[6,777] ὡς - (777a) - - - ἥμισυ γάρ τε νόου , φησίν, - - -
ἀπαμείρεται εὐρύοπα Ζεύς ἀνδρῶν, οὓς ἂν δὴ κατὰ δούλιον ἦμαρ
ἕλῃσι . ταῦτα δὴ διαλαβόντες ἕκαστοι τοῖς διανοήμασιν οἱ μὲν
πιστεύουσί τε οὐδὲν γένει οἰκετῶν, κατὰ δὲ θηρίων φύσιν
κέντροις καὶ μάστιξιν οὐ τρὶς μόνον ἀλλὰ πολλάκις
ἀπεργάζονται δούλας τὰς ψυχὰς τῶν οἰκετῶν· οἱ δ' αὖ τἀναντία
τούτων δρῶσι πάντα.
(Μέγιλλος) τί μήν;
(777b) (Κλεινίας)
τί οὖν δὴ χρὴ ποιεῖν, τούτων, ὦ ξένε, διαφερομένων οὕτω, περὶ
τῆς ἡμετέρας αὖ χώρας ἡμᾶς, τῆς τε κτήσεως ἅμα καὶ
κολάσεως τῶν δούλων πέρι;
(Ἀθηναῖος)
τί δ', ὦ Κλεινία; δῆλον ὡς ἐπειδὴ δύσκολόν ἐστι τὸ θρέμμα
ἄνθρωπος, καὶ πρὸς τὴν ἀναγκαίαν διόρισιν, τὸ δοῦλόν τε ἔργῳ
διορίζεσθαι καὶ ἐλεύθερον καὶ δεσπότην, οὐδαμῶς εὔχρηστον
ἐθέλειν εἶναί τε καὶ γίγνεσθαι φαίνεται, (777c) χαλεπὸν δὴ τὸ
κτῆμα· ἔργῳ γὰρ πολλάκις ἐπιδέδεικται περὶ τὰς Μεσσηνίων
συχνὰς εἰωθυίας ἀποστάσεις γίγνεσθαι, καὶ περί γε τὰς τῶν ἐκ
μιᾶς φωνῆς πολλοὺς οἰκέτας κτωμένων πόλεις, ὅσα κακὰ
συμβαίνει, καὶ ἔτι τὰ τῶν λεγομένων περιδίνων τῶν περὶ τὴν
Ἰταλίαν γιγνομένων παντοδαπὰ κλωπῶν ἔργα τε καὶ
παθήματα. πρὸς ἅ τις ἂν πάντα βλέψας διαπορήσειε τί χρὴ
δρᾶν περὶ ἁπάντων τῶν τοιούτων. δύο δὴ λείπεσθον μόνω
μηχανά, μήτε πατριώτας ἀλλήλων εἶναι τοὺς (777d) μέλλοντας
ῥᾷον δουλεύσειν, ἀσυμφώνους τε εἰς δύναμιν ὅτι μάλιστα,
τρέφειν δ' αὐτοὺς ὀρθῶς, μὴ μόνον ἐκείνων ἕνεκα, πλέον δὲ
αὑτῶν προτιμῶντας· ἡ δὲ τροφὴ τῶν τοιούτων μήτε τινὰ ὕβριν
ὑβρίζειν εἰς τοὺς οἰκέτας, ἧττον δέ, εἰ δυνατόν, ἀδικεῖν ἢ τοὺς ἐξ
ἴσου. διάδηλος γὰρ ὁ φύσει καὶ μὴ πλαστῶς σέβων τὴν δίκην,
μισῶν δὲ ὄντως τὸ ἄδικον, ἐν τούτοις τῶν ἀνθρώπων ἐν οἷς
αὐτῷ ῥᾴδιον ἀδικεῖν· ὁ περὶ τὰ τῶν δούλων οὖν ἤθη καὶ πράξεις
γιγνόμενός τις ἀμίαντος (777e) τοῦ τε ἀνοσίου πέρι καὶ ἀδίκου,
σπείρειν εἰς ἀρετῆς ἔκφυσιν ἱκανώτατος ἂν εἴη, ταὐτὸν δ' ἔστ'
εἰπεῖν τοῦτο ὀρθῶς ἅμα λέγοντα ἐπί τε δεσπότῃ καὶ τυράννῳ
καὶ πᾶσαν δυναστείαν δυναστεύοντι πρὸς ἀσθενέστερον
ἑαυτοῦ. κολάζειν γε μὴν ἐν δίκῃ δούλους δεῖ, καὶ μὴ
νουθετοῦντας ὡς ἐλευθέρους θρύπτεσθαι ποιεῖν·
| [6,777] que ce dieu "qui voit au loin prive de la moitié
de leur intelligence ceux que le jour de l'esclavage
a surpris." Les hommes ont sur ce point des
sentiments différents : les uns n'ont aucune
espèce de confiance dans la race des esclaves ;
ils les mènent à coups d'aiguillons et de fouets
comme des bêtes féroces, et rendent leur âme
non pas seulement trois fois, mais dix fois plus
esclave ; les autres font tout le contraire.
MÉGILLOS : C'est vrai.
CLINIAS : En voyant des avis si différents, étranger,
quelle conduite devons-nous tenir dans notre pays
touchant l'acquisition et le gouvernement des esclaves ?
L'ATHÉNIEN : Tu le demandes, Clinias ? Il est
évident, puisque l'homme est un animal difficile à
manier, qu'il se prête et se prêtera toujours mal à
la distinction nécessaire entre l'esclave de fait et
l'homme libre et le maître.
CLINIAS : C'est évident.
L'ATHÉNIEN : Par conséquent l'esclave est une
possession bien embarrassante. L'expérience l'a
souvent démontré, témoin les révoltes habituelles
si fréquentes chez les Messéniens, les maux qui
arrivent dans les États où il y a beaucoup
d'esclaves parlant la même langue, les vols et
brigandages de toute sorte commis en Italie par
ceux qu'on appelle des rôdeurs. A la vue de tous
ces désordres, on est embarrassé sur le parti qu'il
faut prendre en ces matières. Il ne reste que deux
moyens: le premier, c'est d'avoir des esclaves qui
ne soient pas du même pays et qui, autant que
possible, ne parlent pas la même langue, si l'on
veut qu'ils supportent plus aisément la servitude ;
le second, de les bien traiter, non seulement pour
eux-mêmes, mais plus encore en vue de notre propre intérêt.
Ce traitement consistera à ne point
abuser de son autorité à leur égard et à être
encore, si c'est possible, plus juste envers eux
qu'envers nos égaux. C'est à l'égard des gens
qu'on peut outrager facilement qu'on fait voir si l'on
honore naturellement et sincèrement la justice et
que l'on hait réellement l'injustice. Celui qui dans
ses relations et ses actions à l'égard de ses
esclaves n'a aucune impiété ni injustice à se
reprocher sera aussi le plus capable de semer en
eux des germes de vertu. On peut dire la même
chose avec autant de raison en parlant des
relations d'un maître, d'un tyran, d'un souverain
quelconque avec un plus faible que lui. Cependant
il faut toujours punir les esclaves conformément à
la justice, et ne pas les rendre insolents en les
reprenant comme des hommes libres.
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