[6,769] (769a) (Ἀθηναῖος)
καλῶς τοίνυν ἂν ἡμῖν ἡ πρεσβυτῶν ἔμφρων παιδιὰ μέχρι δεῦρ'
εἴη τὰ νῦν διαπεπαισμένη.
(Κλεινίας) καλὴν τὴν σπουδὴν ἔοικας δηλοῦν τῶν ἀνδρῶν.
(Ἀθηναῖος) εἰκός γε· τόδε δ' ἐννοήσωμεν εἰ σοὶ δοκεῖ καθάπερ ἐμοί.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον δὴ καὶ περὶ τίνων;
(Ἀθηναῖος)
οἶσθ' ὅτι καθάπερ ζωγράφων οὐδὲν πέρας ἔχειν ἡ πραγματεία
δοκεῖ περὶ ἑκάστων τῶν ζῴων, ἀλλ' ἢ τοῦ χραίνειν ἢ
ἀποχραίνειν, ἢ ὁτιδήποτε καλοῦσι τὸ τοιοῦτον οἱ (769b)
ζωγράφων παῖδες, οὐκ ἄν ποτε δοκεῖ παύσασθαι κοσμοῦσα,
ὥστε ἐπίδοσιν μηκέτ' ἔχειν εἰς τὸ καλλίω τε καὶ φανερώτερα
γίγνεσθαι τὰ γεγραμμένα.
(Κλεινίας)
σχεδὸν ἐννοῶ ἀκούων καὶ αὐτὸς ταῦτα ἃ λέγεις, ἐπεὶ ἐντριβής
γε οὐδαμῶς γέγονα τῇ τοιαύτῃ τέχνῃ.
(Ἀθηναῖος)
καὶ οὐδέν γε ἐβλάβης. χρησώμεθά γε μὴν τῷ νῦν παρατυχόντι
περὶ αὐτῆς ἡμῖν λόγῳ τὸ τοιόνδε, ὡς εἴ ποτέ (769c) τις
ἐπινοήσειε γράψαι τε ὡς κάλλιστον ζῷον καὶ τοῦτ' αὖ μηδέποτε
ἐπὶ φαυλότερον ἀλλ' ἐπὶ τὸ βέλτιον ἴσχειν τοῦ ἐπιόντος ἀεὶ
χρόνου, συννοεῖς ὅτι θνητὸς ὤν, εἰ μή τινα καταλείψει διάδοχον
τοῦ ἐπανορθοῦν τε, ἐάν τι σφάλληται τὸ ζῷον ὑπὸ χρόνων, καὶ
τὸ παραλειφθὲν ὑπὸ τῆς ἀσθενείας τῆς ἑαυτοῦ πρὸς τὴν
τέχνην οἷός τε εἰς τὸ πρόσθεν ἔσται φαιδρύνων ποιεῖν
ἐπιδιδόναι, σμικρόν τινα χρόνον αὐτῷ πόνος παραμενεῖ
πάμπολυς;
(Κλεινίας) ἀληθῆ.
(769d) (Ἀθηναῖος)
τί οὖν; ἆρ' οὐ τοιοῦτον δοκεῖ σοι τὸ τοῦ νομοθέτου βούλημ'
εἶναι; πρῶτον μὲν γράψαι τοὺς νόμους πρὸς τὴν ἀκρίβειαν
κατὰ δύναμιν ἱκανῶς· ἔπειτα προϊόντος τοῦ χρόνου καὶ τῶν
δοξάντων ἔργῳ πειρώμενον, ἆρ' οἴει τινὰ οὕτως ἄφρονα
γεγονέναι νομοθέτην, ὥστ' ἀγνοεῖν ὅτι πάμπολλα ἀνάγκη
παραλείπεσθαι τοιαῦτα, ἃ δεῖ τινα συνεπόμενον ἐπανορθοῦν,
ἵνα μηδαμῇ χείρων, βελτίων δὲ ἡ πολιτεία (769e) καὶ ὁ κόσμος
ἀεὶ γίγνηται περὶ τὴν ᾠκισμένην αὐτῷ πόλιν;
(Κλεινίας) εἰκός - πῶς γὰρ οὔ; - βούλεσθαι πάντα ὁντινοῦν τὸ
τοιοῦτον.
