[3,3,5] Γίνεται τοίνυν ἡ πρόνοια ἐξ ἀρχῆς εἰς τέλος κατιοῦσα ἄνωθεν οὐκ ἴση
οἷον κατ´ ἀριθμόν, ἀλλὰ κατ´ ἀναλογίαν ἄλλη ἐν ἄλλῳ τόπῳ, ὥσπερ ἐπὶ ζῴου
ἑνὸς εἰς ἔσχατον ἐξ ἀρχῆς ἠρτημένου, ἑκάστου τὸ οἰκεῖον ἔχοντος, τοῦ μὲν
βελτίονος τὸ βέλτιον τῆς ἐνεργείας, τοῦ δὲ πρὸς τὸ κάτω ἤδη ἐνεργοῦντός τε
τοῦ αὐτοῦ καὶ πάσχοντος τὰ ὅσα αὐτῷ οἰκεῖα παθήματα πρὸς αὐτό τε καὶ πρὸς
τὴν σύνταξιν τὴν πρὸς ἄλλο. Καὶ δὴ καὶ οὑτωσὶ πληγέντα οὕτως ἐφθέγξατο τὰ
φωνήεντα, τὰ δὲ σιωπῇ πάσχει καὶ κινεῖται τὰ ἀκόλουθα, καὶ ἐκ τῶν φθόγγων
ἁπάντων καὶ ἐκ τῶν παθημάτων καὶ ἐνεργημάτων μία τοῦ ζῴου οἷον φωνὴ καὶ
ζωὴ καὶ βίος· καὶ γὰρ καὶ τὰ μόρια διάφορα ὄντα καὶ διάφορον τὴν ἐνέργειαν
ἔχοντα· ἄλλο γὰρ ποιοῦσι πόδες, ὀφθαλμοὶ δ´ ἄλλο, διάνοια δὲ ἄλλο καὶ νοῦς
ἄλλο. Ἓν δὲ ἐκ πάντων καὶ πρόνοια μία· εἱμαρμένη δὲ ἀπὸ τοῦ χείρονος
ἀρξαμένη, τὸ δὲ ὑπεράνω πρόνοια μόνον. Τὰ μὲν γὰρ ἐν τῷ κόσμῳ τῷ νοητῷ
πάντα λόγος καὶ ὑπὲρ λόγον· νοῦς γὰρ καὶ ψυχὴ καθαρά· τὸ δὲ ἐντεῦθεν ἤδη
ὅσον μὲν ἔρχεται ἐκεῖθεν, πρόνοια, καὶ ὅσον ἐν ψυχῇ καθαρᾷ καὶ ὅσον
ἐντεῦθεν εἰς τὰ ζῷα. Ἔρχεται δὲ μεριζόμενος ὁ λόγος οὐκ ἴσα· ὅθεν οὐδ´ ἴσα
ποιεῖ, ὥσπερ καὶ ἐν ζῴῳ ἑκάστῳ. Τὸ δὲ ἐντεῦθεν ἤδη ἀκόλουθα μὲν τὰ δρώμενα
καὶ προνοίᾳ ἑπόμενα, εἴ τις δρῴη θεοῖς φίλα· ἦν γὰρ θεοφιλὴς ὁ λόγος ὁ
προνοίας. Συνείρεται μὲν οὖν καὶ τὰ τοιαῦτα τῶν ἔργων, πεποίηται δὲ οὐ
προνοίᾳ, ἀλλὰ γενόμενα ἢ παρὰ ἀνθρώπων τὰ γενόμενα ἢ παρ´ ὁτουοῦν ἢ ζῴου ἢ
ἀψύχου, εἴ τι ἐφεξῆς τούτοις χρηστόν, πάλιν κατείληπται προνοίᾳ, ὡς
