[51] (51a) ταὐτὸν οὖν καὶ τῷ τὰ τῶν πάντων ἀεί τε ὄντων κατὰ πᾶν ἑαυτοῦ πολλάκις
ἀφομοιώματα καλῶς μέλλοντι δέχεσθαι πάντων ἐκτὸς αὐτῷ προσήκει πεφυκέναι τῶν εἰδῶν. διὸ δὴ
τὴν τοῦ γεγονότος ὁρατοῦ καὶ πάντως αἰσθητοῦ μητέρα καὶ ὑποδοχὴν μήτε γῆν μήτε
ἀέρα μήτε πῦρ μήτε ὕδωρ λέγωμεν, μήτε ὅσα ἐκ τούτων μήτε ἐξ ὧν ταῦτα γέγονεν·
ἀλλ᾽ ἀνόρατον εἶδός τι καὶ ἄμορφον, πανδεχές, μεταλαμβάνον (51b) δὲ ἀπορώτατά πῃ
τοῦ νοητοῦ καὶ δυσαλωτότατον αὐτὸ λέγοντες οὐ ψευσόμεθα. καθ᾽ ὅσον δ᾽ ἐκ τῶν
προειρημένων δυνατὸν ἐφικνεῖσθαι τῆς φύσεως αὐτοῦ, τῇδ᾽ ἄν τις ὀρθότατα λέγοι·
πῦρ μὲν ἑκάστοτε αὐτοῦ τὸ πεπυρωμένον μέρος φαίνεσθαι, τὸ δὲ ὑγρανθὲν ὕδωρ, γῆν
τε καὶ ἀέρα καθ᾽ ὅσον ἂν μιμήματα τούτων δέχηται. λόγῳ δὲ δὴ μᾶλλον τὸ τοιόνδε
διοριζομένους περὶ αὐτῶν διασκεπτέον· ἆρα ἔστιν τι πῦρ αὐτὸ ἐφ᾽ ἑαυτοῦ καὶ πάντα
περὶ ὧν ἀεὶ λέγομεν οὕτως (51c) αὐτὰ καθ᾽ αὑτὰ ὄντα ἕκαστα, ἢ ταῦτα ἅπερ καὶ
βλέπομεν, ὅσα τε ἄλλα διὰ τοῦ σώματος αἰσθανόμεθα, μόνα ἐστὶν τοιαύτην ἔχοντα
ἀλήθειαν, ἄλλα δὲ οὐκ ἔστι παρὰ ταῦτα οὐδαμῇ οὐδαμῶς, ἀλλὰ μάτην ἑκάστοτε εἶναί
τί φαμεν εἶδος ἑκάστου νοητόν, τὸ δ᾽ οὐδὲν ἄρ᾽ ἦν πλὴν λόγος; οὔτε οὖν δὴ τὸ παρὸν
ἄκριτον καὶ ἀδίκαστον ἀφέντα ἄξιον φάναι διισχυριζόμενον ἔχειν οὕτως, οὔτ᾽ ἐπὶ
λόγου μήκει πάρεργον (51d) ἄλλο μῆκος ἐπεμβλητέον· εἰ δέ τις ὅρος ὁρισθεὶς μέγας
διὰ βραχέων φανείη, τοῦτο μάλιστα ἐγκαιριώτατον γένοιτ᾽ ἄν. ὧδε οὖν τήν γ᾽ ἐμὴν
αὐτὸς τίθεμαι ψῆφον. εἰ μὲν νοῦς καὶ δόξα ἀληθής ἐστον δύο γένη, παντάπασιν εἶναι
καθ᾽ αὑτὰ ταῦτα, ἀναίσθητα ὑφ᾽ ἡμῶν εἴδη, νοούμενα μόνον· εἰ δ᾽, ὥς τισιν φαίνεται,
δόξα ἀληθὴς νοῦ διαφέρει τὸ μηδέν, πάνθ᾽ ὁπόσ᾽ αὖ διὰ τοῦ σώματος αἰσθανόμεθα
θετέον βεβαιότατα. (51e) δύο δὴ λεκτέον ἐκείνω, διότι χωρὶς γεγόνατον ἀνομοίως τε
ἔχετον. τὸ μὲν γὰρ αὐτῶν διὰ διδαχῆς, τὸ δ᾽ ὑπὸ πειθοῦς ἡμῖν ἐγγίγνεται· καὶ τὸ μὲν
ἀεὶ μετ᾽ ἀληθοῦς λόγου, τὸ δὲ ἄλογον· καὶ τὸ μὲν ἀκίνητον πειθοῖ, τὸ δὲ μεταπειστόν·
καὶ τοῦ μὲν πάντα ἄνδρα μετέχειν φατέον, νοῦ δὲ θεούς, ἀνθρώπων δὲ γένος βραχύ τι.
