[1,4] IV.
(Ἀθηναῖος)
ἔχε δή. καὶ τόδε πάλιν ἐπισκεψώμεθα· πολλοὶ ἀδελφοί που γένοιντ' ἂν ἑνὸς
ἀνδρός τε καὶ μιᾶς ὑεῖς, καὶ δὴ καὶ θαυμαστὸν οὐδὲν τοὺς πλείους μὲν ἀδίκους
αὐτῶν γίγνεσθαι, τοὺς δὲ ἐλάττους δικαίους.
(Κλεινίας) οὐ γὰρ οὖν.
(Ἀθηναῖος)
καὶ οὐκ ἂν εἴη γε πρέπον ἐμοί τε καὶ ὑμῖν τοῦτο θηρεύειν, ὅτι νικώντων μὲν τῶν
πονηρῶν ἥ τε οἰκία καὶ ἡ συγγένεια αὕτη πᾶσα ἥττων αὑτῆς λέγοιτ' ἄν, κρείττων
δὲ (627d) ἡττωμένων· οὐ γὰρ εὐσχημοσύνης τε καὶ ἀσχημοσύνης ῥημάτων ἕνεκα
τὰ νῦν σκοπούμεθα πρὸς τὸν τῶν πολλῶν λόγον, ἀλλ' ὀρθότητός τε καὶ
ἁμαρτίας πέρι νόμων, ἥτις ποτ' ἐστὶν φύσει.
(Κλεινίας) ἀληθέστατα, ὦ ξένε, λέγεις.
(Μέγιλλος) καλῶς μὲν οὖν, ὥς γε ἐμοὶ συνδοκεῖν, τό γε τοσοῦτον, τὰ νῦν.
(Ἀθηναῖος)
ἴδωμεν δὴ καὶ τόδε· τούτοις τοῖς ἄρτι λεγομένοις ἀδελφοῖς γένοιτ' ἄν πού τις
δικαστής;
(Κλεινίας) πάνυ γε.
(Ἀθηναῖος)
πότερος οὖν ἀμείνων, ὅστις τοὺς μὲν ἀπολέσειεν (627e) αὐτῶν ὅσοι κακοί, τοὺς δὲ
βελτίους ἄρχειν αὐτοὺς αὑτῶν προστάξειεν, ἢ ὅδε ὃς ἂν τοὺς μὲν χρηστοὺς
ἄρχειν, τοὺς χείρους δ' ἐάσας ζῆν ἄρχεσθαι ἑκόντας ποιήσειεν; τρίτον δέ που
δικαστὴν πρὸς ἀρετὴν εἴπωμεν, εἴ τις εἴη τοιοῦτος ὅστις παραλαβὼν συγγένειαν
μίαν διαφερομένην, μήτε ἀπολέσειεν (628a) μηδένα, διαλλάξας δὲ εἰς τὸν
ἐπίλοιπον χρόνον, νόμους αὐτοῖς θείς, πρὸς ἀλλήλους παραφυλάττειν δύναιτο
ὥστε εἶναι φίλους.
(Κλεινίας)
μακρῷ ἀμείνων γίγνοιτ' ἂν ὁ τοιοῦτος δικαστής τε καὶ νομοθέτης.
(Ἀθηναῖος)
καὶ μὴν τοὐναντίον γε ἢ πρὸς πόλεμον ἂν βλέπων αὐτοῖς τοὺς νόμους
διανομοθετοῖ.
(Κλεινίας) τοῦτο μὲν ἀληθές.
(Ἀθηναῖος)
τί δ' ὁ τὴν πόλιν συναρμόττων; πρὸς πόλεμον αὐτῆς ἂν τὸν ἔξωθεν βλέπων τὸν
βίον κοσμοῖ μᾶλλον, (628b) ἢ πρὸς πόλεμον τὸν ἐν αὐτῇ γιγνόμενον ἑκάστοτε, ἣ
δὴ καλεῖται στάσις; ὃν μάλιστα μὲν ἅπας ἂν βούλοιτο μήτε γενέσθαι ποτὲ ἐν
ἑαυτοῦ πόλει γενόμενόν τε ὡς τάχιστα ἀπαλλάττεσθαι.
(Κλεινίας) δῆλον ὅτι πρὸς τοῦτον.
(Ἀθηναῖος)
πότερα δὲ ἀπολομένων αὖ τῶν ἑτέρων εἰρήνην τῆς στάσεως γενέσθαι,
νικησάντων δὲ ποτέρων, δέξαιτ' ἄν τις, μᾶλλον ἢ φιλίας τε καὶ εἰρήνης ὑπὸ
διαλλαγῶν γενομένης, οὕτω τοῖς ἔξωθεν πολεμίοις προσέχειν ἀνάγκην εἶναι τὸν
(628c) νοῦν;
(Κλεινίας)
οὕτω πᾶς ἂν ἐθέλοι πρότερον ἢ 'κείνως περὶ τὴν αὑτοῦ γίγνεσθαι πόλιν.