πανταχοῦ ἀρετὴν κρατεῖν καὶ μετατιθεμένων καὶ διορθώσεως τυγχανόντων τῶν
ἡμαρτημένων, οἷον ἐν ἑνὶ σώματι ὑγιείας δοθείσης κατὰ πρόνοιαν τοῦ ζῴου,
γενομένης τομῆς καὶ ὅλως τραύματος, πάλιν ἐφεξῆς ὁ λόγος ὁ διοικῶν
συνάπτοι καὶ συνάγοι καὶ ἰῷτο καὶ διορθοῖτο τὸ πονῆσαν. Ὥστε τὰ κακὰ
ἑπόμενα εἶναι, ἐξ ἀνάγκης δέ· καὶ γὰρ παρ´ ἡμῶν κατ´ αἰτίας οὐχ ὑπὸ τῆς
προνοίας ἠναγκασμένων, ἀλλ´ ἐξ αὐτῶν συναψάντων μὲν τοῖς τῆς προνοίας καὶ
ἀπὸ προνοίας ἔργοις, τὸ δὲ ἐφεξῆς συνεῖραι κατὰ βούλησιν ἐκείνης οὐ
δυνηθέντων, ἀλλὰ κατὰ τὴν τῶν πραξάντων ἢ κατ´ ἄλλο τι τῶν ἐν τῷ παντί,
μηδ´ αὐτοῦ κατὰ πρόνοιαν πεπραχότος ἢ πεποιηκότος τι ἐν ἡμῖν πάθος. Οὐ γὰρ
τὸ αὐτὸ ποιεῖ πᾶν προσελθὸν παντί, ἀλλὰ τὸ αὐτὸ πρὸς ἄλλο καὶ ἄλλο πρὸς
ἄλλο· οἷον καὶ τὸ τῆς Ἑλένης κάλλος πρὸς μὲν τὸν Πάριν ἄλλο εἰργάζετο,
Ἰδομενεὺς δὲ ἔπαθεν οὐ τὸ αὐτό· καὶ ἀκόλαστος ἀκολάστῳ καλὸς καλῷ συμπεσὼν
ἄλλο, ὁ δὲ σώφρων καλὸς ἄλλο πρὸς σώφρονα τοιοῦτον· ἢ πρὸς ἀκόλαστον ἄλλο
ὁ αὐτός, ὁ δ´ ἀκόλαστος πρὸς αὐτὸν ἄλλο. Καὶ παρὰ μὲν τοῦ ἀκολάστου τὸ
πραχθὲν οὔτε ὑπὸ προνοίας οὔτε κατὰ πρόνοιαν, τὸ δ´ ὑπὸ τοῦ σώφρονος ἔργον
οὐχ ὑπὸ προνοίας μέν, ὅτι ὑπ´ αὐτοῦ, κατὰ πρόνοιαν δέ· σύμφωνον γὰρ τῷ
λόγῳ, ὥσπερ καὶ ὃ ὑγιεινῶς πράξειεν ἄν τις αὐτὸς πράξας κατὰ λόγον τὸν τοῦ
ἰατροῦ. Τοῦτο γὰρ καὶ ὁ ἰατρὸς παρὰ τῆς τέχνης ἐδίδου εἴς τε τὸ ὑγιαῖνον
εἴς τε τὸ κάμνον. Ὃ δ´ ἄν τις μὴ ὑγιαῖνον ποιῇ, αὐτός τε ποιεῖ καὶ παρὰ
τὴν πρόνοιαν τοῦ ἰατροῦ εἰργάσατο.
