[6,752] ἐγὼ δ' αὖ σοὶ (752a)
συλλήψεσθαι κατὰ τὴν παροῦσαν ἡμῖν τὰ νῦν μυθολογίαν.
οὔκουν δήπου λέγων γε ἂν μῦθον ἀκέφαλον ἑκὼν καταλίποιμι·
πλανώμενος γὰρ ἂν ἁπάντῃ τοιοῦτος ὢν ἄμορφος φαίνοιτο.
(Κλεινίας) ἄριστ' εἴρηκας, ὦ ξένε.
(Ἀθηναῖος) οὐ μόνον γε, ἀλλὰ καὶ δράσω κατὰ δύναμιν οὕτω.
(Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν ποιῶμεν ᾗπερ καὶ λέγομεν.
(Ἀθηναῖος)
ἔσται ταῦτ', ἂν θεὸς ἐθέλῃ καὶ γήρως ἐπικρατῶμεν τό γε τοσοῦτον.
(752b) (Κλεινίας) ἀλλ' εἰκὸς ἐθέλειν.
(Ἀθηναῖος) εἰκὸς γὰρ οὖν. ἑπόμενοι δὲ αὐτῷ λάβωμεν καὶ τόδε.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον;
(Ἀθηναῖος)
ὡς ἀνδρείως καὶ παρακεκινδυνευμένως ἐν τῷ νῦν ἡ πόλις ἡμῖν
ἔσται κατωκισμένη.
(Κλεινίας) περὶ τί βλέπων καὶ ποῖ μάλιστα αὐτὸ εἴρηκας τὰ νῦν;
(Ἀθηναῖος)
ὡς εὐκόλως καὶ ἀφόβως ἀπείροις ἀνδράσι νομοθετοῦμεν, ὅπως
δέξονταί ποτε τοὺς νῦν τεθέντας νόμους. δῆλον δὲ τό γε
τοσοῦτον, ὦ Κλεινία, παντὶ σχεδὸν καὶ τῷ (752c) μὴ πάνυ σοφῷ,
τὸ μὴ ῥᾳδίως γε αὐτοὺς μηδένας προσδέξεσθαι κατ' ἀρχάς, εἰ δὲ
μείναιμέν πως τοσοῦτον χρόνον ἕως οἱ γευσάμενοι παῖδες τῶν
νόμων καὶ συντραφέντες ἱκανῶς συνήθεις τε αὐτοῖς γενόμενοι
τῶν ἀρχαιρεσιῶν τῇ πόλει πάσῃ κοινωνήσειαν· γενομένου γε
μὴν οὗ λέγομεν, εἴπερ τινὶ τρόπῳ καὶ μηχανῇ γίγνοιτο ὀρθῶς,
πολλὴν ἔγωγε ἀσφάλειαν οἶμαι καὶ μετὰ τὸν τότε παρόντα
χρόνον ἂν γενέσθαι τοῦ μεῖναι τὴν παιδαγωγηθεῖσαν οὕτω πόλιν.
(752d) (Κλεινίας) ἔχει γοῦν λόγον.
(Ἀθηναῖος)
ἴδωμεν τοίνυν πρὸς τοῦτο εἴ πῄ τινα πόρον ἱκανὸν πορίζοιμεν
ἂν κατὰ τάδε. φημὶ γάρ, ὦ Κλεινία, Κνωσίους χρῆναι τῶν
ἄλλων διαφερόντως Κρητῶν μὴ μόνον ἀφοσιώσασθαι περὶ τῆς
χώρας ἣν νῦν κατοικίζετε, συντόνως δ' ἐπιμεληθῆναι τὰς
πρώτας ἀρχὰς εἰς δύναμιν ὅπως ἂν ἱστῶσιν ὡς ἀσφαλέστατα
καὶ ἄριστα. τὰς μὲν οὖν ἄλλας (752e) καὶ βραχύτερον ἔργον,
νομοφύλακας δ' ἡμῖν πρώτους αἱρεῖσθαι ἀναγκαιότατον
ἁπάσῃ σπουδῇ.
