[6,776] νομίσαντα δ' εἶναι χρὴ τὸν γαμοῦντα ταῖν οἰκίαιν ταῖν ἐν (776a)
τῷ κλήρῳ τὴν ἑτέραν οἷον νεοττῶν ἐγγέννησιν καὶ τροφήν,
χωρισθέντα ἀπὸ πατρὸς καὶ μητρὸς τὸν γάμον ἐκεῖ ποιεῖσθαι
καὶ τὴν οἴκησιν καὶ τὴν τροφὴν αὑτοῦ καὶ τῶν τέκνων. ἐν γὰρ
ταῖς φιλίαις ἐὰν μὲν πόθος ἐνῇ τις, κολλᾷ καὶ συνδεῖ πάντα
ἤθη· κατακορὴς δὲ συνουσία καὶ οὐκ ἴσχουσα τὸν διὰ χρόνου
πόθον ἀπορρεῖν ἀλλήλων ποιεῖ ὑπερβολαῖς πλησμονῆς. ὧν δὴ
χάριν μητρὶ καὶ πατρὶ καὶ τοῖς τῆς γυναικὸς οἰκείοις παρέντας
χρὴ τὰς αὑτῶν οἰκήσεις, οἷον (776b) εἰς ἀποικίαν ἀφικομένους,
αὐτοὺς ἐπισκοποῦντάς τε ἅμα καὶ ἐπισκοπουμένους οἰκεῖν,
γεννῶντάς τε καὶ ἐκτρέφοντας παῖδας, καθάπερ λαμπάδα τὸν
βίον παραδιδόντας ἄλλοις ἐξ ἄλλων, θεραπεύοντας ἀεὶ θεοὺς
κατὰ νόμους.
CHAPITRE XIX. κτήματα δὲ τὸ μετὰ τοῦτο ποῖα ἄν τις κεκτημένος
ἐμμελεστάτην οὐσίαν κεκτῇτο; τὰ μὲν οὖν πολλὰ οὔτε νοῆσαι
χαλεπὸν οὔτε κτήσασθαι, τὰ δὲ δὴ τῶν οἰκετῶν χαλεπὰ (776c)
πάντῃ. τὸ δ' αἴτιον, οὐκ ὀρθῶς πως καί τινα τρόπον ὀρθῶς περὶ
αὐτῶν λέγομεν· ἐναντία γὰρ ταῖς χρείαις, καὶ κατὰ τὰς χρείας
αὖ, ποιούμεθα περὶ δούλων καὶ τὰ λεγόμενα.
(Μέγιλλος)
πῶς δ' αὖ τοῦτο λέγομεν; οὐ γάρ πω μανθάνομεν, ὦ ξένε, ὅτι τὰ
νῦν φράζεις.
(Ἀθηναῖος)
καὶ μάλα γε, ὦ Μέγιλλε, εἰκότως· σχεδὸν γὰρ πάντων τῶν
Ἑλλήνων ἡ Λακεδαιμονίων εἱλωτεία πλείστην ἀπορίαν
παράσχοιτ' ἂν καὶ ἔριν τοῖς μὲν ὡς εὖ, τοῖς δ' ὡς οὐκ εὖ
γεγονυῖά ἐστιν - ἐλάττω δὲ ἥ τε Ἡρακλεωτῶν (776d) δουλεία
τῆς τῶν Μαριανδυνῶν καταδουλώσεως ἔριν ἂν ἔχοι, τὸ
Θετταλῶν τ' αὖ πενεστικὸν ἔθνος - εἰς ἃ καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα
βλέψαντας ἡμᾶς τί χρὴ ποιεῖν περὶ κτήσεως οἰκετῶν; ὃ δὴ
παριὼν τῷ λόγῳ ἔτυχον εἰπών, καὶ σύ με εἰκότως τί ποτε
φράζοιμι ἠρώτησας, τόδε ἐστίν. ἴσμεν ὅτι που πάντες εἴποιμεν
ἂν ὡς χρὴ δούλους ὡς εὐμενεστάτους ἐκτῆσθαι καὶ ἀρίστους·
πολλοὶ γὰρ ἀδελφῶν ἤδη δοῦλοι καὶ ὑέων τισὶν κρείττους πρὸς
ἀρετὴν πᾶσαν γενόμενοι, σεσώκασιν δεσπότας (776e) καὶ
κτήματα τάς τε οἰκήσεις αὐτῶν ὅλας. ταῦτα γὰρ ἴσμεν που περὶ
δούλων λεγόμενα.
