[8,836] - τὸ (836a) γὰρ μὴ πλουτεῖν τε ἐξεῖναι ὑπερβαλλόντως ἀγαθὸν
πρὸς τὸ σωφρονεῖν οὐ σμικρόν, καὶ πᾶσα ἡ παιδεία μετρίους πρὸς τὰ
τοιαῦτ' εἴληφεν νόμους, καὶ πρὸς τούτοις ἡ τῶν ἀρχόντων ὄψις
διηναγκασμένη μὴ ἀποβλέπειν ἄλλοσε, τηρεῖν δ' ἀεί, τοὺς
νέους τ' αὐτούς, πρὸς μὲν τὰς ἄλλας ἐπιθυμίας, ὅσα γε
ἀνθρώπινα, μέτρον ἔχει - τὰ δὲ δὴ τῶν ἐρώτων παίδων τε
ἀρρένων καὶ θηλειῶν καὶ γυναικῶν ἀνδρῶν (836b) καὶ ἀνδρῶν
γυναικῶν ὅθεν δὴ μυρία γέγονεν ἀνθρώποις ἰδίᾳ καὶ ὅλαις
πόλεσιν, πῶς τις τοῦτο διευλαβοῖτ' ἄν, καὶ τί τεμὼν φάρμακον
τούτοις ἑκάστοις τοῦ τοιούτου κινδύνου διαφυγὴν εὑρήσει;
πάντως οὐ ῥᾴδιον, ὦ Κλεινία. καὶ γὰρ οὖν πρὸς μὲν ἄλλα οὐκ
ὀλίγα ἡ Κρήτη τε ἡμῖν ὅλη καὶ ἡ Λακεδαίμων βοήθειαν
ἐπιεικῶς οὐ σμικρὰν συμβάλλονται τιθεῖσι νόμους ἀλλοίους
τῶν πολλῶν τρόπων, περὶ δὲ τῶν ἐρώτων--αὐτοὶ γάρ ἐσμεν--
ἐναντιοῦνται παντάπασιν. εἰ (836c) γάρ τις ἀκολουθῶν τῇ
φύσει θήσει τὸν πρὸ τοῦ Λαΐου νόμον, λέγων ὡς ὀρθῶς εἶχεν τὸ
τῶν ἀρρένων καὶ νέων μὴ κοινωνεῖν καθάπερ θηλειῶν πρὸς
μεῖξιν ἀφροδισίων, μάρτυρα παραγόμενος τὴν τῶν θηρίων
φύσιν καὶ δεικνὺς πρὸς τὰ τοιαῦτα οὐχ ἁπτόμενον ἄρρενα
ἄρρενος διὰ τὸ μὴ φύσει τοῦτο εἶναι, τάχ' ἂν χρῷτο πιθανῷ
λόγῳ, καὶ ταῖς ὑμετέραις πόλεσιν οὐδαμῶς συμφωνοῖ. πρὸς δὲ
τούτοις, ὃ διὰ παντός (836d) φαμεν δεῖν τὸν νομοθέτην τηρεῖν,
τοῦτο ἐν τούτοις οὐχ ὁμολογεῖ. ζητοῦμεν γὰρ ἀεὶ δὴ τί τῶν
τιθεμένων πρὸς ἀρετὴν φέρει καὶ τί μή· φέρε δή, τοῦτο ἐὰν
συγχωρῶμεν καλὸν ἢ μηδαμῶς αἰσχρὸν νομοθετεῖσθαι τὰ νῦν,
τί μέρος ἡμῖν συμβάλλοιτ' ἂν πρὸς ἀρετήν; πότερον ἐν τῇ τοῦ
πεισθέντος ψυχῇ γιγνόμενον ἐμφύσεται τὸ τῆς ἀνδρείας ἦθος,
ἢ ἐν τῇ τοῦ πείσαντος τὸ τῆς σώφρονος ἰδέας γένος; ἢ ταῦτα
μὲν οὐδεὶς ἂν πεισθείη ποτέ, μᾶλλον δὲ ἅπαν τούτου
τοὐναντίον, τοῦ μὲν ταῖς ἡδοναῖς ὑπείκοντος καὶ (836e)
καρτερεῖν οὐ δυναμένου ψέξει πᾶς τὴν μαλακίαν, τοῦ δ' εἰς
μίμησιν τοῦ θήλεος ἰόντος τὴν τῆς εἰκόνος ὁμοιότητα ἆρ' οὐ
μέμψεται; τίς οὖν ἀνθρώπων τοῦτο ὂν τοιοῦτον νομοθετήσει;
σχεδὸν οὐδείς, ἔχων γε ἐν τῷ νῷ νόμον ἀληθῆ. πῶς οὖν φαμεν
ἀληθὲς τοῦτο εἶναι;
| [8,836] On conçoit sans peine que la défense d'acquérir des richesses excessives
contribue fortement à rendre tempérant, et toute l'éducation est soumise à des lois
appropriées à ce but. Ajoutez à cela la surveillance des magistrats qui ne doivent
pas détourner les yeux de la jeunesse et sont obligés de la surveiller
constamment. Il y a là de quoi modérer les autres passions, autant que des
moyens humains peuvent le faire. Mais à l'égard de l'amour qu'on a pour
les enfants mâles et femelles, pour des femmes qui tiennent lieu d'hommes
et d'hommes qui jouent le rôle de femmes, amours qui sont la source d'une
infinité de maux pour les particuliers et pour les États, comment est-il
possible de s'en garder et quel remède pourrait-on trouver à chacun de
ces maux pour échapper à un tel danger ? Ce n'est pas du tout facile,
Clinias. Sur d'autres points assez nombreux, toute la Crète et Lacédémone
nous sont d'un secours vraiment efficace pour établir des lois contraires
aux habitudes ordinaires ; mais au sujet de l'amour, disons-le entre nous,
ils sont tout à fait opposés à nos vues. Si en effet quelqu'un, suivant
l'instinct de la nature, rétablissait la loi qui fut en vigueur avant le
temps de Laïus, disant qu'il est dans l'ordre de ne point toucher,
pour s'unir d'amour avec eux, aux mâles et aux jeunes gens, et d'imiter en
cela les animaux, dont il citerait l'exemple pour montrer qu'il n'est
point dans la nature qu'un mâle touche pour cette fin à un mâle, il ne
dirait rien que de plausible, mais ne serait pas d'accord avec vos deux
États. En outre, la règle que le législateur doit, selon nous, constamment
observer ne s'accorde pas non plus ici avec votre usage ; car ce que nous
cherchons toujours, c'est à savoir quelle loi porte à la vertu et quelle
loi en éloigne. Or, dites-moi, quand nous accorderions que votre loi
actuelle est honnête et n'a rien de honteux, en quoi peut-elle contribuer
à nous faire acquérir la vertu ? Imprimera-t-elle le caractère du courage
dans l'âme de celui qui se laisse séduire et dans l'âme du séducteur
l'idée de la tempérance ? Est-il quelqu'un qui puisse jamais se le
persuader ? Tout au contraire, tout le monde ne s'accordera-t-il pas à
blâmer la mollesse de ceux qui cèdent à ces plaisirs et sont incapables de
se contenir, et à condamner chez celui qui imite la femme sa ressemblance
avec ce sexe ? Quel homme pourrait sanctionner par la loi un tel abus ?
Personne, pour peu qu'il ait l'idée de la véritable loi. Mais comment
prouver ce que je dis ?
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