HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Théétète

Page 184

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[184] (184a) καί μοι ἐφάνη βάθος τι ἔχειν παντάπασι γενναῖον. φοβοῦμαι οὖν μὴ οὔτε τὰ λεγόμενα συνιῶμεν, τί τε διανοούμενος εἶπε πολὺ πλέον λειπώμεθα, καὶ τὸ μέγιστον, οὗ ἕνεκα λόγος ὥρμηται, ἐπιστήμης πέρι τί ποτ´ ἐστίν, ἄσκεπτον γένηται ὑπὸ τῶν ἐπεισκωμαζόντων λόγων, εἴ τις αὐτοῖς πείσεται· ἄλλως τε καὶ ὃν νῦν ἐγείρομεν πλήθει ἀμήχανον, εἴτε τις ἐν παρέργῳ σκέψεται, ἀνάξι´ ἂν πάθοι, εἴτε ἱκανῶς, μηκυνόμενος τὸ τῆς ἐπιστήμης ἀφανιεῖ. δεῖ δὲ οὐδέτερα, ἀλλὰ Θεαίτητον (184b) ὧν κυεῖ περὶ ἐπιστήμης πειρᾶσθαι ἡμᾶς τῇ μαιευτικῇ τέχνῃ ἀπολῦσαι. (ΘΕΟ.) Ἀλλὰ χρή, εἰ δοκεῖ, οὕτω ποιεῖν. (ΣΩ.) Ἔτι τοίνυν, Θεαίτητε, τοσόνδε περὶ τῶν εἰρημένων ἐπίσκεψαι. αἴσθησιν γὰρ δὴ ἐπιστήμην ἀπεκρίνω· γάρ; (ΘΕΑΙ.) Ναί. (ΣΩ.) Εἰ οὖν τίς σε ὧδ´ ἐρωτῴη· "Τῷ τὰ λευκὰ καὶ μέλανα ὁρᾷ ἄνθρωπος καὶ τῷ τὰ ὀξέα καὶ βαρέα ἀκούει;" εἴποις ἂν οἶμαι "Ὄμμασί τε καὶ ὠσίν." (ΘΕΑΙ.) Ἔγωγε. (184c) (ΣΩ.) Τὸ δὲ εὐχερὲς τῶν ὀνομάτων τε καὶ ῥημάτων καὶ μὴ δι´ ἀκριβείας ἐξεταζόμενον τὰ μὲν πολλὰ οὐκ ἀγεννές, ἀλλὰ μᾶλλον τὸ τούτου ἐναντίον ἀνελεύθερον, ἔστι δὲ ὅτε ἀναγκαῖον, οἷον καὶ νῦν ἀνάγκη ἐπιλαβέσθαι τῆς ἀποκρίσεως ἣν ἀποκρίνῃ, οὐκ ὀρθή. σκόπει γάρ· ἀπόκρισις ποτέρα ὀρθοτέρα, ὁρῶμεν τοῦτο εἶναι ὀφθαλμούς, δι´ οὗ ὁρῶμεν, καὶ ἀκούομεν ὦτα, δι´ οὗ ἀκούομεν; (ΘΕΑΙ.) Δι´ ὧν ἕκαστα αἰσθανόμεθα, ἔμοιγε δοκεῖ, Σώκρατες, μᾶλλον οἷς. (184d) (ΣΩ.) Δεινὸν γάρ που, παῖ, εἰ πολλαί τινες ἐν ἡμῖν ὥσπερ ἐν δουρείοις ἵπποις αἰσθήσεις ἐγκάθηνται, ἀλλὰ μὴ εἰς μίαν τινὰ ἰδέαν, εἴτε ψυχὴν εἴτε ὅτι δεῖ καλεῖν, πάντα ταῦτα συντείνει, διὰ τούτων οἷον ὀργάνων αἰσθανόμεθα ὅσα αἰσθητά. (ΘΕΑΙ.) Ἀλλά μοι δοκεῖ οὕτω μᾶλλον ἐκείνως. (ΣΩ.) Τοῦδέ τοι ἕνεκα αὐτά σοι διακριβοῦμαι, εἴ τινι ἡμῶν αὐτῶν τῷ αὐτῷ διὰ μὲν ὀφθαλμῶν ἐφικνούμεθα λευκῶν τε (184e) καὶ μελάνων, διὰ δὲ τῶν ἄλλων ἑτέρων αὖ τινῶν· καὶ ἕξεις ἐρωτώμενος πάντα τὰ τοιαῦτα εἰς τὸ σῶμα ἀναφέρειν; ἴσως δὲ βέλτιον σὲ λέγειν αὐτὰ ἀποκρινόμενον μᾶλλον ἐμὲ ὑπὲρ σοῦ πολυπραγμονεῖν. καί μοι λέγε· θερμὰ καὶ σκληρὰ καὶ κοῦφα καὶ γλυκέα δι´ ὧν αἰσθάνῃ, ἆρα οὐ τοῦ σώματος ἕκαστα τίθης; ἄλλου τινός; (ΘΕΑΙ.) Οὐδενὸς ἄλλου. [184] et il m’a paru avoir une profondeur d’une rare qualité.
Aussi j’ai peur que nous ne comprenions pas ses paroles
et que sa pensée ne nous dépasse bien plus encore ; mais ce que
je crains le plus, c’est que la question pour laquelle nous sommes entrés en
discussion, à savoir la nature de la science, ne soit point étudiée, par suite
des digressions qui nous envahiraient, si nous les écoutions. D’ailleurs le