(Μέγιλλος) τί μήν;
(Ἀθηναῖος)
οὐκοῦν καὶ τοὐναντίον, ὡς ὑγιὲς οὐδὲν ψυχῆς δούλης, οὐδὲ
πιστεύειν οὐδέποτ' οὐδὲν τῷ γένει δεῖ τὸν νοῦν κεκτημένον; ὁ
δὲ σοφώτατος ἡμῖν τῶν ποιητῶν καὶ ἀπεφήνατο,
ὑπὲρ τοῦ Διὸς ἀγορεύων,
| [6,776] Que celui qui se marie se mette dans l'esprit que,
des deux maisons qui sont échues à ses parents,
l'une est destinée à la naissance et à l'éducation
de ses enfants, qu'il doit se séparer de ses père et
mère pour y célébrer ses noces, y établir sa
demeure et y vivre, lui et ses enfants, d'autant plus
que, dans l'amitié, le regret né de l'absence, soude
et resserre toutes les affections, et que la satiété
née d'un commerce assidu, qui ne laisse point de
place au regret, fait qu'on se détache l'un de l'autre
par le dégoût qu'elle inspire. Par cette raison, il
laissera à ses père et mère et aux parents de sa
femme la maison qu'ils occupent, il ira en habiter
une autre, comme s'il partait en colonie ; là,
échangeant avec eux des visites, les deux époux
engendreront et nourriront des enfants et
transmettront la vie à d'autres comme un
flambeau, en observant toujours le culte des dieux
conformément aux lois.
CHAPITRE XIX.
Demandons-nous maintenant quels sont les biens
qui nous assurent la fortune la plus commode. Il
n'est pas difficile d'imaginer ni d'acquérir la plupart
d'entre eux ; mais la difficulté est grande s'il s'agit
des esclaves, et la raison en est que ce qu'on dit
d'eux est juste en un sens et ne l'est pas dans
l'autre : nous en parlons différemment selon que
nous considérons leurs mauvais ou leurs bons offices.
MÉGILLOS : Comment dis-tu cela ? Car nous ne
saisissons pas encore, étranger, ce que tu entends par là.
L'ATHÉNIEN : Je le conçois aisément, Mégillos,
parce que, dans toute la Grèce, l'existence des
hilotes à Lacédémone est ce qui
cause le plus d'embarras et de controverse, les
uns soutenant que c'est une mauvaise, les autres
une bonne institution. La dispute est moins vive à
propos des Mariandynes, réduits en esclavage par
les habitants d'Héraclée et la nation des
Préneste, esclaves des Thessaliens. Quand
je considère ces faits et tous ceux du même
genre, je me demande ce qu'il faut faire touchant
l'acquisition des esclaves. Quant à ce que j'ai dit
en passant et qui t'a donné lieu de me demander
ce que je voulais dire, voici ce que c'est. Nous
savons que tout le monde dit qu'il faut avoir des
esclaves très bien intentionnés et très bons, et
qu'il s'en est trouvé beaucoup qui ont été meilleurs
à tous égards que des frères ou des fils, et qui ont
sauvé leurs maîtres, ses biens et toute sa famille.
Nous savons qu'on dit cela des esclaves.
MÉGILLOS : C'est vrai.
L'ATHÉNIEN : Mais on dit aussi le contraire, qu'il n'y
a rien de sain dans une âme d'esclave, et que,
pour peu qu'on ait de sens, il ne faut jamais se fier
en aucune manière à cette engeance. Le plus
sage de nos poètes a même déclaré en parlant de Zeus
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