[6,768] ἀναγκαῖον (768a) πρῶτον μὲν τῷ πλήθει μεταδιδόναι τῆς κρίσεως -
οἱ γὰρ ἀδικούμενοι πάντες εἰσίν, ὁπόταν τις τὴν πόλιν ἀδικῇ, καὶ
χαλεπῶς ἂν ἐν δίκῃ φέροιεν ἄμοιροι γιγνόμενοι τῶν τοιούτων
διακρίσεων - ἀλλ' ἀρχήν τε εἶναι χρὴ τῆς τοιαύτης δίκης καὶ
τελευτὴν εἰς τὸν δῆμον ἀποδιδομένην, τὴν δὲ βάσανον ἐν ταῖς
μεγίσταις ἀρχαῖς τρισίν, ἃς ἂν ὅ τε φεύγων καὶ ὁ διώκων
συνομολογῆτον· ἐὰν δὲ μὴ δύνησθον κοινωνῆσαι τῆς
ὁμολογίας αὐτοί, τὴν βουλὴν ἐπικρίνειν αὐτῶν τὴν αἵρεσιν
(768b) ἑκατέρου. δεῖ δὲ δὴ καὶ τῶν ἰδίων δικῶν κοινωνεῖν κατὰ
δύναμιν ἅπαντας· ὁ γὰρ ἀκοινώνητος ὢν ἐξουσίας τοῦ
συνδικάζειν ἡγεῖται τὸ παράπαν τῆς πόλεως οὐ μέτοχος εἶναι.
διὰ ταῦτ' οὖν δὴ καὶ κατὰ φυλὰς ἀναγκαῖον δικαστήριά τε
γίγνεσθαι καὶ κλήρῳ δικαστὰς ἐκ τοῦ παραχρῆμα ἀδιαφθόρους
ταῖς δεήσεσι δικάζειν, τὸ δὲ τέλος κρίνειν πάντων τῶν τοιούτων
ἐκεῖνο τὸ δικαστήριον, ὅ φαμεν εἴς γε ἀνθρωπίνην δύναμιν ὡς
οἷόν τε ἀδιαφθορώτατα παρεσκευάσθαι τοῖς μὴ (768c)
δυναμένοις μήτε ἐν τοῖς γείτοσι μήτε ἐν τοῖς φυλετικοῖς
δικαστηρίοις ἀπαλλάττεσθαι.
CHAPITRE XIV.
νῦν δὴ περὶ μὲν δικαστήρια ἡμῖν - ἃ δή φαμεν οὔθ' ὡς ἀρχὰς
οὔτε ὡς μὴ ῥᾴδιον εἰπόντα ἀναμφισβητήτως εἰρηκέναι - περὶ
μὲν ταῦτα οἷον περιγραφή τις ἔξωθεν περιγεγραμμένη τὰ μὲν
εἴρηκεν, τὰ δ' ἀπολείπει σχεδόν· πρὸς γὰρ τέλει νομοθεσίας ἡ
δικῶν ἀκριβὴς νόμων θέσις ἅμα καὶ διαίρεσις ὀρθότατα
γίγνοιτ' ἂν μακρῷ. ταύταις μὲν οὖν (768d) εἰρήσθω πρὸς τῷ
τέλει περιμένειν ἡμᾶς, αἱ δὲ περὶ τὰς ἄλλας ἀρχὰς καταστάσεις
σχεδὸν τὴν πλείστην εἰλήφασιν νομοθεσίαν· τὸ δὲ ὅλον καὶ
ἀκριβὲς περὶ ἑνός τε καὶ πάντων τῶν κατὰ πόλιν καὶ πολιτικὴν
πᾶσαν διοικήσεων οὐκ ἔστιν γενέσθαι σαφές, πρὶν ἂν ἡ
διέξοδος ἀπ' ἀρχῆς τά τε δεύτερα καὶ τὰ μέσα καὶ πάντα μέρη
τὰ ἑαυτῆς ἀπολαβοῦσα πρὸς τέλος ἀφίκηται. νῦν μὴν ἐν τῷ
παρόντι μέχρι τῆς τῶν (768e) ἀρχόντων αἱρέσεως γενομένης
τελευτὴ μὲν τῶν ἔμπροσθεν αὕτη γίγνοιτ' ἂν ἱκανή, νόμων δὲ
θέσεως ἀρχὴ καὶ ἀναβολῶν ἅμα καὶ ὄκνων οὐδὲν ἔτι δεομένη.
(Κλεινίας)
πάντως μοι κατὰ νοῦν, ὦ ξένε, τὰ ἔμπροσθεν εἰρηκώς, τὴν
ἀρχὴν νῦν τελευτῇ προσάψας περὶ τῶν τε εἰρημένων καὶ τῶν
μελλόντων ῥηθήσεσθαι, ταῦτα ἔτι μᾶλλον ἐκείνων εἴρηκας φιλίως.
| [6,768] il est nécessaire tout d'abord que le peuple participe,
au jugement; car tous les citoyens sont lésés quand l'État est
lésé, et ils supporteraient difficilement d'être exclus de
procès où l'on juge ces sortes de causes. C'est
donc au peuple qu'il faut s'en remettre pour
engager et pour trancher de tels procès. L'enquête
se fera par devant les trois plus grands magistrats
choisis d'un commun accord par le défendeur et
par le demandeur. S'ils ne peuvent se mettre
d'accord eux-mêmes, c'est le sénat qui fera le
choix pour l'un et l'autre. Il faut aussi que tous
participent autant que possible aux jugements des
causes privées ; car celui qui est exclu de la
faculté de juger avec les autres s'imagine qu'il est
entièrement privé des droits de citoyen. C'est
pourquoi il est nécessaire aussi qu'il y ait des
tribunaux pour chaque tribu, et que des juges
désignés par le sort tranchent instantanément les
différends, sans se laisser corrompre par les
prières. La décision finale de ces sortes de causes
sera remise au tribunal dont nous avons parlé,
tribunal formé des juges les plus intègres qu'il soit
possible de trouver, et destiné à juger ceux que ni les
voisins ni les tribunaux des tribus n'ont pu mettre d'accord.
CHAPITRE XIV.
Voilà ce que, pour le moment, j'avais à dire des
tribunaux, au sujet desquels il n'est pas facile
d'affirmer péremptoirement que ce sont ou que ce
ne sont pas des magistratures. Je n'en ai fait pour
ainsi dire qu'une ébauche, où j'ai marqué certaines
de leurs fonctions et laissé de côté les autres.
Quand nous serons parvenus au terme de notre
législation, nous exposerons avec précision et
d'une manière beaucoup plus complète les lois
relatives aux procès et les diverses juridictions des
tribunaux. Disons-leur de nous attendre à la fin.
Pour l'institution des autres magistratures, nous
avons, à peu de choses près, édicté les lois
essentielles; mais pour l'ensemble et le détail
précis relatif à chaque magistrature et à toutes les
administrations de la ville et de l'État, il n'est pas
possible de s'en faire une idée claire, avant d'avoir
embrassé les premières et les deuxièmes pièces
de l'édifice, celles du milieu, toutes en un mot,
jusqu'à ce qu'on soit arrivé à la fin. Maintenant que
nous sommes allés jusqu'à l'élection des
magistrats, nous en avons bien fini avec le début
et nous allons commencer notre œuvre législative,
n'ayant plus lieu de la différer ni d'hésiter à l'entreprendre.
CLINIAS : Ce que tu as dit jusqu'ici, étranger, m'a
pleinement satisfait ; mais en rattachant ce que tu
as dit au début à ce que tu vas dire pour terminer,
tu as encore accru ma satisfaction.
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