| [3,3,5] La Providence descend donc du commencement à la fin, en communiquant
ses dons, non d'après la loi d'une égalité numérique, mais d'après celle
d'une égalité de proportion, variant ses oeuvres selon les lieux. De même,
tout est lié dans l'organisation d'un animal, du principe à la fin :
chaque membre a sa fonction propre, fonction supérieure ou inférieure,
selon le rang qu'il occupe lui-même ; il a aussi ses passions propres,
passions qui sont en harmonie avec sa nature et avec la place qu'il tient
dans l'ensemble. Ainsi, qu'un organe soit frappé : si c'est l'organe
vocal, il rend un son ; si c'est un autre organe, il pâtit en silence, ou
exécute un mouvement qui est la conséquence de cette passion ; or, tous
les sons, toutes les passions, toutes les actions forment dans l'animal
l'unité de son, de vie, d'existence. Les parties, étant diverses, ont
des rôles divers : c'est ainsi que les pieds, les yeux, la raison
discursive et l'intelligence ont des fonctions différentes. Mais toutes
choses forment une unité, se rapportent à une seule Providence, en sorte
que le Destin gouverne ce qui est en bas et que la Providence règne seule
dans ce qui est en haut. En effet, tout ce qui se trouve dans le monde
intelligible est ou raison, ou principe supérieur à la raison, savoir
Intelligence et Âme pure. Ce qui en provient constitue la Providence, en
tant qu'il en provient, qu'il est dans l'Âme pure et qu'il passe ensuite
dans les animaux. De là naît la Raison {universelle} qui, étant distribuée
en parts inégales, produit des choses inégales, comme le sont les membres
d'un animal. A la Providence se rattachent comme conséquences les actions
de l'homme dont les oeuvres sont agréables à Dieu : car tout ce qui
implique une raison providentielle est agréable à la Divinité. Toutes
les actions de cette espèce sont liées {au plan de la Providence} : elles
ne sont pas faites par la Providence ; mais, quand l'homme ou un autre
être, soit animé, soit inanimé, produit quelques actes, ceux-ci, s'ils ont
quelque chose de bon, entrent dans le plan de la Providence, qui donne
partout l'avantage à la vertu, redresse et corrige les erreurs. C'est
ainsi que chaque animal maintient la santé de son corps par l'espèce de
providence qui est en lui : survient-il une coupure, une blessure,
aussitôt la raison {séminale} qui administre le corps de cet animal
rapproche et cicatrise les chairs, rétablit la santé et rend leur force
aux organes qui ont souffert.
Il suit de là que les maux sont des conséquences {de nos actions} : ils en
constituent les effets nécessaires, non que nous soyons entraînés par la
Providence, mais en ce sens que nous obéissons à uni entraînement dont le
principe est en nous-mêmes. Nous essayons bien alors de rattacher
nous-mêmes nos actes au plan de la Providence, mais nous ne pouvons en
rendre les conséquences conformes à sa volonté ; nos actes sont alors
conformes soit à notre volonté, soit à quelque autre des choses qui sont
dans l'univers, laquelle, en agissant sur nous, ne produit pas en nous une
affection conforme aux intentions de la Providence. En effet, la même
cause n'agit pas de la même manière sur des êtres divers, mais les effets
éprouvés par chacun sont différents, comme l'est leur nature : ainsi,
Hélène fait éprouver des émotions diverses à Pâris et à Idoménée. De
même, l'homme beau produit sur l'homme beau un autre effet que l'homme
intempérant sur l'homme intempérant; l'homme beau et tempérant agit
autrement sur l'homme beau et tempérant que sur l'intempérant et que
l'intempérant sur lui-même. L'action faite par l'homme intempérant n'est
faite ni par la Providence, ni selon la Providence. L'action faite
par l'homme tempérant n'est pas faite non plus par la Providence, puisque
c'est lui-même qui la fait, mais elle est selon la Providence, parce
qu'elle est conforme à la Raison {de l'univers}. Ainsi, quand un homme
fait une chose qui est bonne pour sa santé, c'est lui-même qui fait cette
chose, mais il la fait selon la raison du médecin : car c'est le médecin
qui lui enseigne, en vertu de son art, quelles sont les choses salubres et
les choses insalubres ; mais quand un homme fait une chose nuisible à sa
santé, c'est lui-même qui la fait, et il la fait contre la providence du médecin.
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