[148] (ΘΕΑΙ.) Τὸν τοίνυν μεταξὺ τούτου, ὧν καὶ τὰ τρία καὶ
(148a) τὰ πέντε καὶ πᾶς ὃς ἀδύνατος ἴσος ἰσάκις γενέσθαι, ἀλλ´ ἢ
πλείων ἐλαττονάκις ἢ ἐλάττων πλεονάκις γίγνεται, μείζων
δὲ καὶ ἐλάττων ἀεὶ πλευρὰ αὐτὸν περιλαμβάνει, τῷ προμήκει
αὖ σχήματι ἀπεικάσαντες προμήκη ἀριθμὸν ἐκαλέσαμεν.
(ΣΩ.) Κάλλιστα. ἀλλὰ τί τὸ μετὰ τοῦτο;
(ΘΕΑΙ.) Ὅσαι μὲν γραμμαὶ τὸν ἰσόπλευρον καὶ ἐπίπεδον
ἀριθμὸν τετραγωνίζουσι, μῆκος ὡρισάμεθα, ὅσαι δὲ τὸν ἑτερομήκη,
(148b) δυνάμεις, ὡς μήκει μὲν οὐ συμμέτρους ἐκείναις, τοῖς δ´
ἐπιπέδοις ἃ δύνανται. καὶ περὶ τὰ στερεὰ ἄλλο τοιοῦτον.
(ΣΩ.) Ἄριστά γ´ ἀνθρώπων, ὦ παῖδες· ὥστε μοι δοκεῖ ὁ
Θεόδωρος οὐκ ἔνοχος τοῖς ψευδομαρτυρίοις ἔσεσθαι.
(ΘΕΑΙ.) Καὶ μήν, ὦ Σώκρατες, ὅ γε ἐρωτᾷς περὶ ἐπιστήμης
οὐκ ἂν δυναίμην ἀποκρίνασθαι ὥσπερ περὶ τοῦ
μήκους τε καὶ τῆς δυνάμεως. καίτοι σύ γέ μοι δοκεῖς τοιοῦτόν
τι ζητεῖν· ὥστε πάλιν αὖ φαίνεται ψευδὴς ὁ Θεόδωρος.
(148c) (ΣΩ.) Τί δέ; εἴ σε πρὸς δρόμον ἐπαινῶν μηδενὶ οὕτω
δρομικῷ ἔφη τῶν νέων ἐντετυχηκέναι, εἶτα διαθέων τοῦ
ἀκμάζοντος καὶ ταχίστου ἡττήθης, ἧττόν τι ἂν οἴει ἀληθῆ
τόνδ´ ἐπαινέσαι;
(ΘΕΑΙ.) Οὐκ ἔγωγε.
(ΣΩ.) Ἀλλὰ τὴν ἐπιστήμην, ὥσπερ νυνδὴ ἐγὼ ἔλεγον,
σμικρόν τι οἴει εἶναι ἐξευρεῖν καὶ οὐ τῶν πάντῃ ἄκρων;
(ΘΕΑΙ.) Νὴ τὸν Δί´ ἔγωγε καὶ μάλα γε τῶν ἀκροτάτων.
(ΣΩ.) Θάρρει τοίνυν περὶ σαυτῷ καὶ τὶ οἴου Θεόδωρον
(148d) λέγειν, προθυμήθητι δὲ παντὶ τρόπῳ τῶν τε ἄλλων πέρι καὶ
ἐπιστήμης λαβεῖν λόγον τί ποτε τυγχάνει ὄν.
(ΘΕΑΙ.) Προθυμίας μὲν ἕνεκα, ὦ Σώκρατες, φανεῖται.
(ΣΩ.) Ἴθι δή—καλῶς γὰρ ἄρτι ὑφηγήσω—πειρῶ μιμούμενος
τὴν περὶ τῶν δυνάμεων ἀπόκρισιν, ὥσπερ ταύτας
πολλὰς οὔσας ἑνὶ εἴδει περιέλαβες, οὕτω καὶ τὰς πολλὰς
ἐπιστήμας ἑνὶ λόγῳ προσειπεῖν.
