[20] (20a) ἅμα ἀμφοτέρων φύσει καὶ τροφῇ μετέχον.
Τίμαιός τε γὰρ ὅδε, εὐνομωτάτης ὢν πόλεως τῆς ἐν Ἰταλίᾳ Λοκρίδος, οὐσίᾳ
καὶ γένει οὐδενὸς ὕστερος ὢν τῶν ἐκεῖ, τὰς μεγίστας μὲν ἀρχάς τε καὶ τιμὰς τῶν ἐν τῇ
πόλει μετακεχείρισται, φιλοσοφίας δ᾽ αὖ κατ᾽ ἐμὴν δόξαν ἐπ᾽ ἄκρον ἁπάσης
ἐλήλυθεν· Κριτίαν δέ που πάντες οἱ τῇδε ἴσμεν οὐδενὸς ἰδιώτην ὄντα ὧν λέγομεν. τῆς
δὲ Ἑρμοκράτους αὖ περὶ φύσεως καὶ τροφῆς, πρὸς ἅπαντα ταῦτ᾽ εἶναι ἱκανὴν πολλῶν
μαρτυρούντων (20b) πιστευτέον. διὸ καὶ χθὲς ἐγὼ διανοούμενος, ὑμῶν δεομένων τὰ
περὶ τῆς πολιτείας διελθεῖν, προθύμως ἐχαριζόμην, εἰδὼς ὅτι τὸν ἑξῆς λόγον οὐδένες
ἂν ὑμῶν ἐθελόντων ἱκανώτερον ἀποδοῖεν –εἰς γὰρ πόλεμον πρέποντα
καταστήσαντες τὴν πόλιν ἅπαντ᾽ αὐτῇ τὰ προσήκοντα ἀποδοῖτ᾽ ἂν μόνοι τῶν νῦν–
εἰπὼν δὴ τἀπιταχθέντα ἀντεπέταξα ὑμῖν ἃ καὶ νῦν λέγω. συνωμολογήσατ᾽ οὖν κοινῇ
σκεψάμενοι πρὸς ὑμᾶς (20c) αὐτοὺς εἰς νῦν ἀνταποδώσειν μοι τὰ τῶν λόγων ξένια,
πάρειμί τε οὖν δὴ κεκοσμημένος ἐπ᾽ αὐτὰ καὶ πάντων ἑτοιμότατος ὢν δέχεσθαι.
(Ἑρμοκράτης)
Καὶ μὲν δή, καθάπερ εἶπεν Τίμαιος ὅδε, ὦ Σώκρατες, οὔτε ἐλλείψομεν προθυμίας
οὐδὲν οὔτε ἔστιν οὐδεμία πρόφασις ἡμῖν τοῦ μὴ δρᾶν ταῦτα· ὥστε καὶ χθές, εὐθὺς
ἐνθένδε ἐπειδὴ παρὰ Κριτίαν πρὸς τὸν ξενῶνα οὗ καὶ καταλύομεν ἀφικόμεθα, καὶ ἔτι
πρότερον καθ᾽ ὁδὸν αὐτὰ ταῦτ᾽ ἐσκοποῦμεν. (20d) ὅδε οὖν ἡμῖν λόγον εἰσηγήσατο ἐκ
παλαιᾶς ἀκοῆς· ὃν καὶ νῦν λέγε, ὦ Κριτία, τῷδε, ἵνα συνδοκιμάσῃ πρὸς τὴν ἐπίταξιν
εἴτ᾽ ἐπιτήδειος εἴτε ἀνεπιτήδειός ἐστι.
(Κριτίας) Ταῦτα χρὴ δρᾶν, εἰ καὶ τῷ τρίτῳ κοινωνῷ Τιμαίῳ συνδοκεῖ.
(Τίμαιος) Δοκεῖ μήν.
