[6,773] (Ἀθηναῖος)
εὖ λέγεις. ὦ παῖ, τοίνυν φῶμεν ἀγαθῶν πατέρων (773a) φύντι,
τοὺς παρὰ τοῖς ἔμφροσιν εὐδόξους γάμους χρὴ γαμεῖν, οἵ σοι
παραινοῖεν ἂν μὴ φεύγειν τὸν τῶν πενήτων μηδὲ τὸν τῶν
πλουσίων διώκειν διαφερόντως γάμον, ἀλλ' ἐὰν τἆλλα ἰσάζῃ,
τὸν ὑποδεέστερον ἀεὶ τιμῶντα εἰς τὴν κοινωνίαν συνιέναι. τῇ τε
γὰρ πόλει σύμφορον ἂν εἴη ταύτῃ ταῖς τε συνιούσαις ἑστίαις· τὸ
γὰρ ὁμαλὸν καὶ σύμμετρον ἀκράτου μυρίον διαφέρει πρὸς
ἀρετήν. κοσμίων τε πατέρων χρὴ (773b) προθυμεῖσθαι
γίγνεσθαι κηδεστὴν τὸν αὑτῷ συνειδότα ἰταμώτερον ἅμα καὶ
θᾶττον τοῦ δέοντος πρὸς πάσας τὰς πράξεις φερόμενον· τὸν δ'
ἐναντίως πεφυκότα ἐπὶ τἀναντία χρὴ κηδεύματα πορεύεσθαι.
καὶ κατὰ παντὸς εἷς ἔστω μῦθος γάμου· τὸν γὰρ τῇ πόλει δεῖ
συμφέροντα μνηστεύειν γάμον ἕκαστον, οὐ τὸν ἥδιστον αὑτῷ.
φέρεται δέ πως πᾶς ἀεὶ κατὰ φύσιν πρὸς τὸν ὁμοιότατον αὑτῷ,
ὅθεν ἀνώμαλος ἡ (773c) πόλις ὅλη γίγνεται χρήμασίν τε καὶ
τρόπων ἤθεσιν· ἐξ ὧν ἃ μὴ βουλόμεθα συμβαίνειν ἡμῖν, καὶ
μάλιστα συμβαίνει ταῖς πλείσταις πόλεσι. ταῦτα δὴ διὰ λόγου
μὲν νόμῳ προστάττειν, μὴ γαμεῖν πλούσιον πλουσίου, μηδὲ
πολλὰ δυνάμενον πράττειν ἄλλου τοιούτου, θάττους δὲ ἤθεσι
πρὸς βραδυτέρους καὶ βραδυτέρους πρὸς θάττους ἀναγκάζειν
τῇ τῶν γάμων κοινωνίᾳ πορεύεσθαι, πρὸς τῷ γελοῖα εἶναι
θυμὸν ἂν ἐγείραι πολλοῖς· οὐ γὰρ ῥᾴδιον ἐννοεῖν ὅτι πόλιν
εἶναι (773d) δεῖ δίκην κρατῆρος κεκραμένην, οὗ μαινόμενος μὲν
οἶνος ἐγκεχυμένος ζεῖ, κολαζόμενος δὲ ὑπὸ νήφοντος ἑτέρου
θεοῦ καλὴν κοινωνίαν λαβὼν ἀγαθὸν πῶμα καὶ μέτριον
ἀπεργάζεται. τοῦτ' οὖν γιγνόμενον ἐν τῇ τῶν παίδων μείξει
διορᾶν ὡς ἔπος εἰπεῖν δυνατὸς οὐδείς· τούτων δὴ χάριν ἐᾶν μὲν
νόμῳ τὰ τοιαῦτα ἀναγκαῖον, ἐπᾴδοντα δὲ πείθειν πειρᾶσθαι
τὴν τῶν παίδων ὁμαλότητα αὐτῶν αὑτοῖς τῆς τῶν γάμων (773e)
ἰσότητος ἀπλήστου χρημάτων οὔσης περὶ πλείονος ἕκαστον
ποιεῖσθαι, καὶ δι' ὀνείδους ἀποτρέπειν τὸν περὶ τὰ χρήματα ἐν
τοῖς γάμοις ἐσπουδακότα, ἀλλὰ μὴ γραπτῷ νόμῳ βιαζόμενον.µ
CHAPITRE XVII.
περὶ γάμων δὴ ταῦτ' ἔστω παραμύθια λεγόμενα, καὶ δὴ καὶ τὰ
ἔμπροσθε τούτων ῥηθέντα, ὡς χρὴ τῆς ἀειγενοῦς φύσεως
ἀντέχεσθαι τῷ παῖδας παίδων
| [6,773] L'ATHÉNIEN : C'est bien dit. Mon fils, dirons-nous
à celui qui est né de parents honnêtes, les mariages
que l'on veut faire doivent être approuvés des
gens sensés. Ils te conseilleront de ne pas fuir
l'alliance des pauvres et de ne pas rechercher
particulièrement celle des riches, mais, si tout le
reste est égal, de t'unir toujours de préférence à
une femme qui soit plutôt d'humble condition,
parce qu'une pareille alliance serait à la fois
avantageuse à l'État et aux familles qui la
contracteraient; car l'égalité et la proportion sont
mille fois plus favorables à la vertu que la
disproportion. Il faut donc que celui qui a
conscience d'être trop hardi et trop prompt dans
ses démarches tâche de devenir le gendre de
citoyens modérés, et que celui qui est né avec des
dispositions contraires se porte à des alliances
contraires. On peut résumer d'un mot la règle des
mariages : il faut en se mariant consulter l'intérêt
de l'État, non son plaisir particulier. Tous les
hommes sont toujours portés naturellement vers
ceux qui leur ressemblent le plus, d'où résulte
entre tous les citoyens une inégalité de richesses
et de mœurs, qui produit des effets que nous ne
voulons pas voir chez nous, mais qui se font sentir
au plus haut point dans la plupart des États.
Mais de faire une loi pour persuader aux citoyens
qu'il ne faut pas qu'un homme riche épouse la fille
d'un riche, un homme puissant celle d'un homme
qui l'est également, et de contraindre les gens d'un
caractère vif à s'allier par mariage à des gens d'un
caractère lent, ou des gens d'un caractère lent à
des gens d'un caractère vif, ce serait non
seulement ridicule, mais cela indisposerait encore
beaucoup de gens. Et en effet il est difficile de se
faire à l'idée qu'un État doit être mélangé comme
un cratère, où le vin bouillonne furieusement
quand on l'y verse, tandis que, corrigé par une
autre divinité sobre, il devient par cette heureuse
alliance, un breuvage sain et modéré. Tel est
l'effet du mélange dans ces mariages, mais
presque personne n'est capable de le discerner.
Voilà pourquoi l'on est forcé d'omettre dans la loi
ces dérèglements et de recourir aux incantations
pour essayer de persuader aux citoyens qu'il vaut
mieux assortir les caractères des époux que de
rechercher, par une avarice insatiable, l'égalité des
richesses. C'est par la honte que l'on détournera
ceux qui dans le mariage s'attachent à la richesse,
sans les contraindre par une loi écrite.
CHAPITRE XVII.
Voilà les conseils que j'avais à donner sur le
mariage. Joignez-y ce que j'ai dit plus haut, que
chaque citoyen doit se préoccuper de se perpétuer,
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