[210] τὸ γὰρ γνῶναι (210a) ἐπιστήμην που λαβεῖν ἐστιν· ἦ γάρ;
(ΘΕΑΙ.) Ναί.
(ΣΩ.) Οὐκοῦν ἐρωτηθείς, ὡς ἔοικε, τί ἐστιν ἐπιστήμη,
ἀποκρινεῖται ὅτι δόξα ὀρθὴ μετὰ ἐπιστήμης διαφορότητος.
λόγου γὰρ πρόσληψις τοῦτ´ ἂν εἴη κατ´ ἐκεῖνον.
(ΘΕΑΙ.) Ἔοικεν.
(ΣΩ.) Καὶ παντάπασί γε εὔηθες, ζητούντων ἡμῶν ἐπιστήμην,
δόξαν φάναι ὀρθὴν εἶναι μετ´ ἐπιστήμης εἴτε διαφορότητος
εἴτε ὁτουοῦν. οὔτε ἄρα αἴσθησις, ὦ Θεαίτητε, οὔτε
(210b) δόξα ἀληθὴς οὔτε μετ´ ἀληθοῦς δόξης λόγος προσγιγνόμενος
ἐπιστήμη ἂν εἴη.
(ΘΕΑΙ.) Οὐκ ἔοικεν.
(ΣΩ.) Ἦ οὖν ἔτι κυοῦμέν τι καὶ ὠδίνομεν, ὦ φίλε, περὶ
ἐπιστήμης, ἢ πάντα ἐκτετόκαμεν;
(ΘΕΑΙ.) Καὶ ναὶ μὰ Δί´ ἔγωγε πλείω ἢ ὅσα εἶχον ἐν
ἐμαυτῷ διὰ σὲ εἴρηκα.
(ΣΩ.) Οὐκοῦν ταῦτα μὲν πάντα ἡ μαιευτικὴ ἡμῖν τέχνη
ἀνεμιαῖά φησι γεγενῆσθαι καὶ οὐκ ἄξια τροφῆς;
(ΘΕΑΙ.) Παντάπασι μὲν οὖν.
(ΣΩ.) Ἐὰν τοίνυν ἄλλων μετὰ ταῦτα ἐγκύμων ἐπιχειρῇς
(210c) γίγνεσθαι, ὦ Θεαίτητε, ἐάντε γίγνῃ, βελτιόνων ἔσῃ πλήρης
διὰ τὴν νῦν ἐξέτασιν, ἐάντε κενὸς ᾖς, ἧττον ἔσῃ βαρὺς τοῖς
συνοῦσι καὶ ἡμερώτερος σωφρόνως οὐκ οἰόμενος εἰδέναι ἃ
μὴ οἶσθα. τοσοῦτον γὰρ μόνον ἡ ἐμὴ τέχνη δύναται, πλέον
δὲ οὐδέν, οὐδέ τι οἶδα ὧν οἱ ἄλλοι, ὅσοι μεγάλοι καὶ θαυμάσιοι
ἄνδρες εἰσί τε καὶ γεγόνασιν· τὴν δὲ μαιείαν ταύτην
ἐγώ τε καὶ ἡ μήτηρ ἐκ θεοῦ ἐλάχομεν, ἡ μὲν τῶν γυναικῶν,
(210d) ἐγὼ δὲ τῶν νέων τε καὶ γενναίων καὶ ὅσοι καλοί. νῦν μὲν
οὖν ἀπαντητέον μοι εἰς τὴν τοῦ βασιλέως στοὰν ἐπὶ τὴν
Μελήτου γραφὴν ἥν με γέγραπται· ἕωθεν δέ, ὦ Θεόδωρε,
δεῦρο πάλιν ἀπαντῶμεν.
| [210] car connaître, c’est avoir acquis la science, n’est-ce pas ?
(THÉÉTÈTE)
Oui.
(SOCRATE)
Alors, si on lui demande ce qu’est la science, l’auteur de la définition
répondra apparemment que c’est l’opinion droite avec la science de la différence ;
car l’adjonction de la raison serait cela, selon lui.
(THÉÉTÈTE)
Il semble.
(SOCRATE)
Et c’est le comble de la naïveté de nous dire à nous qui cherchons la science,
que c’est l’opinion droite avec la science de la différence ou de toute autre
chose. Ainsi, Théétète, la science n’est ni la sensation, ni l’opinion vraie, ni
la raison ajoutée à l’opinion vraie.
(THÉÉTÈTE)
Il semble que non.
(SOCRATE)
Maintenant sommes-nous encore gros de quelque chose, cher ami, et sentons-nous
des douleurs d’enfantement au sujet de la science, ou sommes-nous entièrement
délivrés ?
(THÉÉTÈTE)
Oui, par Zeus, et j’ai dit avec ton aide plus de choses que je n’en portais en moi.
(SOCRATE)
Mais tout cela, notre art maïeutique n’affirme-t-il pas que ce n’était que du
vent et que cela ne mérite pas qu’on le nourrisse ?
(THÉÉTÈTE)
Certainement.
(SOCRATE)
XLIV. — Si donc, Théétète, tu essayes par la suite de concevoir d’autres
pensées et si tu les conçois, tu seras plein de choses meilleures grâce à la
discussion présente, et, si tu demeures vide, tu seras moins à charge à ceux que
tu fréquenteras, et plus doux, parce que tu seras assez sage pour ne pas croire
que tu sais ce que tu ne sais pas. C’est là tout ce que mon art peut faire, et
rien de plus. Je ne sais rien de ce que savent les grands et admirables sages de
ce temps et du temps passé. Quant à l’art d’accoucher, ma mère et moi, nous
l’avons reçu de Dieu, elle pour les femmes, et moi pour les jeunes gens d’âme
généreuse et pour tous ceux qui sont beaux.
Et maintenant il faut que je me rende au Portique du Roi pour répondre à
l’accusation que m’a intentée Mélétos. Mais je te donne rendez-vous ici pour
demain matin, Théodore.
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