sujet que nous éveillons ici est d’une étendue infinie ; si nous ne l’examinons
qu’en passant, nous lui ferons tort, et si nous l’examinons comme il le mérite,
son étendue nous fera perdre de vue la question de la science. Il faut
s’abstenir de l’un comme de l’autre, et tâcher plutôt par notre art d’accoucheur
de délivrer Théétète de ses conceptions sur la science.
(THÉODORE)
Oui, c’est ce qu’il faut faire, si tu en es d’avis.
(SOCRATE)
Fais donc encore, Théétète, l’observation suivante sur ce qui a été dit. Tu as
répondu, n’est-ce pas, que la sensation est la science ?
(THÉÉTÈTE)
Oui.
(SOCRATE)
Maintenant, si l’on te demandait avec quoi l’homme voit le blanc et le noir et
avec quoi il entend les sons aigus et les graves, tu dirais, je pense : avec les
yeux et les oreilles.
(THÉÉTÈTE)
Oui.
(SOCRATE)
Employer les mots et les phrases à son aise, sans les passer rigoureusement au
crible, n’est point en général une marque de bassesse ; c’est plutôt le
contraire qui est indigne d’un homme libre. Cependant, c’est parfois nécessaire ;
c’est ainsi, par exemple, qu’il faut relever dans ta réponse ce qu’elle a de
défectueux. Réfléchis : lequel des deux est le plus correct, de dire que c’est
avec ou par les yeux que nous voyons, avec les oreilles ou par les oreilles que
nous entendons ?
(THÉÉTÈTE)
Il me semble, Socrate, que c’est plutôt par qu’avec les organes que nous
percevons chaque chose.
(SOCRATE)
Ce serait en effet bien étrange, mon enfant, qu’un certain nombre de sens
fussent logés en nous, comme si nous étions autant de chevaux de bois, et
qu’ils ne se rapportent pas tous à une même idée, qu’on l’appelle âme ou de
quelque autre nom, par laquelle, usant d’eux comme d’instruments,
nous percevons tout ce qui est sensible.
(THÉÉTÈTE)
Cette explication me semble plus juste que l’autre.
(SOCRATE)
Si je te fais ainsi préciser les choses, c’est pour savoir s’il y a en nous un
principe, toujours le même, par lequel nous atteignons, au moyen des yeux, le
blanc et le noir et d’autres choses par d’autres sens, et si, interrogé, tu
pourrais rapporter tous les actes de cette nature au corps. Mais peut-être
vaut-il mieux que tu parles toi-même en réponse à mes questions et que ce ne
soit pas moi qui m’en charge à ta place. Dis-moi : ne crois-tu pas que tous les
organes par lesquels tu perçois le chaud, le dur, le léger, le doux sont des
parties du corps, ou sont-ils des parties d’autre chose ?
(THÉÉTÈTE)
Non, mais du corps seul.


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Dernière mise à jour : 19/05/2006