(Κριτίας)
Ἄκουε δή, ὦ Σώκρατες, λόγου μάλα μὲν ἀτόπου, παντάπασί γε μὴν ἀληθοῦς, ὡς ὁ τῶν
ἑπτὰ σοφώτατος (20e) Σόλων ποτ᾽ ἔφη. ἦν μὲν οὖν οἰκεῖος καὶ σφόδρα φίλος ἡμῖν
Δρωπίδου τοῦ προπάππου, καθάπερ λέγει πολλαχοῦ καὶ αὐτὸς ἐν τῇ ποιήσει· πρὸς δὲ
Κριτίαν τὸν ἡμέτερον πάππον εἶπεν, ὡς ἀπεμνημόνευεν αὖ πρὸς ἡμᾶς ὁ γέρων, ὅτι
μεγάλα καὶ θαυμαστὰ τῆσδ᾽ εἴη παλαιὰ ἔργα τῆς πόλεως ὑπὸ χρόνου καὶ φθορᾶς
ἀνθρώπων ἠφανισμένα, πάντων δὲ ἓν μέγιστον,
| [20] qui, par leur naturel et leur éducation,
tiennent à la fois du philosophe et du politique. Notre ami Timée, par
exemple, qui est citoyen de la ville si bien policée de Locres en Italie,
et qui dans son pays ne le cède à personne ni pour la fortune ni pour
la naissance, a exercé les plus grandes charges et joui des plus grands
honneurs dans sa patrie, et il s’est élevé de même au faîte de la
philosophie dans toutes ses branches. Quant à Critias, nous savons
tous ici qu’il n’est étranger à rien de ce qui nous occupe. Pour
Hermocrate, de nombreux témoignages nous forcent à croire qu’il
est, de par son naturel et son éducation, à la hauteur de toutes ces
questions. C’est en pensant à vos talents qu’hier, quand vous m’avez
prié de vous exposer mes vues sur l’État, j’y ai consenti de grand
coeur. Je savais que personne ne serait plus capable que vous autres,
si vous le vouliez, de poursuivre un pareil propos. Car après avoir
engagé la cité dans une guerre honorable, il n’y a que vous parmi les
hommes de notre temps qui puissiez achever de lui donner tout ce
qui lui convient. Maintenant que j’ai traité la question dont vous
m’aviez chargé, je vous prie à mon tour de traiter celle que je vous
propose à présent. Après vous être concertés entre vous, vous êtes
convenus d’un commun accord de reconnaître mon hospitalité en me
rendant discours pour discours. J’ai fait toilette pour recevoir la vôtre
et vous m’y voyez tout disposé.
HERMOCRATE
Sois sûr, Socrate, que, comme l’a dit notre ami Timée, nous y
mettrons tout notre empressement et que nous n’alléguerons aucun
prétexte pour te refuser. Dès hier même, en sortant d’ici, pour gagner
la chambre où nous logeons chez Critias, nous avons, à peine arrivés,
et même avant, tout le long de la route, réfléchi à ce que tu demandes.
Critias nous a fait alors un récit reposant sur une ancienne tradition.
Redis-le-lui, Critias, pour qu’il nous aide à juger si elle répond ou non
à ce qu’il requiert de nous.
CRITIAS
C’est ce qu’il faut faire, si notre troisième compagnon, Timée, est
aussi de cet avis.
TIMÉE Oui, j’en suis.
CRITIAS
Écoute donc, Socrate, une histoire à la vérité fort étrange, mais
exactement vraie, comme l’a jadis affirmé Solon, le plus sage des sept
sages. Il était parent et grand ami de Dropidès, mon bisaïeul, comme
il le dit lui-même en maint endroit de ses poésies. Or il raconta à
Critias, mon grand-père, comme ce vieillard me le redit à son tour,
que notre ville avait autrefois accompli de grands et admirables
exploits, effacés aujourd’hui par le temps et les destructions
d’hommes. Mais il en est un qui les surpasse tous,
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