| [2,64] Ὁ Ἰησοῦς εἷς ὢν πλείονα τῇ ἐπινοίᾳ ἦν, καὶ τοῖς
βλέπουσιν οὐχ ὁμοίως πᾶσιν ὁρώμενος. Καὶ ὅτι μὲν τῇ
ἐπινοίᾳ πλείονα ἦν, καὶ σαφὲς ἐκ τοῦ «Ἐγώ εἰμι ἡ ὁδὸς
καὶ ἡ ἀλήθεια καὶ ἡ ζωὴ» καὶ τοῦ «Ἐγώ εἰμι ὁ ἄρτος»
καὶ τοῦ «Ἐγώ εἰμι ἡ θύρα» καὶ ἄλλων μυρίων. Ὅτι δὲ
καὶ βλεπόμενος οὐχ ὡσαύτως τοῖς βλέπουσιν ἐφαίνετο,
ἀλλ´ ὡς ἐχώρουν οἱ βλέποντες, σαφὲς ἔσται τοῖς ἐφιστᾶσι,
διὰ τί μέλλων μεταμορφοῦσθαι ἐν τῷ ὑψηλῷ ὄρει οὐδὲ τοὺς
ἀποστόλους πάντας παρείληφεν ἀλλὰ μόνους τὸν Πέτρον
καὶ τὸν Ἰάκωβον καὶ τὸν Ἰωάννην, ὡς μόνους χωροῦντας
τὴν τότε δόξαν αὐτοῦ θεωρῆσαι, δυναμένους δὲ καὶ τοὺς
ὀφθέντας ἐν δόξῃ Μωϋσέα καὶ Ἠλίαν κατανοῆσαι καὶ
ἀκοῦσαι συλλαλούντων αὐτῶν καὶ τῆς ἀπὸ τῆς νεφέλης
οὐρανόθεν φωνῆς. Ἐγὼ δ´ οἶμαι ὅτι καὶ πρὸ τοῦ ἀναβῆναι
εἰς τὸ ὄρος, ἔνθα προσῆλθον αὐτῷ μόνοι οἱ μαθηταὶ καὶ
ἐδίδασκεν αὐτοὺς τὰ περὶ τῶν μακαρισμῶν, ἡνίκα κάτω
που ὢν τοῦ ὄρους «ὀψίας» «γενομένης» ἐθεράπευσεν τοὺς
προσελθόντας αὐτῷ, ἀπαλλάσσων πάσης νόσου καὶ πάσης 
μαλακίας, οὐχ ὁ αὐτὸς ἐφαίνετο τοῖς κάμνουσι καὶ δεομένοις
αὐτοῦ θεραπεύοντος καὶ τοῖς διὰ τὸ ὑγιαίνειν συναναβῆναι
αὐτῷ εἰς τὸ ὄρος δυνηθεῖσιν. Αλλὰ καὶ εἴπερ κατ´ ἰδίαν
τοῖς ἰδίοις μαθηταῖς ἐπέλυεν τὰς παραβολάς, μετ´ ἐπικρύψεως
τοῖς ἔξω ὄχλοις εἰρημένας, ὥσπερ ταῖς ἀκοαῖς ἦσαν κρείττους
οἱ ἀκούοντες τῆς λύσεως τῶν παραβολῶν παρὰ τοὺς ἀκούοντας
τῶν χωρὶς λύσεων παραβολῶν, οὕτως καὶ ταῖς ὄψεσι πάντως
μὲν τῆς ψυχῆς, ἐγὼ δ´ ἡγοῦμαι ὅτι καὶ τοῦ σώματος. Δηλοῖ
δὲ μὴ τὸν αὐτὸν ἀεὶ φαίνεσθαι τὸ Ἰούδαν μέλλοντα αὐτὸν
προδιδόναι εἰρηκέναι ὡς μὴ εἰδόσιν αὐτὸν τοῖς συναπερχομένοις 
αὐτῷ ὄχλοις· «Ὃν ἐὰν φιλήσω, αὐτός ἐστι.»
