[7,515] καὶ ἀνδριάντας (515a) καὶ ἄλλα ζῷα
λίθινά τε καὶ ξύλινα καὶ παντοῖα εἰργασμένα, οἷον εἰκὸς τοὺς μὲν
φθεγγομένους, τοὺς δὲ σιγῶντας τῶν παραφερόντων.
῎Ατοπον, ἔφη, λέγεις εἰκόνα καὶ δεσμώτας ἀτόπους.
῾Ομοίους ἡμῖν, ἦν δ’ ἐγώ· τοὺς γὰρ τοιούτους πρῶτον μὲν ἑαυτῶν τε
καὶ ἀλλήλων οἴει ἄν τι ἑωρακέναι ἄλλο πλὴν τὰς σκιὰς τὰς ὑπὸ τοῦ πυρὸς
εἰς τὸ καταντικρὺ αὐτῶν τοῦ σπηλαίου προσπιπτούσας;
Πῶς γάρ, ἔφη, εἰ ἀκινήτους γε τὰς κεφαλὰς ἔχειν (515b) ἠναγκασμένοι
εἶεν διὰ βίου;
Τί δὲ τῶν παραφερομένων; οὐ ταὐτὸν τοῦτο;
Τί μήν;
Εἰ οὖν διαλέγεσθαι οἷοί τ’ εἶεν πρὸς ἀλλήλους, οὐ ταῦτα ἡγῇ ἂν τὰ
ὄντα αὐτοὺς νομίζειν ἅπερ ὁρῷεν;
᾿Ανάγκη.
Τί δ’ εἰ καὶ ἠχὼ τὸ δεσμωτήριον ἐκ τοῦ καταντικρὺ ἔχοι; ὁπότε τις τῶν
παριόντων φθέγξαιτο, οἴει ἂν ἄλλο τι αὐτοὺς ἡγεῖσθαι τὸ φθεγγόμενον ἢ
τὴν παριοῦσαν σκιάν;
Μὰ Δί’ οὐκ ἔγωγ’, ἔφη.
(515c) Παντάπασι δή, ἦν δ’ ἐγώ, οἱ τοιοῦτοι οὐκ ἂν ἄλλο τι νομίζοιεν τὸ
ἀληθὲς ἢ τὰς τῶν σκευαστῶν σκιάς.
Πολλὴ ἀνάγκη, ἔφη.
Σκόπει δή, ἦν δ’ ἐγώ, αὐτῶν λύσιν τε καὶ ἴασιν τῶν τε δεσμῶν καὶ τῆς
ἀφροσύνης, οἵα τις ἂν εἴη, εἰ φύσει τοιάδε συμβαίνοι αὐτοῖς· ὁπότε τις
λυθείη καὶ ἀναγκάζοιτο ἐξαίφνης ἀνίστασθαί τε καὶ περιάγειν τὸν
αὐχένα καὶ βαδίζειν καὶ πρὸς τὸ φῶς ἀναβλέπειν, πάντα δὲ ταῦτα ποιῶν
ἀλγοῖ τε καὶ διὰ τὰς μαρμαρυγὰς ἀδυνατοῖ καθορᾶν ἐκεῖνα ὧν (515d) τότε
τὰς σκιὰς ἑώρα, τί ἂν οἴει αὐτὸν εἰπεῖν, εἴ τις αὐτῷ λέγοι ὅτι τότε μὲν ἑώρα
φλυαρίας, νῦν δὲ μᾶλλόν τι ἐγγυτέρω τοῦ ὄντος καὶ πρὸς μᾶλλον ὄντα
τετραμμένος ὀρθότερον βλέποι, καὶ δὴ καὶ ἕκαστον τῶν παριόντων
δεικνὺς αὐτῷ ἀναγκάζοι ἐρωτῶν ἀποκρίνεσθαι ὅτι ἔστιν; οὐκ οἴει αὐτὸν
ἀπορεῖν τε ἂν καὶ ἡγεῖσθαι τὰ τότε ὁρώμενα ἀληθέστερα ἢ τὰ νῦν
δεικνύμενα;
Πολύ γ’, ἔφη.