(Ἀθηναῖος) οὐκοῦν καὶ νομοθέτης ὡσαύτως;
(Κλεινίας) τί μήν;
(Ἀθηναῖος) ἆρα οὖν οὐ τοῦ ἀρίστου ἕνεκα πάντα ἂν τὰ νόμιμα τιθείη πᾶς;
(Κλεινίας) πῶς δ' οὔ;
(Ἀθηναῖος)
τό γε μὴν ἄριστον οὔτε ὁ πόλεμος οὔτε ἡ στάσις, ἀπευκτὸν δὲ τὸ δεηθῆναι
τούτων, εἰρήνη δὲ πρὸς ἀλλήλους ἅμα καὶ φιλοφροσύνη, καὶ δὴ καὶ τὸ νικᾶν, ὡς
ἔοικεν, αὐτὴν (628d) αὑτὴν πόλιν οὐκ ἦν τῶν ἀρίστων ἀλλὰ τῶν ἀναγκαίων·
ὅμοιον ὡς εἰ κάμνον σῶμα ἰατρικῆς καθάρσεως τυχὸν ἡγοῖτό τις ἄριστα πράττειν
τότε, τῷ δὲ μηδὲ τὸ παράπαν δεηθέντι σώματι μηδὲ προσέχοι τὸν νοῦν, ὡσαύτως
δὲ καὶ πρὸς πόλεως εὐδαιμονίαν ἢ καὶ ἰδιώτου διανοούμενος οὕτω τις οὔτ' ἄν
ποτε πολιτικὸς γένοιτο ὀρθῶς, πρὸς τὰ ἔξωθεν πολεμικὰ ἀποβλέπων μόνον καὶ
πρῶτον, οὔτ' ἂν νομοθέτης ἀκριβής, εἰ μὴ χάριν εἰρήνης τὰ πολέμου νομοθετοῖ
μᾶλλον (628e) ἢ τῶν πολεμικῶν ἕνεκα τὰ τῆς εἰρήνης.
| [1,4] IV.
(L'ATHÉNIEN)
Allons maintenant, examinons ceci aussi. Supposons plusieurs frères du même père et de la même
mère. Il ne serait pas du tout extraordinaire que la majorité d'entre eux fût injuste et la minorité juste.
(CLINIAS) Non, assurément.
(L'ATHÉNIEN)
Il ne siérait, ni à moi ni à toi, de rechercher si, les méchants étant vainqueurs, toute la maison et la
parenté serait dite pire qu'elle-même et meilleure qu'elle-même, s'ils étaient vaincus ; car notre
examen ne porte pas à présent sur la convenance ou l'inconvenance des expressions, mais sur ce qui
constitue naturellement la justesse ou l'erreur en matière de lois.
(CLINIAS) Rien de plus vrai que ce que tu dis, étranger.
(MÉGILLOS)
C'est exact en effet, et je suis de ton avis sur le point que nous débattons à présent.
(L'ATHÉNIEN)
Considérons encore ceci. Ces frères dont nous parlions tout à l'heure pourraient avoir quelqu'un pour
les juger.
(CLINIAS) Certainement.
(L'ATHÉNIEN)
Quel serait le meilleur juge, celui qui ferait mourir ceux d'entre eux qui sont méchants et ordonnerait
aux bons de se gouverner eux-mêmes, ou celui qui, remettant le pouvoir aux bons, laisserait vivre les
mauvais à condition d'obéir volontairement aux autres ? Mais supposons un troisième juge d'une autre
qualité, qui, trouvant une famille divisée, serait capable, sans faire périr personne, de rétablir pour
l'avenir la concorde parmi ses membres, en leur donnant des lois et en veillant par là à maintenir leur
amitié.
(CLINIAS) Un pareil juge, un tel législateur serait de beaucoup le meilleur.
(L'ATHÉNIEN) Et pourtant ce serait en vue du contraire de la guerre qu'il leur dicterait ses lois.
(CLINIAS) C'est vrai.
(L'ATHÉNIEN)
Mais celui qui établit l'harmonie dans la cité, est-ce en songeant à la guerre étrangère qu'il embellit le
mieux la vie, ou en songeant à cette guerre qui naît souvent dans un État et qu'on appelle sédition,
guerre qu'on voudrait surtout ne jamais voir éclater dans sa patrie, ou la voir étouffer le plus vite
possible quand elle est née ?
(CLINIAS) Il est évident que c'est en vue de cette dernière.
(L'ATHÉNIEN)
Et dans le cas d'une sédition, est-il quelqu'un qui préférât la paix gagnée par la ruine des uns et la
victoire des autres, plutôt que l'amitié et la paix obtenue par une réconciliation et la nécessité de
tourner ensuite son attention vers les ennemis du dehors ?
(CLINIAS) Chacun préférerait pour sa patrie le second cas au premier.
(L'ATHÉNIEN) N'en est-il pas de même du législateur ?
(CLINIAS) Sans doute.
(L'ATHÉNIEN)
Alors n'est-ce pas en vue du plus grand bien que tout législateur doit porter ses lois ?
(CLINIAS) Sans contredit.
(L'ATHÉNIEN)
Or le plus grand bien n'est ni la guerre ni la sédition, il faut au contraire souhaiter de n'en avoir jamais
besoin, mais la paix et la bienveillance mutuelle. Il semble donc que la victoire que la cité peut
remporter sur elle-même ne doit pas être comptée parmi les plus grands biens, mais parmi les
nécessaires. C'est comme si l'on croyait qu'un corps malade, après avoir été purgé par le médecin est
dans le meilleur état, et qu'alors on ne fît aucune attention au corps qui n'en a pas du tout besoin. De
même un homme qui aurait la même conception sur le bonheur de l'État ou des particuliers ne saurait
jamais être un bon politique, ni un législateur exact, s'il se préoccupe uniquement et avant, tout des
guerres du dehors. Il faut pour cela qu'il règle ce qui concerne la guerre en vue de la paix plutôt que
de régler ce qui concerne la paix en vue de la guerre.
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