Τοιοῦτο δ´ οἶμαι καὶ αὐτὸν τὸν σωτῆρα ἐμφαίνειν διὰ
τοῦ· «Καθ´ ἡμέραν μεθ´ ὑμῶν ἤμην ἐν τῷ ἱερῷ διδάσκων,
καὶ οὐκ ἐκρατήσατέ με.» Ὡς περὶ τηλικούτου οὖν φερόμενοι
ἡμεῖς τοῦ Ἰησοῦ οὐ μόνον κατὰ τὴν ἔνδον καὶ ἀποκεκρυμμένην
τοῖς πολλοῖς θειότητα ἀλλὰ καὶ κατὰ τὸ μεταμορφούμενον
σῶμα, ὅτ´ ἐβούλετο καὶ οἷς ἐβούλετο, φαμὲν ὅτι τὸν μὲν μὴ
ἀπεκδυσάμενον «τὰς ἀρχὰς καὶ τὰς ἐξουσίας» Ἰησοῦν
καὶ μηδέπω ἀποθανόντα «τῇ ἁμαρτίᾳ» πάντες βλέπειν
ἐχώρουν, τὸν δ´ ἀπεκδυσάμενον «τὰς ἀρχὰς καὶ τὰς ἐξουσίας» 
καὶ μηκέτ´ ἔχοντά τι χωρητὸν ὁραθῆναι τοῖς πολλοῖς
οὐχ οἷοί τε ἦσαν αὐτὸν βλέπειν οἱ πρότερον αὐτὸν ἰδόντες
πάντες· ὅθεν φειδόμενος αὐτῶν οὐκ ἐφαίνετο πᾶσιν ἀναστὰς
ἐκ νεκρῶν. 
 | [2,64] Quoique Jésus ne fût qu'un en soi, il était néanmoins plusieurs 
choses par rapport aux divers égards sous lesquels on le considérait, et 
il ne paraissait pas le même à tous ceux qui le voyaient.  Qu'il fût 
plusieurs choses, considéré sous divers égards, cela est clair par ces 
passages : "Je suis la voie, la vérité et la vie; je suis le pain; je suis 
la porte" (Jean, XIV, 6; VI, 35; X, 9), et par une infinité d'autres.
Il ne sera pas moins clair qu'il ne paraissait  pas le même à tous ceux 
qui le voyaient, mais à chacun selon sa portée, si l'on se souvient que de 
tous les apôtres il ne prit que Pierre, Jacques et Jean pour l'accompagner 
sur la haute montagne où il fut transfiguré (Matth., XVII, 1). Car il en 
usa de la sorte parce qu'il n'y avait que ces trois qui fussent capables 
de le voir dans cette gloire, de considérer celle de Moïse et d'Élie, 
d'écouter l'entretien que ces prophètes devaient avoir avec lui, et 
d'entendre la voix céleste qui devait sortir de la nuée. Je crois aussi 
qu'avant qu'il montât sur la montagne où ses disciples seuls le suivirent, 
il leur fit le discours des béatitudes (Matth., V, 1) ; il ne parut 
pas à ceux qu'on lui amena sur le soir, au pied de cette montagne, et 
qu'il guérit de toutes leurs maladies et de toutes leurs langueurs 
(Ibid., IV, 24), il ne parut pas, dis-je, à ces personnes infirmes qui 
avaient besoin de son secours, le même qu'à ceux que leur santé rendait 
assez forts pour pouvoir monter avec lui. Et lorsqu'il expliquait, en 
particulier, à ses disciples les paraboles dont il s'était servi, en 
parlant à ceux de dehors, il faut croire que comme ceux à qui il donnait 
cette explication, avaient l'ouïe plus exquise que les autres à qui il 
n'expliquait rien : ils avaient pareillement la vue plus nette (Ibid., 
XIII, 16, 18). On ne peut le nier des yeux de l'âme; et selon mon 
sentiment, on le doit aussi avouer de ceux du corps. Tout de même, quand 
Judas, conduisant la troupe de ceux à qui il devait livrer son maître, 
leur disait, comme s'ils n'avaient pas connu celui qu'ils cherchaient: 
"C'est celui que je baiserai" (Ibid., XXVI, 48) ; il fait bien voir par là 
que Jésus ne paraissait pas le même en tout temps. Et c'est encore là que 
je rapporte ces paroles de notre Sauveur : "J'étais tous les jours avec 
vous dans le temple, et vous ne m'avez point pris" (Ibid.,55). Ayant donc 
une telle opinion de Jésus, non seulement à l'égard de la divinité qui 
était cachée au dedans de lui, et qui ne se manifestait qu'à peu de 
personnes, mais aussi à l'égard de son corps dont il changeait la forme 
quand il lui plaisait, et pour qui il lui plaisait ; nous disons qu'avant 
qu'il eût désarmé les principautés et les puissances (Col., II, 15), et 
qu'il fut mort au péché (Rom., VI, 10), tout le monde était capable de 
le voir ; mais depuis qu'il les eut désarmés, et qu'il eut laissé ce qu'il 
avait de proportionné aux yeux des hommes du commun,  il ne put plus 
être vu de tous ceux qui le voyaient auparavant; d'où il paraît que ce fut 
pour épargner les faibles, qu'il ne se montra pas à tout le monde, après 
qu'il fut ressuscité. 
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