(Κλεινίας) τίνα οὖν ἐπὶ τούτῳ πόρον καὶ λόγον ἀνευρίσκομεν;
(Ἀθηναῖος)
τόνδε. φημί, ὦ παῖδες Κρητῶν, χρῆναι Κνωσίους, διὰ τὸ
πρεσβεύειν τῶν πολλῶν πόλεων, κοινῇ μετὰ τῶν ἀφικομένων
εἰς τὴν συνοίκησιν ταύτην ἐξ αὑτῶν τε καὶ ἐκείνων αἱρεῖσθαι
τριάκοντα μὲν καὶ ἑπτὰ τοὺς πάντας, ἐννέα δὲ καὶ δέκα ἐκ τῶν
ἐποικησάντων,
| [6,752] et que moi, de mon côté,
j'ai promis de t'aider dans l'entretien que nous
tenons ensemble en ce moment. Aussi je ne
voudrais pas laisser notre discours sans couronnement;
à se montrer partout en cet état, il paraîtrait informe.
CLINIAS : C'est parfaitement dit, étranger.
L'ATHÉNIEN : C'est non seulement dit, mais ce
sera fait, si je le puis.
CLINIAS : Oui, faisons comme nous le disons.
L'ATHÉNIEN : Cela sera, si Dieu le veut, et si nous
pouvons maîtriser jusque-là l'effet de la vieillesse.
CLINIAS : On peut espérer que Dieu le voudra.
L'ATHÉNIEN : On le peut en effet. Abandonnons-nous
donc à sa conduite, et remarquons ceci.
CLINIAS : Quoi ?
L'ATHÉNIEN : Avec quel courage et quelle
hardiesse nous allons fonder à présent notre cité.
CLINIAS : A quoi songes-tu et où tend ce que tu
viens de dire ?
L'ATHÉNIEN : Je songe à la facilité et à l'intrépidité
avec laquelle nous légiférons pour des hommes
sans expérience, et je me demande comment
nous leur ferons accepter les lois que nous venons
d'établir. Il est clair à peu près pour tout le monde,
Clinias, même pour les gens peu avisés, qu'au
début ils n'accueilleront volontiers aucune de nos
lois; mais, si nous attendons assez longtemps
pour que leurs enfants, après les avoir goûtées et
s'y être habitués, à la suite d'une douce éducation
commune, prennent part aux élections avec les
autres citoyens, je suis persuadé pour ma part
qu'après cela, si nous pouvions réaliser notre
espérance par quelque expédient et quelque
moyen, nous pourrions nous assurer fermement
que, ce premier moment passé, la cité ainsi
dirigée durerait longtemps.
CLINIAS : Il y a lieu de le croire.
L'ATHÉNIEN : Voyons donc si nous pourrions
trouver jour à nous procurer cette assurance par la
proposition que je vais faire. Je pense en effet,
Clinias, que les Cnossiens doivent plus que les
autres Crétois, non seulement s'intéresser
sérieusement au pays que nous voulons coloniser,
mais encore mettre toute leur application à ce que
les premières magistratures, celles qui ont le plus
d'autorité, soient constituées de la manière la plus
sûre et la meilleure possible. Il y aura moins à faire
pour les autres ; mais pour les premiers gardiens
des lois, il est d'une nécessité vitale que nous
mettions toute notre diligence à les choisir.
CLINIAS : Par quelle voie et quel moyen y arriverons-nous ?
L'ATHÉNIEN : Voici. Je dis, enfants des Crétois,
qu'il faut que les Cnossiens, en vertu de la
supériorité de leur ville sur la plupart des autres
villes de Crète, doivent, de concert avec ceux qui
viendront dans le nouvel établissement, choisir
parmi eux-mêmes et parmi ceux-ci, trente-sept
personnes en tout, dix-neuf parmi les colons,
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