[2,51] Ὑπείδετο δὲ ὁ Κέλσος τὸ ἀπὸ τῆς γραφῆς ποιήσας
τὸν Ἰησοῦν εἰρηκέναι ὅτι Σατανᾶς τις τοιαῦτα παραμηχανήσεται.
Ἀλλὰ καὶ συναρπάζει τὸν λόγον φάσκων μὴ
ἔξαρνον εἶναι τὸν Ἰησοῦν, ὡς ταῦτα οὐδὲν θεῖον ἔχει ἀλλὰ
πονηρῶν ἐστιν ἔργα· ὁμογενῆ γὰρ αὐτὰ πεποίηκεν ἑτερογενῆ
τυγχάνοντα. Καὶ ὥσπερ λύκος κυνὶ οὐχ ὁμογενής, κἂν
δοκῇ ἔχειν τι παραπλήσιον ἐν τῷ τοῦ σώματος σχήματι καὶ
τῇ φωνῇ, οὐδὲ φάσσα τῇ περιστερᾷ. οὕτως οὐδὲν ὅμοιον
ἔχει τὸ δυνάμει θεοῦ ἐπιτελούμενον τῷ γινομένῳ ἀπὸ γοητείας.
Ἔτι δὲ καὶ ταῦτα πρὸς τὰς Κέλσου κακουργίας ἐροῦμεν·
ἆρα δυνάμεις γίνονται μὲν κατὰ γοητείαν ἀπὸ πονηρῶν
δαιμόνων, οὐδεμία δὲ δύναμις ἐπιτελεῖται ἀπὸ τῆς θείας
καὶ μακαρίας φύσεως, {ἀλλ´ ὁ βίος τῶν ἀνθρώπων ἤνεγκε
μὲν τὰ χείρονα οὐδαμῶς δ´ ἐχώρησε τὰ κρείττονα; Καὶ
τοῦτό γε δοκεῖ μοι ὥσπερ ἐπὶ πάντων δεῖν παρατιθέναι,
ὅτι ὅπου τι χεῖρον προσποιούμενον εἶναι ὁμογενὲς τῷ
κρείττονι, ἐκεῖ πάντως ἐκ τοῦ ἐναντίου ἐστί τι κρεῖττον},
οὕτω καὶ ἐπὶ τῶν κατὰ γοητείαν ἐπιτελουμένων, ὅτι πάντως
ἀνάγκη εἶναι καὶ ἀπὸ θείας ἐνεργείας ἐν τῷ βίῳ γινόμενα.
Καὶ τοῦ αὐτοῦ ἐστιν ἐξ ἀκολουθίας ἤτοι ἀμφότερα ἀναιρεῖν
καὶ λέγειν μηδέτερον γίνεσθαι {ἢ τιθέντα τὸ ἕτερον καὶ
μάλιστα τὸ χεῖρον ὁμολογεῖν καὶ περὶ τοῦ κρείττονος.}
Εἰ δέ τις τιθείη μὲν τὰ ἀπὸ γοητείας γίνεσθαι, μὴ τιθείη δὲ
τὰ ἀπὸ θείας δυνάμεως, δοκεῖ μοι παραπλήσιος εἶναι τῷ
τιθέντι μὲν ὅτι εἰσὶ σοφίσματα καὶ λόγοι πιθανοί, ἀποτυγχάνοντες
τῆς ἀληθείας, προσποιούμενοι τἀληθῆ παριστάνειν,
οὐδαμοῦ δὲ παρ´ ἀνθρώποις ἀλήθεια καὶ διαλεκτικὴ ἀλλοτρία
σοφισμάτων πολιτεύεται.
