[6,751] NOMOI ΣΤ.
(751a) (Ἀθηναῖος)
ἀλλὰ μὴν μετά γε πάντα τὰ νῦν εἰρημένα σχεδὸν ἂν ἀρχῶν
εἶέν σοι καταστάσεις τῇ πόλει.
(Κλεινίας) ἔχει γὰρ οὖν οὕτω.
(Ἀθηναῖος)
δύο εἴδη ταῦτα περὶ πολιτείας κόσμον γιγνόμενα τυγχάνει,
πρῶτον μὲν καταστάσεις ἀρχῶν τε καὶ ἀρξόντων, ὅσας τε
αὐτὰς εἶναι δεῖ καὶ τρόπον ὅντινα καθισταμένας· ἔπειτα οὕτω
δὴ τοὺς νόμους ταῖς ἀρχαῖς ἑκάσταις ἀποδοτέον, (751b)
οὕστινάς τε αὖ καὶ ὅσους καὶ οἵους προσῆκον ἂν ἑκάσταις εἴη.
σμικρὸν δὲ ἐπισχόντες πρὸ τῆς αἱρέσεως, εἴπωμεν προσήκοντά
τινα λόγον περὶ αὐτῆς ῥηθῆναι.
(Κλεινίας) τίνα δὴ τοῦτον;
(Ἀθηναῖος)
τόνδε. παντί που δῆλον τὸ τοιοῦτον, ὅτι μεγάλου τῆς
νομοθεσίας ὄντος ἔργου, τοῦ πόλιν εὖ παρεσκευασμένην ἀρχὰς
ἀνεπιτηδείους ἐπιστῆσαι τοῖς εὖ κειμένοις νόμοις, οὐ μόνον
οὐδὲν πλέον εὖ τεθέντων, οὐδ' ὅτι γέλως ἂν πάμπολυς (751c)
συμβαίνοι, σχεδὸν δὲ βλάβαι καὶ λῶβαι πολὺ μέγισται ταῖς
πόλεσι γίγνοιντ' ἂν ἐξ αὐτῶν.
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὔ;
(Ἀθηναῖος)
τοῦτο τοίνυν νοήσωμέν σοι περὶ τῆς νῦν, ὦ φίλε, πολιτείας τε
καὶ πόλεως συμβαῖνον. ὁρᾷς γὰρ ὅτι πρῶτον μὲν δεῖ τοὺς
ὀρθῶς ἰόντας ἐπὶ τὰς τῶν ἀρχῶν δυνάμεις βάσανον ἱκανὴν
αὐτούς τε καὶ γένος ἑκάστων ἐκ παίδων μέχρι τῆς αἱρέσεως
εἶναι δεδωκότας, ἔπειτα αὖ τοὺς μέλλοντας αἱρήσεσθαι
τεθράφθαι (τε) ἐν ἤθεσι νόμων εὖ πεπαιδευμένους (751d) πρὸς
τὸ δυσχεραίνοντάς τε καὶ ἀποδεχομένους ὀρθῶς κρίνειν καὶ
ἀποκρίνειν δυνατοὺς γίγνεσθαι τοὺς ἀξίους ἑκατέρων· ταῦτα
δὲ οἱ νεωστὶ συνεληλυθότες ὄντες τε ἀλλήλων ἀγνῶτες, ἔτι δ'
ἀπαίδευτοι, πῶς ἄν ποτε δύναιντο ἀμέμπτως τὰς ἀρχὰς αἱρεῖσθαι;
(Κλεινίας) σχεδὸν οὐκ ἄν ποτε.
(Ἀθηναῖος)
ἀλλὰ γὰρ ἀγῶνα προφάσεις φασὶν οὐ πάνυ δέχεσθαι· καὶ δὴ
καὶ σοὶ τοῦτο νῦν καὶ ἐμοὶ ποιητέον, ἐπείπερ (751e) σὺ μὲν δὴ
τὴν πόλιν ὑπέστης τῷ Κρητῶν ἔθνει προθύμως κατοικιεῖν
δέκατος αὐτός, ὡς φῄς, τὰ νῦν,
| [6,751] LIVRE VI.
L'ATHÉNIEN : Après tout ce que nous venons de
dire, il serait temps que tu établisses des
magistrats dans ta cité.
CLINIAS : Tu as raison.
L'ATHÉNIEN : Il y a deux objets à considérer pour
ordonner la cité, d'abord l'institution des
magistratures et des futurs magistrats, leur
nombre, et la manière dont il faut les établir ;
ensuite les lois qu'il faut prescrire pour chaque
magistrature, leur nature, leur nombre, et la qualité
correspondant à chacune. Mais arrêtons-nous
d'abord un moment avant de procéder à l'élection,
puis nous dirons ce qu'il est à propos d'en dire.
CLINIAS : Qu'est-ce ?
L'ATHÉNIEN : Le voici. Il est clair pour tout le
monde que, bien que la législation soit une œuvre
de première importance, si une cité régulièrement
constituée prépose à des lois bien établies des
magistrats ineptes, non seulement elle ne tirera
aucun avantage de ces lois bien établies et qu'elle
s'exposera à la risée de tout le monde, mais
encore qu'il en résultera les plus grands
dommages et le plus grand déshonneur qui
puissent atteindre un État.
CLINIAS : Sans aucun doute.
L'ATHÉNIEN : Observe donc avec moi, mon ami,
que c'est justement le cas où se trouveront ton
gouvernement et ta cité. Tu vois tout d'abord en
effet que, pour avoir de justes titres à briguer les
pouvoirs du magistrat, il faut avoir donné des
preuves suffisantes de sa capacité personnelle et
de celle de tous les membres de sa famille, depuis
l'enfance jusqu'au moment de l'élection, ensuite
que les futurs électeurs aient été nourris dans le
respect des lois, et donc, se laissant guider dans
leurs aversions ou leurs approbations par une
solide instruction, ils soient à même de bien juger
et de faire le départ entre les gens de mérite et les
autres. Or comment des hommes réunis depuis
peu, qui ne se connaissent pas entre eux et qui de
plus sont sans éducation, pourront-ils faire des
choix qui soient irréprochables ?
CLINIAS : Cela ne leur est guère possible.
L'ATHÉNIEN : Mais nous n'avons pas d'excuse
pour esquiver la difficulté. Il nous faut tous les
deux l'affronter, puisque tu t'es résolument engagé
envers le peuple crétois à fonder la colonie, toi
dixième, comme tu dis,
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