(148e) (ΘΕΑΙ.) Ἀλλ´ εὖ ἴσθι, ὦ Σώκρατες, πολλάκις δὴ αὐτὸ
ἐπεχείρησα σκέψασθαι, ἀκούων τὰς παρὰ σοῦ ἀποφερομένας
ἐρωτήσεις. ἀλλὰ γὰρ οὔτ´ αὐτὸς δύναμαι πεῖσαι ἐμαυτὸν ὡς
ἱκανῶς τι λέγω οὔτ´ ἄλλου ἀκοῦσαι λέγοντος οὕτως ὡς σὺ διακελεύῃ,
οὐ μὲν δὴ αὖ οὐδ´ ἀπαλλαγῆναι τοῦ μέλειν.
(ΣΩ.) Ὠδίνεις γάρ, ὦ φίλε Θεαίτητε, διὰ τὸ μὴ κενὸς
ἀλλ´ ἐγκύμων εἶναι.
(ΘΕΑΙ.) Οὐκ οἶδα, ὦ Σώκρατες· ὃ μέντοι πέπονθα λέγω.
| [148] (THÉÉTÈTE)
Pour les nombres placés entre les premiers, comme le trois, le cinq et tous les
nombres qui ne peuvent être formés en multipliant des facteurs égaux, mais
seulement en multipliant un plus grand par un plus petit ou un plus petit par un
plus grand et qui s’expriment toujours par une figure aux côtés inégaux, nous
les avons représentés sous la figure d’un rectangle et les avons nommés
rectangulaires.
(SOCRATE)
C’est parfait. Et qu’avez-vous fait après cela ?
(THÉÉTÈTE)
Toutes les lignes dont le carré forme un nombre plan équilatère, nous les avons
définies longueurs, et toutes celles dont le carré forme un nombre aux facteurs
inégaux, nous les avons définies racines, parce qu’elles ne sont pas
commensurables avec les autres pour la longueur, mais seulement pour les aires
qu’elles ont le pouvoir de former. Et nous avons opéré de même pour les solides.
(SOCRATE)
C’est parfait, mes enfants. Aussi je ne crois pas qu’on accusera Théodore de
faux témoignage.
(THÉÉTÈTE)
Pourtant, Socrate, la question que tu me poses au sujet de la science, je ne me
crois pas capable de la résoudre, comme celle qui a trait à la longueur et à la
racine. C’est pourtant, ce me semble, une solution du même genre que tu
cherches. Voilà qui dément encore une fois l’éloge de Théodore.
(SOCRATE)
Quoi donc ? s’il eût vanté ton agilité à la course, en disant qu’il n’avait pas
encore rencontré parmi les jeunes garçons un coureur qui te valût, et si, ayant
à disputer le prix à un homme fait d’une vitesse extrême, tu avais eu le
dessous, crois-tu que l’éloge que Théodore aurait fait de toi en serait devenu
moins vrai ?
(THÉÉTÈTE)
Non pas.
(SOCRATE)
Alors crois-tu que la science, comme je le disais tout à l’heure, soit chose
facile à découvrir et n’exige pas un esprit tout à fait supérieur ?
(THÉÉTÈTE)
Au contraire, par Zeus, elle exige même un esprit supérieur entre tous.
(SOCRATE)
Aie donc confiance en toi, persuade-toi que Théodore parle sérieusement, et mets
toute ton application à te rendre compte de la nature des choses et en
particulier de la nature de la science.
(THÉÉTÈTE)
Pour ce qui est de mon application, Socrate, tu pourras t’en assurer.
(SOCRATE)
VI. — Allons maintenant, puisque tu viens si bien d’ouvrir la voie, prends pour
modèle la réponse que tu as faite sur les racines et, de même que tu les as
toutes renfermées, quel qu’en fût le nombre, dans une forme unique, essaye aussi
de désigner les nombreuses formes de la connaissance par un terme unique.
(THÉÉTÈTE)
Tu sauras, Socrate, que j’ai déjà mainte fois abordé ce problème, en entendant
rapporter tes questions à ce sujet. Malheureusement je ne puis me persuader que
j’aie trouvé moi-même une définition satisfaisante, et je n’ai jamais entendu
personne en donner une comme tu la souhaites. Malgré cela, je ne puis me
désintéresser de la question.
(SOCRATE)
C’est que tu es en butte aux douleurs de l’enfantement, mon cher Théétète, parce
que ton âme n’est pas vide, mais grosse.
(THÉÉTÈTE)
Je ne sais pas, Socrate, je te dis seulement ce que j’éprouve.
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