(515e) Οὐκοῦν κἂν εἰ πρὸς αὐτὸ τὸ φῶς ἀναγκάζοι αὐτὸν βλέπειν,
ἀλγεῖν τε ἂν τὰ ὄμματα καὶ φεύγειν ἀποστρεφόμενον πρὸς ἐκεῖνα ἃ
δύναται καθορᾶν, καὶ νομίζειν ταῦτα τῷ ὄντι σαφέστερα τῶν
δεικνυμένων;
Οὕτως, ἔφη.
Εἰ δέ, ἦν δ’ ἐγώ, ἐντεῦθεν ἕλκοι τις αὐτὸν βίᾳ διὰ τραχείας τῆς ἀναβάσεως
καὶ ἀνάντους, καὶ μὴ ἀνείη πρὶν ἐξελκύσειεν εἰς τὸ τοῦ ἡλίου φῶς,
| [7,515] et des statuettes d'hommes et d'animaux, en (515a) pierre,
en bois, et en toute espèce de matière; naturellement,
parmi ces porteurs, les uns parlent et les autres se taisent.
Voilà, s'écria-t-il, un étrange tableau et d'étranges prisonniers.
Ils nous ressemblent, répondis-je; et d'abord,
penses-tu que dans une telle situation ils aient jamais vu
autre chose d'eux-mêmes et de leurs voisins que les ombres
projetées par le feu sur la paroi de la caverne qui leur fait face?
Et comment? observa-t-il, s'ils sont forcés de rester la tête
immobile durant toute leur vie? (515b)
Et pour les objets qui défilent, n'en est-il pas de même?
Sans contredit.
Si donc ils pouvaient s'entretenir ensemble ne penses-tu
pas qu'ils prendraient pour des objets réels les ombres qu'ils verraient?
Il y a nécessité.
Et si la paroi du fond de la prison avait un écho, chaque fois
que l'un des porteurs parlerait, croiraient-ils entendre autre
chose que l'ombre qui passerait devant eux?
Non, par Zeus, dit-il.
(515c) Assurément, repris-je, de tels hommes n'attribueront
de réalité qu'aux ombres des objets fabriqués.
C'est de toute nécessité.
Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si
on les délivre de leurs chaînes et qu'on les guérisse de leur
ignorance. Qu'on détache l'un de ces prisonniers, qu'on le
force à se dresser immédiatement, à tourner le cou, à
marcher, à lever les yeux vers la lumière : en faisant tous
ces mouvements il souffrira, et l'éblouissement (515d)
l'empêchera de distinguer ces objets dont tout à l'heure il
voyait les ombres. Que crois-tu donc qu'il répondra si
quelqu'un lui vient dire qu'il n'a vu jusqu'alors que de vains
fantômes, mais qu'à présent, plus près de la réalité et
tourné vers des objets plus réels, il voit plus juste? si,
enfin, en lui montrant chacune des choses qui passent, on
l'oblige, à force de questions, à dire ce que c'est? Ne
penses-tu pas qu'il sera embarrassé, et que les ombres
qu'il voyait tout à l'heure lui paraîtront plus vraies que les
objets qu'on lui montre maintenant?
Beaucoup plus vraies, reconnut-il.
(515e) Et si on le force à regarder la lumière elle-même, ses
yeux n'en seront-ils pas blessés? n'en fuira-t-il pas la vue
pour retourner aux choses qu'il peut regarder, et ne croira-t-il pas
que ces dernières sont réellement plus distinctes
que celles qu'on lui montre?
Assurément.
Et si, repris-je, on l'arrache de sa caverne par force, qu'on
lui fasse gravir la montée rude et escarpée, et qu'on ne le
lâche pas avant de l'avoir traîné jusqu'à la lumière du soleil,
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