(Ἀθηναῖος)
οὐκοῦν εἴ τίς τινα μηχανὴν ἔχοι πρὸς τοῦτο, ἔργῳ καὶ λόγοις
τίνα τρόπον διδάξειεν ἂν ἕτερον εἴτε μείζονα εἴτε ἐλάττω περὶ
τοῦτ' ἔχειν ἔννοιαν, ὅπως χρὴ φυλάττειν καὶ ἐπανορθοῦν νόμους,
οὐκ ἄν ποτε λέγων ἀπείποι τὸ τοιοῦτον πρὶν ἐπὶ τέλος ἐλθεῖν;
| [6,769] L'ATHÉNIEN : Nous avons donc, en nous jouant
comme il convient à des vieillards sensés, assez
bien réussi jusqu'à présent.
CLINIAS : C'est, à mon avis, une belle et sérieuse
occupation, faite pour des hommes dans la force
de l'âge, que tu proposes là.
L'ATHÉNIEN : Tu as raison. Mais voyons si tu es du
même avis que moi.
CLINIAS : Que veux-tu dire et à propos de quoi ?
L'ATHÉNIEN : Tu sais que le travail des peintres,
dans les diverses figures qu'ils représentent, parait
ne devoir jamais finir, qu'ils ne font que charger ou
affaiblir les couleurs, quelque soit le mot que les
enfants des peintres donnent à cette opération, et
qu'ils semblent ne devoir jamais cesser d'embellir
leurs tableaux, jusqu'à ce qu'il soit impossible d'y
rien ajouter et de leur donner plus de beauté et d'éclat.
CLINIAS : Je m'en fais une idée, moi aussi, en
t'écoutant ; car je ne suis pas du tout expert en cet art.
L'ATHÉNIEN : Tu n'y as rien perdu. Mais servons-nous
de l'exemple que cet art vient de nous
fournir. Si quelqu'un s'était mis en tête de peindre
la plus belle figure possible, de sorte qu'au lieu de
se dégrader, elle acquit de jour en jour une
nouvelle perfection, tu conçois qu'étant mortel, s'il
ne laisse après lui un successeur capable de
réparer la dégradation que le temps peut faire à
son tableau, de lui rendre son lustre et de le
perfectionner en suppléant à ce que la faiblesse
artistique du premier a laissé échapper, tu
conçois, dis-je, que peu de temps après il y aura
fort à faire à sa peinture.
CLINIAS : C'est vrai.
L'ATHÉNIEN : Eh bien, l'entreprise du législateur ne
te parait-elle pas assimilable à celle de ce peintre ?
Il se propose d'abord de rédiger ses lois avec
toute la précision possible, puis, lorsque avec le
temps il les aura effectivement mises à l'épreuve,
crois-tu qu'il se trouvera un législateur assez
dépourvu de sens pour méconnaître qu'il a
forcément laissé une foule de traits qui ont besoin
d'être corrigés par un autre après lui, pour que la
police et le bon ordre, au lieu d'empirer, s'améliore
toujours dans la cité qu'il a fondée ?
CLINIAS : C'est naturel ; il ne saurait en être
autrement ; n'importe qui en voudrait faire autant.
L'ATHÉNIEN : Si donc un législateur trouvait le
moyen, soit par des actes, soit par des paroles,
d'enseigner à un autre soit supérieur, soit inférieur
à lui, à ne pas oublier qu'il faut maintenir et
améliorer les lois, n'est-il pas vrai qu'il ne cesserait
pas de, le lui répéter jusqu'à sa mort ?
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