[272] τε οὐκ ἦσαν οὐδὲ κτήσεις (272a) γυναικῶν καὶ
παίδων, ἐκ γῆς γὰρ ἀνεβιώσκοντο πάντες, οὐδὲν
μεμνημένοι τῶν πρόσθεν, ἀλλὰ τὰ μὲν τοιαῦτα ἀπῆν πάντα,
καρποὺς δὲ ἀφθόνους εἶχον ἀπό τε δένδρων καὶ πολλῆς ὕλης
ἄλλης, οὐχ ὑπὸ γεωργίας φυομένους, ἀλλ' αὐτομάτης
ἀναδιδούσης τῆς γῆς. γυμνοὶ δὲ καὶ ἄστρωτοι
θυραυλοῦντες τὰ πολλὰ ἐνέμοντο, τὸ γὰρ τῶν ὡρῶν αὐτοῖς
ἄλυπον ἐκέκρατο, μαλακὰς δὲ εὐνὰς εἶχον ἀναφυομένης ἐκ
(272b) γῆς πόας ἀφθόνου. τὸν δὴ βίον, ὦ Σώκρατες, ἀκούεις
μὲν τὸν τῶν ἐπὶ Κρόνου, τόνδε δ' ὃν λόγος ἐπὶ Διὸς εἶναι,
τὸν νυνί, παρὼν αὐτὸς ᾔσθησαι, κρῖναι δ' αὐτοῖν τὸν
εὐδαιμονέστερον ἆρ' ἂν δύναιό τε καὶ ἐθελήσειας;
293. (Νεώτερος Σωκράτης)
οὐδαμῶς.
294. (Ξένος)
βούλει δῆτα ἐγώ σοι τρόπον τινὰ διακρίνω;
295. (Νεώτερος Σωκράτης)
πάνυ μὲν οὖν.
296. (Ξένος)
εἰ μὲν τοίνυν οἱ τρόφιμοι τοῦ Κρόνου, παρούσης αὐτοῖς
οὕτω πολλῆς σχολῆς καὶ δυνάμεως πρὸς τὸ μὴ μόνον
ἀνθρώποις ἀλλὰ καὶ θηρίοις διὰ λόγων δύνασθαι
συγγίγνεσθαι, (272c) κατεχρῶντο τούτοις σύμπασιν ἐπὶ
φιλοσοφίαν, μετά τε θηρίων καὶ μετ' ἀλλήλων ὁμιλοῦντες,
καὶ πυνθανόμενοι παρὰ πάσης φύσεως εἴ τινά τις ἰδίαν
δύναμιν ἔχουσα ᾔσθετό τι διάφορον τῶν ἄλλων εἰς
συναγυρμὸν φρονήσεως, εὔκριτον ὅτι τῶν νῦν οἱ τότε
μυρίῳ πρὸς εὐδαιμονίαν διέφερον, εἰ δ' ἐμπιμπλάμενοι
σίτων ἅδην καὶ ποτῶν διελέγοντο πρὸς ἀλλήλους καὶ τὰ
θηρία (μύθους) οἷα δὴ καὶ τὰ νῦν περὶ αὐτῶν (272d) λέγονται,
καὶ τοῦτο, ὥς γε κατὰ τὴν ἐμὴν δόξαν ἀποφήνασθαι, καὶ μάλ'
εὔκριτον. ὅμως δ' οὖν ταῦτα μὲν ἀφῶμεν, ἕως ἂν ἡμῖν
μηνυτής τις ἱκανὸς φανῇ, ποτέρως οἱ τότε τὰς ἐπιθυμίας
εἶχον περί τε ἐπιστημῶν καὶ τῆς τῶν λόγων χρείας, οὗ δ'
ἕνεκα τὸν μῦθον ἠγείραμεν, τοῦτο λεκτέον, ἵνα τὸ μετὰ
τοῦτο εἰς τὸ πρόσθεν περαίνωμεν. ἐπειδὴ γὰρ πάντων
τούτων χρόνος ἐτελεώθη καὶ μεταβολὴν ἔδει γίγνεσθαι καὶ
(272e) δὴ καὶ τὸ γήινον ἤδη πᾶν ἀνήλωτο γένος, πάσας
ἑκάστης τῆς ψυχῆς τὰς γενέσεις ἀποδεδωκυίας, ὅσα ἦν
ἑκάστῃ προσταχθὲν τοσαῦτα εἰς γῆν σπέρματα πεσούσης,
τότε δὴ τοῦ παντὸς ὁ μὲν κυβερνήτης, οἷον πηδαλίων οἴακος
ἀφέμενος, εἰς τὴν αὑτοῦ περιωπὴν ἀπέστη, τὸν δὲ δὴ κόσμον
πάλιν ἀνέστρεφεν εἱμαρμένη τε καὶ σύμφυτος ἐπιθυμία.
