[81] (81a) ὅθεν ὑδρευόμενα ἕκαστα πληροῖ τὴν τοῦ κενουμένου βάσιν·
ὁ δὲ τρόπος τῆς πληρώσεως ἀποχωρήσεώς τε γίγνεται καθάπερ ἐν τῷ παντὶ
παντὸς ἡ φορὰ γέγονεν, ἣν τὸ συγγενὲς πᾶν φέρεται πρὸς ἑαυτό. τὰ μὲν γὰρ δὴ
περιεστῶτα ἐκτὸς ἡμᾶς τήκει τε ἀεὶ καὶ διανέμει πρὸς ἕκαστον εἶδος τὸ ὁμόφυλον
ἀποπέμποντα, τὰ δὲ ἔναιμα αὖ, κερματισθέντα ἐντὸς παρ᾽ ἡμῖν καὶ περιειλημμένα
ὥσπερ ὑπ᾽ (81b) οὐρανοῦ συνεστῶτος ἑκάστου τοῦ ζῴου, τὴν τοῦ παντὸς ἀναγκάζεται
μιμεῖσθαι φοράν· πρὸς τὸ συγγενὲς οὖν φερόμενον ἕκαστον τῶν ἐντὸς μερισθέντων
τὸ κενωθὲν τότε πάλιν ἀνεπλήρωσεν. ὅταν μὲν δὴ πλέον τοῦ ἐπιρρέοντος ἀπίῃ, φθίνει
πᾶν, ὅταν δὲ ἔλαττον, αὐξάνεται. νέα μὲν οὖν σύστασις τοῦ παντὸς ζῴου, καινὰ τὰ
τρίγωνα οἷον ἐκ δρυόχων ἔτι ἔχουσα τῶν γενῶν, ἰσχυρὰν μὲν τὴν σύγκλεισιν αὐτῶν
πρὸς ἄλληλα κέκτηται, συμπέπηγεν δὲ ὁ πᾶς ὄγκος αὐτῆς (81c) ἁπαλός, ἅτ᾽ ἐκ μυελοῦ
μὲν νεωστὶ γεγονυίας, τεθραμμένης δὲ ἐν γάλακτι· τὰ δὴ περιλαμβανόμενα ἐν αὐτῇ
τρίγωνα ἔξωθεν ἐπεισελθόντα, ἐξ ὧν ἂν ᾖ τά τε σιτία καὶ ποτά, τῶν ἑαυτῆς τριγώνων
παλαιότερα ὄντα καὶ ἀσθενέστερα καινοῖς ἐπικρατεῖ τέμνουσα, καὶ μέγα
ἀπεργάζεται τὸ ζῷον τρέφουσα ἐκ πολλῶν ὁμοίων. ὅταν δ᾽ ἡ ῥίζα τῶν τριγώνων χαλᾷ
διὰ τὸ πολλοὺς ἀγῶνας ἐν πολλῷ χρόνῳ πρὸς πολλὰ (81d) ἠγωνίσθαι, τὰ μὲν τῆς
τροφῆς εἰσιόντα οὐκέτι δύναται τέμνειν εἰς ὁμοιότητα ἑαυτοῖς, αὐτὰ δὲ ὑπὸ τῶν
ἔξωθεν ἐπεισιόντων εὐπετῶς διαιρεῖται· φθίνει δὴ πᾶν ζῷον ἐν τούτῳ κρατούμενον,
γῆράς τε ὀνομάζεται τὸ πάθος. τέλος δέ, ἐπειδὰν τῶν περὶ τὸν μυελὸν τριγώνων οἱ
συναρμοσθέντες μηκέτι ἀντέχωσιν δεσμοὶ τῷ πόνῳ διιστάμενοι, μεθιᾶσιν τοὺς τῆς
ψυχῆς αὖ δεσμούς, ἡ δὲ λυθεῖσα κατὰ φύσιν μεθ᾽ ἡδονῆς (81e) ἐξέπτατο· πᾶν γὰρ τὸ
μὲν παρὰ φύσιν ἀλγεινόν, τὸ δ᾽ ᾗ πέφυκεν γιγνόμενον ἡδύ. καὶ θάνατος δὴ κατὰ
ταὐτὰ ὁ μὲν κατὰ νόσους καὶ ὑπὸ τραυμάτων γιγνόμενος ἀλγεινὸς καὶ βίαιος, ὁ δὲ
μετὰ γήρως ἰὼν ἐπὶ τέλος κατὰ φύσιν ἀπονώτατος τῶν θανάτων καὶ μᾶλλον μεθ᾽
ἡδονῆς γιγνόμενος ἢ λύπης.
Τὸ δὲ τῶν νόσων ὅθεν συνίσταται, δῆλόν που καὶ παντί.
| [81] c’est de lui que chaque partie du corps tire le liquide dont il
remplit la place laissée vide. Le mode de réplétion et d’évacuation est
le même que celui qui a donné naissance à tous les mouvements qui
se font dans l’univers et qui portent chaque chose vers sa propre
espèce. Et en effet les éléments qui nous environnent au-dehors ne
cessent de nous dissoudre et de répartir et d’envoyer à chaque espèce
de substance ce qui est de même nature qu’elle. De même le sang,
divisé à l’intérieur de notre corps en menus fragments et contenu
dans l’organisme de tout être vivant, qui est pour lui comme un ciel,
est contraint d’imiter le mouvement de l’univers ; chacun des
fragments qui se trouve à l’intérieur se porte vers ce qui lui ressemble
et remplit de nouveau le vide lui s’est formé. Mais quand la perte est
plus grande que l’apport, l’individu dépérit ; quand elle est plus
petite, il s’accroît. Ainsi, quand la structure de l’animal entier est
jeune et que les triangles des espèces qui la constituent sont encore
neufs, comme s’ils sortaient du chantier, ils sont solidement
assemblés ensemble, quoique la consistance de la masse entière soit
molle, attendu qu’elle vient à peine d’être formée de moelle et qu’elle
a été nourrie de lait. Alors, comme les triangles qu’elle englobe et qui
lui viennent du dehors pour lui servir d’aliments et de boissons, sont
plus vieux et plus faibles que les siens propres, elle les maîtrise en les
coupant avec ses triangles neufs et fait grandir l’animal en le
nourrissant de beaucoup d’éléments semblables aux siens. Mais
quand la racine des triangles se distend à la suite des nombreux
combats qu’ils ont soutenus longtemps contre de nombreux
adversaires, ils ne peuvent plus diviser et s’assimiler les triangles
nourriciers qui entrent ; ce sont eux qui sont facilement divisés par
ceux qui viennent du dehors. Alors l’animal tout entier, vaincu dans
cette lutte, dépérit et cet état se nomme vieillesse. Enfin, lorsque les
liens qui tiennent assemblés les triangles de la moelle, distendus par
la fatigue, ne tiennent plus, ils laissent à leur tour les liens de l’âme se
relâcher, et celle-ci, délivrée conformément à la nature, s’envole
joyeusement ; car, si tout ce qui est contraire à la nature est
douloureux, tout ce qui arrive naturellement est agréable. Et c’est
ainsi que la mort causée par des maladies ou par des blessures est
douloureuse et violente, tandis que celle qui vient avec la vieillesse au
terme marqué par la nature est de toutes les morts la moins pénible
et s’accompagne plutôt de joie que de douleur.
D’où proviennent les maladies, n’importe qui, je pense, peut s’en
rendre compte.
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