[3,6,12] Ὁ δέ γε Πλάτων τοῦτο νοῶν περὶ αὐτῆς καὶ τὴν μετάληψιν οὐχ ὡς ἐν ὑποκειμένῳ εἴδους γενομένου καὶ μορφὴν διδόντος ὥστε ἓν σύνθετον γενέσθαι συντραπέντων καὶ οἷον συγκραθέντων καὶ συμπαθόντων τιθέμενος, ὅτι μὴ οὕτω λέγει παραστῆσαι βουλόμενος, καὶ πῶς ἂν αὐτὴ ἀπαθὴς μένουσα ἔχοι τὰ εἴδη ἀπαθοῦς μεταλήψεως ζητῶν παράδειγμα—ἄλλον τρόπον οὐ ῥᾴδιον διδάξαι ἃ μάλιστα παρόντα σῴζει τὸ ὑποκείμενον ταὐτὸν εἶναι— ὑπέστη πολλὰς ἀπορίας σπεύδων ἐφ´ ὃ βούλεται καὶ προσέτι παραστῆσαι θέλων τὸ ἐν τοῖς αἰσθητοῖς κενὸν τῆς ὑποστάσεως καὶ τὴν χώραν τοῦ εἰκότος οὖσαν πολλήν. Τὴν οὖν ὕλην σχήμασιν ὑποθέμενος τὰ πάθη ποιεῖν τοῖς ἐμψύχοις σώμασιν οὐδὲν αὐτὴν ἔχουσαν τούτων τῶν παθημάτων τὸ μένον ταύτης {ταύτην} ἐνδείκνυται διδοὺς συλλογίζεσθαι, ὡς οὐδὲ παρὰ τῶν σχημάτων ἔχει τὸ πάσχειν αὐτὴ καὶ ἀλλοιοῦσθαι. Τοῖς μὲν γὰρ σώμασι τούτοις ἐξ ἑτέρου σχήματος ἕτερον σχῆμα δεχομένοις τάχα ἄν τις ἀλλοίωσιν λέγοι γίγνεσθαι τὴν τοῦ σχήματος μεταβολὴν ὁμώνυμον τὴν ἀλλοίωσιν εἶναι λέγων· τῆς δὲ ὕλης οὐδὲν σχῆμα ἐχούσης οὐδὲ μέγεθος πῶς ἄν τις τὴν τοῦ σχήματος ὁπωσοῦν παρουσίαν ἀλλοίωσιν εἶναι κἂν ὁμωνύμως λέγοι; Εἴ τις οὖν ἐνταῦθα τὸ νόμῳ χροιὴ καὶ τὰ ἄλλα νόμῳ λέγοι τῷ τὴν φύσιν τὴν ὑποκειμένην μηδὲν οὕτως ἔχειν, ὡς νομίζεται, οὐκ ἂν ἄτοπος εἴη τοῦ λόγου. Ἀλλὰ πῶς ἔχει, εἰ μηδὲ τὸ ὡς σχήματα ἀρέσκει; Ἀλλ´ ἔχει ἔνδειξιν ἡ ὑπόθεσις ὡς οἷόν τε τῆς ἀπαθείας καὶ τῆς οἷον εἰδώλων οὐ παρόντων δοκούσης παρουσίας.
Ἢ πρότερον ἔτι περὶ τῆς ἀπαθείας αὐτῆς λεκτέον διδάσκοντας ὡς χρὴ ταῖς συνηθείαις τῶν ὀνομάτων ἐπὶ τὸ πάσχειν αὐτὴν φέρεσθαι, οἷον ὅταν {ξηραινομένην} τὴν αὐτὴν πυρουμένην καὶ ὑγραινομένην, ἐνθυμουμένους καὶ τὰ ἑξῆς «καὶ τὰς ἀέρος καὶ ὕδατος μορφὰς δεχομένην».
Τὸ γὰρ «καὶ τὰς ἀέρος καὶ ὕδατος μορφὰς δεχομένην» ἀπαμβλύνει μὲν τὸ «πυρουμένην καὶ ὑγραινομένην», δηλοῖ τε ἐν τῷ «μορφὰς δεχομένην» οὐ τὸ μεμορφῶσθαι αὐτήν, ἀλλ´ εἶναι τὰς μορφὰς ὡς εἰσῆλθον, τό τε «πυρουμένην» οὐ κυρίως εἰρῆσθαι, ἀλλὰ μᾶλλον πῦρ γινομένην· οὐ γὰρ τὸ αὐτὸ πῦρ γίνεσθαι καὶ πυροῦσθαι· ὑπ´ ἄλλου μὲν γὰρ τὸ πυροῦσθαι, ἐν ᾧ καὶ τὸ πάσχειν· ὃ δ´ αὐτὸ μέρος ἐστὶ πυρὸς πῶς ἂν πυροῖτο; Τοιοῦτον γὰρ ἂν εἴη, οἷον εἴ τις διὰ τοῦ χαλκοῦ τὸν ἀνδριάντα λέγοι πεφοιτηκέναι, εἰ τὸ πῦρ διὰ τῆς ὕλης λέγοι κεχωρηκέναι καὶ προσέτι πυρῶσαι. Ἔτι, εἰ λόγος ὁ προσιών, πῶς ἂν πυρώσειεν; Ἢ εἰ σχῆμα; Ἀλλὰ τὸ πυρούμενον ὑπ´ ἀμφοῖν ἤδη. Πῶς οὖν ὑπ´ ἀμφοῖν μὴ ἑνὸς ἐξ ἀμφοῖν γενομένου; Ἤ, κἂν ἓν ᾖ γενόμενον, οὐκ ἐν ἀλλήλοις τὰ πάθη ἐχόντων, ἀλλὰ πρὸς ἄλλα ποιούντων. Ἆρ´ οὖν ἀμφοτέρων ποιούντων; Ἢ θατέρου θάτερον παρέχοντος μὴ φυγεῖν. Ἀλλ´ ὅταν διαιρεθῇ τι σῶμα, πῶς οὐ καὶ αὐτὴ διῄρηται; Καὶ πεπονθότος ἐκείνου τῷ διῃρῆσθαι πῶς οὐ καὶ αὐτὴ τῷ αὐτῷ τούτῳ παθήματι πέπονθεν; Ἢ τί κωλύει τῷ αὐτῷ λόγῳ τούτῳ καὶ φθεῖραι λέγοντας πῶς φθαρέντος τοῦ σώματος οὐκ ἔφθαρται; Ἔτι λεκτέον τοσόνδε γὰρ εἶναι καὶ μέγεθος εἶναι, τῷ δὲ μὴ μεγέθει οὐδὲ τὰ μεγέθους πάθη ἐγγίγνεσθαι καὶ ὅλως δὴ τῷ μὴ σώματι μηδὲ τὰ σώματος πάθη γίγνεσθαι· ὥστε ὅσοι παθητὴν ποιοῦσι καὶ σῶμα συγχωρείτωσαν αὐτὴν εἶναι.
