[3,3,6] Πόθεν οὖν καὶ τὰ χείρω μάντεις προλέγουσι καὶ εἰς τὴν τοῦ παντὸς
φορὰν ὁρῶντες πρὸς ταῖς ἄλλαις μαντείαις προλέγουσι ταῦτα; Ἢ δῆλον ὅτι τῷ
συμπεπλέχθαι πάντα τὰ ἐναντία, οἷον τὴν μορφὴν καὶ τὴν ὕλην· οἷον ἐπὶ ζῴου
συνθέτου ὄντος ὁ {τι} τὴν μορφὴν καὶ τὸν λόγον θεωρῶν καὶ τὸ μεμορφωμένον
θεωρεῖ. Οὐ γὰρ ὡσαύτως ζῷον νοητὸν καὶ ζῷον σύνθετον θεωρεῖ, ἀλλὰ λόγον
ζῴου ἐν τῷ συνθέτῳ μορφοῦντα τὰ χείρω. Ζῴου δὴ ὄντος τοῦ παντὸς ὁ τὰ ἐν
αὐτῷ γινόμενα θεωρῶν θεωρεῖ ἅμα καὶ ἐξ ὧν ἐστι καὶ τὴν πρόνοιαν τὴν ἐπ´
αὐτῷ· τέταται δὴ ἐπὶ πάντα καὶ τὰ γινόμενα· τὰ δ´ ἐστὶ καὶ ζῷα καὶ πράξεις
αὐτῶν καὶ διαθέσεις κραθεῖσαι, λόγῳ καὶ ἀνάγκῃ μεμιγμέναι· μεμιγμένα οὖν
θεωρεῖ καὶ διηνεκῶς μιγνύμενα· καὶ διακρίνειν μὲν αὐτὸς οὐ δύναται
πρόνοιαν καὶ τὸ κατὰ πρόνοιαν χωρὶς καὶ αὖ τὸ ὑποκείμενον ὅσα δίδωσιν εἰς
τὸ {ὑποκείμενον} παρ´ αὐτοῦ. Ἀλλ´ οὐδὲ ἀνδρὸς τοῦτο ποιεῖν ἢ σοφοῦ τινος
καὶ θείου· ἢ θεὸς ἂν ἔχοι, φαίη τις ἄν, τοῦτο τὸ γέρας. Καὶ γὰρ οὐ τοῦ
μάντεως τὸ διότι, ἀλλὰ τὸ ὅτι μόνον εἰπεῖν, καὶ ἡ τέχνη ἀνάγνωσις φυσικῶν
γραμμάτων καὶ τάξιν δηλούντων καὶ οὐδαμοῦ πρὸς τὸ ἄτακτον ἀποκλινόντων,
μᾶλλον δὲ καταμαρτυρούσης τῆς φορᾶς καὶ εἰς φῶς ἀγούσης καὶ πρὶν παρ´
αὐτῶν φανῆναι, οἷος ἕκαστος καὶ ὅσα. Συμφέρεται γὰρ καὶ ταῦτα ἐκείνοις
κἀκεῖνα τούτοις συντελοῦντα ἅμα πρὸς σύστασιν καὶ ἀιδιότητα κόσμου,
ἀναλογίᾳ δὲ σημαίνοντα τὰ ἄλλα τῷ τετηρηκότι· ἐπεὶ καὶ αἱ ἄλλαι μαντικαὶ
τῷ ἀναλόγῳ. Οὐ γὰρ ἔδει ἀπηρτῆσθαι ἀλλήλων τὰ πάντα, ὡμοιῶσθαι δὲ πρὸς
ἄλληλα ἀμῃγέπῃ. Καὶ τοῦτ´ ἂν ἴσως εἴη τὸ λεγόμενον ὡς συνέχει τὰ πάντα
ἀναλογία. Ἔστι δὲ τοιοῦτον ἡ ἀναλογία, ὥστε καὶ τὸ χεῖρον πρὸς τὸ χεῖρον
ὡς τὸ βέλτιον πρὸς τὸ βέλτιον, οἷον ὡς ὄμμα πρὸς ὄμμα καὶ ποὺς πρὸς πόδα,
θάτερον πρὸς θάτερον, καί, εἰ βούλει, ὡς ἀρετὴ πρὸς δικαιοσύνην καὶ κακία
πρὸς ἀδικίαν. Εἰ τοίνυν ἀναλογία ἐν τῷ παντί, καὶ προειπεῖν ἔνι· καὶ εἰ
ποιεῖ δὲ ἐκεῖνα εἰς ταῦτα, οὕτω ποιεῖ, ὡς καὶ τὰ ἐν παντὶ ζῴῳ εἰς ἄλληλα,
οὐχ ὡς θάτερον γεννᾷ θάτερον - ἅμα γὰρ γεννᾶται - ἀλλ´ ὡς, ᾗ πέφυκεν
ἕκαστον, οὕτω καὶ πάσχει τὸ πρόσφορον εἰς τὴν αὐτοῦ φύσιν, καὶ ὅτι τοῦτο
τοιοῦτον, καὶ τὸ τοιοῦτον τοῦτο· οὕτω γὰρ καὶ λόγος εἷς.