πάντες οὖν οἱ κατὰ τοὺς τόπους συνάρχοντες τῷ μεγίστῳ
δαίμονι θεοί, γνόντες ἤδη τὸ γιγνόμενον,
| [272] Sous sa gouverne, il n’y avait ni Etats ni possession de femmes et
d’enfants ; car c’est du sein de la terre que tous remontaient à la vie, sans
garder aucun souvenir de leur passé. Ils ne connaissaient donc aucune de ces
institutions ; en revanche, ils avaient à profusion des fruits que leur
donnaient les arbres et beaucoup d’autres plantes, fruits qui poussaient sans
culture et que la terre produisait d’elle-même. Ils vivaient la plupart du temps
en plein air sans habit et sans lit ; car les saisons étaient si bien tempérées
qu’ils n’en souffraient aucune incommodité et ils trouvaient des lits moelleux
dans l’épais gazon qui sortait de la terre. Telle était, Socrate, la vie des
hommes sous Cronos. Quant à celle d’aujourd’hui, à laquelle on dit que Zeus
préside, tu la connais par expérience. Maintenant, serais-tu capable de décider
laquelle des deux est la plus heureuse, et voudrais-tu le dire ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Non, pas du tout.
(L’ÉTRANGER)
Alors, veux-tu que j’en décide en quelque façon, pour toi ?
(SOCRATE LE JEUNE)
Très volontiers.
(L’ÉTRANGER)
XVI. — Eh bien donc, si les nourrissons de Cronos, qui avaient tant de loisir et
la facilité de s’entretenir par la parole, non seulement avec les hommes, mais
encore avec les animaux, profitaient de tous ces avantages pour cultiver la
philosophie, conversant avec les bêtes aussi bien qu’entre eux et questionnant
toutes les créatures pour savoir si l’une d’elles, grâce à quelque faculté
particulière, n’aurait pas découvert quelque chose de plus que les autres pour
accroître la science, il est facile de juger qu’au point de vue du bonheur, les
hommes d’autrefois l’emportaient infiniment sur ceux d’aujourd’hui. Mais si,
occupés à se gorger de nourriture et de boisson, ils n’échangeaient entre eux et
avec les bêtes que des fables comme celles qu’on rapporte encore aujourd’hui à
leur sujet, la question, s’il en faut dire mon avis, n’est pas moins facile à
trancher. Quoi qu’il en soit, laissons cela de côté, jusqu’à ce que nous
trouvions un homme capable de nous révéler de quelle nature étaient les goûts de
cette époque au regard de la science et de l’emploi de la parole. Quant à la
raison pour laquelle nous avons réveillé cette fable, c’est le moment de la
dire, afin que nous puissions ensuite avancer et finir notre discours.
Lorsque le temps assigné à toutes ces choses fut accompli, que le changement dut
se produire et que la race issue de la terre fut entièrement éteinte, chaque âme
ayant payé son compte de naissances en tombant dans la terre sous forme de
semence autant de fois qu’il lui avait été prescrit, alors le pilote de
l’univers, lâchant la barre du gouvernail, se retira dans son poste
d’observation, et le monde rebroussa chemin de nouveau, suivant sa destinée et
son inclination native. Dès lors tous les dieux qui, dans chaque région, secondaient
la divinité suprême dans son commandement, en s’apercevant de ce qui se passait,
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