| [3,6,12] Pénétré de la même pensée, persuadé que, par la participation, la matière ne reçoit pas la forme et l'espèce, comme le ferait un sujet qui constituerait un composé de choses intimement unies par leur transformation, leur mixtion et leurs passions communes, Platon, pour démontrer qu'il n'en est pas ainsi et que la matière reste impassible tout en recevant les formes, a trouvé un exemple parfaitement bien choisi d'une participation opérée sans passion. Si l'on cherchait un exemple d'un autre genre, il serait fort difficile de faire comprendre comment le sujet peut rester le même quand les formes y sont présentes. En cherchant à atteindre le but qu'il poursuivait, Platon a soulevé beaucoup de questions ; il s'est en outre appliqué à fairevoir que les objets sensibles sont vides de réalité et que l'apparence occupe en eux une large place. En avançant que c'est par les figures qu'elle revêt que la matière fait pâtir les corps animés, sans éprouver elle-même aucune de ces passions, Platon nous montre sa permanence et son identité ; il veut nous faire conclure de là que la matière ne subit ni passion ni altération en revêtant ces figures. En effet, dans les corps qui prennent successivement différentes figures, on peut, en se fondant sur l'analogie, appeler altération le changement de figures ; mais, puisque la matière n'a ni figure ni étendue, comment pourrait-on, même par analogie, appeler altération la présence d'une figure ? Veut-on avoir une règle sûre, ne pas se tromper dans son langage? on n'a qu'à dire que le sujet ne possède rien de la manière dont on croit qu'il possède. Comment donc possède-t-il les choses qu'il a en lui, si ce n'est pas comme figure? La proposition de Platon signifie que la matière est impassible et qu'il y a en elle présence apparente d'images qui n'y sont pas réellement présentes. Mais il est encore nécessaire d'insister préalablement sur l'impassibilité de la matière : car on pourrait être conduit par remploi des termes usuels à supposer, mais à tort, que la matière pâtit.
C'est ainsi, dit Platon, que l'on conçoit la matière comme enflammée, mouillée, etc., comme recevant les formes de l'air et de l'eau. En ajoutant que « la matière reçoit les formes de l'air et de l'eau », Platon modifie cette affirmation que « la matière est enflammée et mouillée, » et il montre qu'en recevant les formes elle n'a cependant pas de forme elle-même, que les formes ne font qu'entrer en elle. Cette expression : la matière est enflammée, ne doit pas être prise dans le sens propre ; elle signifie seulement que la matière devient feu. Or, devenir feu n'est pas la même chose qu'être enflammé : être enflammé ne peut arriver qu'à ce qui est différent du feu, à ce qui pâtit ; ce qui est soi-même une partie du feu ne saurait être enflammé. Soutenir le contraire, ce serait prétendre que l'airain a de lui-même formé une statue, ou que le feu s'est répandu de lui-même dans la matière et l'a enflammée. Veut-on qu'une raison {séminale} se soit approchée de la matière? Comment cette raison l'aurait-elle enflammée? Veut-on qu'une figure se soit unie à la matière? Mais, ce qui est enflammé est évidemment déjà composé de deux choses {d'une matière et d'une figure}, et ces deux choses en forment une seule. Quoique ces deux choses en forment une seule, elles ne se font point pâtir l'une l'autre; elles agissent seulement sur d'autres. Dans ce cas agissent-elles ensemble? Non : seulement l'une empêche l'autre de fuir la forme. — Mais, {dira-t-on}, quand le corps est divisé, comment la matière peut-elle n'être pas divisée aussi? Comment, lorsque le composé {de forme et de matière} pâtit parce qu'il est divisé, la matière ne partage-t-elle pas cette passion? — S'il en est ainsi, rien n'empêche de prétendre aussi que la matière est détruite et de dire : Pourquoi, puisque le corps est détruit, la matière ne serait-elle pas aussi détruite? Ce qui pâtit et se divise doit être une quantité, une grandeur. Ce qui n'est pas une grandeur ne peut éprouver les mêmes modifications qu'une grandeur ; ce qui n'est pas un corps ne peut pâtir comme un corps. Donc ceux qui regardent la matière comme susceptible de pâtir seraient conduits à dire qu'elle est un corps.
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