| [3,3,6] Comment donc {si les choses mauvaises ne sont pas selon la Providence}
les devins et les astrologues peuvent-ils prédire les choses qui sont
mauvaises? C'est par l'enchaînement qui existe entre les contraires, entre
la forme et la matière, par exemple, dans un animal composé. C'est ainsi
qu'en contemplant la forme et la raison {séminale} on contemple par là
même l'être qui reçoit la forme : car on ne contemple pas de la même
manière l'animal intelligible et l'animal composé ; ce que l'on contemple
dans l'animal composé, c'est la raison {séminale} qui donne la forme à ce
qui est inférieur. Donc, puisque le monde est un animal, quand on
contemple les choses qui y arrivent, on contemple en même temps les causes
qui les font naître, la Providence qui y préside et dont l'action s'étend
avec ordre à tous les êtres et à tous les événements, c'est-à-dire à tous
les animaux, à leurs actions et à leurs dispositions, lesquelles sont
dominées par la Raison et mêlées de Nécessité. On contemple ainsi ce qui a
été mélangé dès l'origine et qui est encore mélangé continuellement. Il en
résulte qu'on ne peut pas, dans ce mélange, distinguer la Providence de ce
qui est conforme à la Providence, ni de ce qui provient de la substance {c'est-à-dire
de la matière, et qui est, par conséquent, informe et mauvais}.
Ce n'est pas là l'oeuvre de l'homme, fût-il sage et divin ; on ne peut
accorder qu'à Dieu un pareil privilège. En effet, la fonction du
devin n'est pas de connaître la cause (g-dioti), mais le fait (g-hoti); son art
consiste à lire les caractères qui sont tracés par la nature, et qui
indiquent invariablement l'ordre et l'enchaînement des faits, ou plutôt à
étudier les signes du mouvement universel, lesquels annoncent le caractère
de chaque être avant qu'on puisse le découvrir en lui. Tous les êtres, en
effet, exercent les uns sur les autres une influence réciproque et
concourent ensemble à la constitution et à la perpétuité du monde.
L'analogie révèle la marche des choses à celui qui l'étudie, parce que
toutes les espèces de divination sont fondées sur ses lois : car toutes
les choses ne devaient pas dépendre les unes des autres, mais avoir
ensemble des rapports fondés sur leur ressemblance. C'est ce qu'on
veut exprimer sans doute quand on dit que l'analogie embrasse tout.
Or, qu'est ce que l'analogie ? c'est une relation entre le pire et le
pire, le meilleur et le meilleur, un oeil et l'autre oeil, le pied et
l'autre pied, entre la vertu et la justice, le vice et l'injustice. Si
donc l'analogie règne dans l'univers, la divination est possible.
L'influence qu'un être exerce sur un autre est conforme aux lois de
l'influence que les membres de l'animal universel doivent exercer les uns
sur les autres. L'un n'engendre pas l'autre ; tous sont engendrés
ensemble; mais chacun est affecté selon sa nature, l'un d'une manière,
l'autre d'une autre. C'est ainsi que la Raison de l'univers est une.
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