| [51] Il en est de même de ce qui doit recevoir fréquemment, dans de bonnes
conditions et dans toute son étendue, les images de tous les êtres
éternels : il convient que cela soit, par nature, en dehors de toutes les
formes. C’est pourquoi il ne faut pas dire que la mère et le réceptacle
de tout ce qui est né visible ou sensible d’une manière ou d’une autre,
c’est la terre, ou l’air ou le feu ou l’eau, ou aucune des choses qui en
sont formées ou qui leur ont donné naissance. Mais si nous disons
que c’est une espèce invisible et sans forme qui reçoit tout et qui
participe de l’intelligible d’une manière fort obscure et très difficile à
comprendre, nous ne mentirons pas. Autant qu’on peut, d’après ce
que nous venons de dire, atteindre la nature de cette espèce, voici ce
qu’on en peut dire de plus exact : la partie d’elle qui est en ignition
paraît toujours être du feu, la partie liquéfiée de l’eau, et de la terre et
de l’air, dans la mesure où elle reçoit des images de ces éléments.
Mais il faut, en poursuivant notre enquête sur les éléments, éclaircir
la question que voici par le raisonnement. Y a-t-il un feu qui soit le
feu en soi et toutes les choses dont nous répétons sans cesse qu’elles
existent ainsi en soi ont-elles réellement une existence individuelle ?
Ou bien toutes les choses que nous voyons et
toutes celles que nous percevons par le corps sont-elles les seules qui
aient une telle réalité et n’y en a-t-il absolument pas d’autre nulle
part ? Parlons-nous en l’air, quand nous affirmons qu’il y a toujours
de chaque objet une forme intelligible et n’est-ce donc là que du
verbiage ? Il est certain que nous ne pouvons pas affirmer qu’il en est
ainsi, sans avoir discuté la question et prononcé notre jugement, ni
insérer dans notre discours déjà long une longue digression. Mais si
nous trouvions une distinction importante, exprimable en peu de
mots, rien ne serait plus à propos. Pour ma part, voici le jugement
que j’en porte. Si l’intelligence et l’opinion vraie sont deux genres
distincts, ces idées existent parfaitement en elles-mêmes : ce sont des
formes que nous ne pouvons percevoir par les sens, mais seulement
par l’esprit. Si, au contraire, comme il semble à quelques-uns,
l’opinion vraie ne diffère en rien de l’intelligence, il faut admettre que
tout ce que nous percevons par le corps est ce qu’il y a de plus certain.
Mais il faut reconnaître que ce sont deux choses distinctes, parce
qu’elles ont une origine séparée et n’ont aucune ressemblance. Car
l’une est produite en nous par l’instruction, l’autre par la persuasion ;
la première va toujours avec le discours vrai, l’autre ne raisonne pas ;
l’une est inébranlable à la persuasion, l’autre s’y laisse fléchir.
Ajoutons que tous les hommes ont part à l’opinion, mais que
l’intelligence est le privilège des dieux et d’un petit nombre d’hommes.
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