[88] ὡς ὅταν τε ἐν αὐτῷ ψυχὴ κρείττων (88a) οὖσα σώματος περιθύμως ἴσχῃ,
διασείουσα πᾶν αὐτὸ ἔνδοθεν νόσων ἐμπίμπλησι,
καὶ ὅταν εἴς τινας μαθήσεις καὶ ζητήσεις συντόνως ἴῃ, κατατήκει,
διδαχάς τ᾽ αὖ καὶ μάχας ἐν λόγοις ποιουμένη δημοσίᾳ καὶ ἰδίᾳ δι᾽ ἐρίδων καὶ
φιλονικίας γιγνομένων διάπυρον αὐτὸ ποιοῦσα σαλεύει, καὶ ῥεύματα ἐπάγουσα, τῶν
λεγομένων ἰατρῶν ἀπατῶσα τοὺς πλείστους, τἀναίται αἰτιᾶσθαι ποιεῖ· σῶμά τε ὅταν
αὖ μέγα καὶ ὑπέρψυχον σμικρᾷ συμφυὲς ἀσθενεῖ τε διανοίᾳ γένηται, διττῶν (88b)
ἐπιθυμιῶν οὐσῶν φύσει κατ᾽ ἀνθρώπους, διὰ σῶμα μὲν τροφῆς, διὰ δὲ τὸ θειότατον
τῶν ἐν ἡμῖν φρονήσεως, αἱ τοῦ κρείττονος κινήσεις κρατοῦσαι καὶ τὸ μὲν σφέτερον
αὔξουσαι, τὸ δὲ τῆς ψυχῆς κωφὸν καὶ δυσμαθὲς ἀμνῆμόν τε ποιοῦσαι, τὴν μεγίστην
νόσον ἀμαθίαν ἐναπεργάζονται. μία δὴ σωτηρία πρὸς ἄμφω, μήτε τὴν ψυχὴν ἄνευ
σώματος κινεῖν μήτε σῶμα ἄνευ ψυχῆς, ἵνα ἀμυνομένω γίγνησθον ἰσορρόπω καὶ (88c)
ὑγιῆ. τὸν δὴ μαθηματικὸν ἤ τινα ἄλλην σφόδρα μελέτην διανοίᾳ κατεργαζόμενον καὶ
τὴν τοῦ σώματος ἀποδοτέον κίνησιν, γυμναστικῇ προσομιλοῦντα, τόν τε αὖ σῶμα
ἐπιμελῶς πλάττοντα τὰς τῆς ψυχῆς ἀνταποδοτέον κινήσεις, μουσικῇ καὶ πάσῃ
φιλοσοφίᾳ προσχρώμενον, εἰ μέλλει δικαίως τις ἅμα μὲν καλός, ἅμα δὲ ἀγαθὸς ὀρθῶς
κεκλῆσθαι. κατὰ δὲ ταὐτὰ ταῦτα καὶ τὰ μέρη θεραπευτέον, τὸ τοῦ παντὸς (88d)
ἀπομιμούμενον εἶδος. τοῦ γὰρ σώματος ὑπὸ τῶν εἰσιόντων καομένου τε ἐντὸς καὶ
ψυχομένου, καὶ πάλιν ὑπὸ τῶν ἔξωθεν ξηραινομένου καὶ ὑγραινομένου καὶ τὰ τούτοις
ἀκόλουθα πάσχοντος ὑπ᾽ ἀμφοτέρων τῶν κινήσεων, ὅταν μέν τις ἡσυχίαν ἄγον τὸ
σῶμα παραδιδῷ ταῖς κινήσεσι, κρατηθὲν διώλετο, ἐὰν δὲ ἥν τε τροφὸν καὶ τιθήνην τοῦ
παντὸς προσείπομεν μιμῆταί τις, καὶ τὸ σῶμα μάλιστα μὲν μηδέποτε ἡσυχίαν ἄγειν
ἐᾷ, κινῇ δὲ καὶ σεισμοὺς ἀεί τινας ἐμποιῶν αὐτῷ διὰ (88e) παντὸς τὰς ἐντὸς καὶ ἐκτὸς
ἀμύνηται κατὰ φύσιν κινήσεις, καὶ μετρίως σείων τά τε περὶ τὸ σῶμα πλανώμενα
παθήματα καὶ μέρη κατὰ συγγενείας εἰς τάξιν κατακοσμῇ πρὸς ἄλληλα, κατὰ τὸν
πρόσθεν λόγον ὃν περὶ τοῦ παντὸς ἐλέγομεν, οὐκ ἐχθρὸν παρ᾽ ἐχθρὸν τιθέμενον
ἐάσει πολέμους ἐντίκτειν τῷ σώματι καὶ νόσους,
| [88] Quand l’âme est en lui plus forte que le corps et
qu’elle est en proie à quelque passion, elle secoue le corps entier par
le dedans et le remplit de maladies ; quand elle se livre avec ardeur à
certaines études et à certaines recherches, elle le consume ; si elle
entreprend d’instruire les autres et s’engage dans des combats de
parole en public et en particulier, elle l’enflamme et l’ébranle par les
querelles et les rivalités qui s’ensuivent, et y provoque des catarrhes
qui donnent le change à ceux qu’on appelle des médecins et leur fait
attribuer le mal à des causes imaginaires. Si c’est au contraire un
corps grand et supérieur à l’âme qui est uni à une intelligence petite
et débile, comme il y a naturellement dans l’homme deux sortes de
désirs, ceux du corps pour la nourriture et ceux de la partie la plus divine de
nous-mêmes pour la sagesse, les mouvements de la partie la plus forte
l’emportent sur ceux de l’autre et augmentent sa part d’influence, et, rendant
l’âme stupide, lente à apprendre et prompte à oublier, ils y
engendrent la plus grave des maladies, l’ignorance. Contre ce double
mal, il n’y a qu’un moyen de salut, ne pas exercer l’âme sans le corps,
ni le corps sans l’âme, afin que, se défendant l’un contre l’autre, ils
s’équilibrent et conservent la santé. Il faut donc que celui qui veut
s’instruire ou qui s’applique fortement à n’importe quel travail
intellectuel donne en retour de l’exercice à son corps par la pratique
de la gymnastique et que, de son côté, celui qui façonne
soigneusement son corps donne en compensation de l’exercice à son
âme, en étudiant la musique et la philosophie dans toutes ses
branches, s’ils veulent l’un et l’autre mériter qu’on les appelle à la fois
bons et beaux.
C’est d’après ces mêmes principes qu’il faut aussi prendre soin des
parties de soi-même, en imitant la forme de l’univers. Comme le
corps est échauffé et refroidi intérieurement par les substances qui
entrent en lui et qu’il est desséché et humecté par les objets
extérieurs, et que, sous l’action de ces doubles mouvements, il subit
les effets qui suivent ces modifications, lorsqu’on abandonne aux
mouvements un corps en repos, il est vaincu et périt. Si, au contraire,
on imite ce que nous avons appelé la nourrice et la mère de l’univers,
si on met le plus grand soin à ne jamais laisser le corps en repos, si on
le remue et si, en lui imprimant sans cesse certaines secousses en
toutes ses parties, on le défend, conformément à la nature, contre les
mouvements intérieurs et extérieurs, et si, en le secouant ainsi
modérément, on établit entre les affections qui errent dans le corps et
ses parties un ordre conforme à leurs affinités, conformément à ce
que nous avons dit plus haut à propos du tout, il ne placera pas un
ennemi à côté d’un ennemi et ne leur permettra pas d’engendrer dans
le corps des guerres et des maladies,
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