qu'il était auparavant, d'être laid par exemple, sans changer par le fait même, sans devenir, par exemple, beau de laid qu'il était. Donc si la matière de laide devient belle, elle cesse d'être ce qu'elle était auparavant, savoir, d'être laide, en sorte qu'en étant ornée elle perd son essence, d'autant plus qu'elle n'est pas laide par accident. Étant assez laide pour être la laideur même, elle ne saurait participer de la beauté ; étant assez mauvaise pour être le mal même, elle ne saurait participer du bien. Donc la matière participe aux idées sans pâtir; par conséquent, cette participation doit s'opérer d'une autre façon, consister, par exemple, dans l'apparence. Ce mode de participation résout la question que nous nous sommes posée : il nous fait comprendre comment, tout en étant mauvaise, la matière peut aspirer au Bien sans cesser par sa participation au Bien d'être ce qu'elle était. En effet, si cette participation s'opère de telle sorte que la matière reste sans altération, comme nous le disons, qu'elle continue toujours d'être ce qu'elle est, il n'y a pas lieu de s'étonner qu'elle puisse, tout en étant mauvaise, participer au Bien; elle ne s'écarte pas de sa manière d'être. D'un côté, comme il est nécessaire qu'elle participe, elle participe tant qu'elle dure ; de l'autre, comme elle continue d'être ce qu'elle est, en vertu du mode de participation qui lui laisse son essence, elle ne subit aucune altération de la part du principe qui lui donné quelque chose ; elle reste toujours aussi mauvaise parce que son essence subsiste toujours. Si elle participait réellement au Bien, si elle était réellement modifiée par lui, elle ne serait plus mauvaise par sa nature. Donc, quand on affirme que la matière est mauvaise, on dit la vérité si l'on entend par là qu'elle est impassible à l'égard du Bien ; or, cela revient à admettre qu'elle est complètement impassible.


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Dernière mise à jour : 5/05/2010