Εἰ δ´ ἅπαξ παραδεξόμεθα ἀκόλουθον εἶναι τῷ ὑποστατὴν
εἶναι μαγείαν καὶ γοητείαν, ἐνεργουμένην ὑπὸ πονηρῶν
δαιμόνων, κατακλήσεσι περιέργοις θελγομένων καὶ ἀνθρώποις
γόησιν ὑπακουόντων, τὸ καὶ τὰ ἀπὸ θείας δυνάμεως δεῖν
εὑρίσκεσθαι ἐν ἀνθρώποις· διὰ τί οὐχὶ καὶ βεβασανισμένως
τοὺς ἐπαγγελλομένους τὰς δυνάμεις ἐξετάσομεν ἀπὸ τοῦ
βίου καὶ τοῦ ἤθους καὶ τῶν ἐπακολουθούντων ταῖς δυνάμεσιν
ἤτοι εἰς βλάβην τῶν ἀνθρώπων ἢ εἰς ἠθῶν ἐπανόρθωσιν,
τίς μὲν δαίμοσι διακονούμενος διά τινων ἐπῳδῶν καὶ
μαγγανειῶν τὰ τοιαῦτα ποιεῖ, τίς δ´ ἐν χώρᾳ καθαρᾷ καὶ
ἁγίᾳ γενόμενος κατὰ τὴν ψυχὴν ἑαυτοῦ καὶ τὸ πνεῦμα,
οἶμαι δὲ καὶ τὸ σῶμα, τῷ θεῷ, παραδεξάμενος θεῖόν τι
πνεῦμα τὰ τοιαῦτα εἰς ὠφέλειαν ἀνθρώπων καὶ προτροπὴν
τὴν ἐπὶ τὸ πιστεύειν θεῷ ἀληθινῷ πράττει; Εἰ δ´ ἅπαξ
ζητεῖν δεῖ μὴ συναρπαζόμενον ὑπὸ τῶν δυνάμεων, τίς μὲν
ἀπὸ κρείττονος τίς δὲ ἀπὸ χείρονος τὰ τοιαῦτα ἐπιτελεῖ,
ἵνα ἢ μὴ πάντα κακολογῶμεν ἢ μὴ πάντα ὡς θεῖα θαυμάζωμεν
καὶ ἀποδεχώμεθα· πῶς οὐχὶ προφανὲς μὲν ἔσται ἐκ
τῶν συμβάντων ἐπὶ Μωϋσέως καὶ ἐπὶ Ἰησοῦ, ἐθνῶν ὅλων
συστάντων μετὰ τὰ σημεῖα αὐτῶν, ὅτι θείᾳ δυνάμει πεποιήκασιν
οὗτοι ἅπερ ἀναγέγραπται αὐτοὺς πεποιηκέναι; Οὐκ
ἂν γὰρ πονηρία καὶ μαγγανεία ὅλον ἔθνος συνέστησαν,
ὑπερβὰν μὲν οὐ μόνον ἀγάλματα καὶ τὰ ὑπ´ ἀνθρώπων
ἱδρυμένα ἀλλὰ καὶ πᾶσαν γενητὴν φύσιν, ἀναβαῖνον δὲ πρὸς
τὴν ἀγένητον τοῦ θεοῦ τῶν ὅλων ἀρχήν.
| [2,51] Celse témoigne avoir quelque légère connaissance de l'Écriture, lorsqu'il
fait dire à Jésus, que ses actions seraient imitées par un certain Satan ;
mais il se hâte un peu trop d'en tirer cette conséquence qu'il avoue, par
là, qu'elles n'ont rien de divin, et que ce sont les productions d'une
cause impure. C'est mettre sous un même genre des choses d'un genre fort
différent. Car comme un loup et un chien, pour avoir quelque chose de
semblable dans la figure el dans la voix, ne sont pas pour cela d'une même
espèce; non plus qu'un pigeon et un ramier : ainsi la vertu de Dieu n'a,
dans ses effets, rien de commun avec ceux de la magie. Nous pouvons encore
repousser de cette sorte la maligne objection de Celse : Quoi ! dirons-nous,
les prestiges des mauvais démons feront des prodiges étonnants, et la
vertu d'une nature aussi excellente que la divine ne produira aucun
miracle? Tout ce qu'il y a de mal se trouvera parmi les hommes ; et ce
qu'il peut y avoir de bien en sera absolument banni ! Je crois que l'on
doit plutôt établir cette maxime générale : que partout où se rencontre le
mal, déguisé sous l'apparence du bien, il faut, de nécessité, que le bien
qui lui est opposé s'y rencontre pareillement. Ainsi les prestiges
supposent nécessairement la vertu divine. L'un est une conséquence de
l'autre : principalement celui-ci qui est le bien, de celui-là qui est le
mal. Il faut ou les admettre ensemble ou les rejeter conjointement : et
qui voudrait poser le premier sans poser en même temps le second, les
prestiges sans la vertu divine, ferait, à mon avis, comme s'il
reconnaissait qu'il y a des sophismes et de faux raisonnements qui ont
quelque apparence de vérité, quoiqu'ils soient bien éloignés d'être
véritables ; et qu'il niât cependant qu'il y eût aucune vérité, ni aucune
règle pour la discerner du mensonge. Si l'on avoue donc une fois que, posé
qu'il y ait une magie dont les charmes aient tant de pouvoir sur les
mauvais démons, qu'ils les contraignent d'obéir et de prêter leurs
illusions aux personnes qui professent ces arts illicites, il s'ensuive
que la vertu de Dieu agisse dans le monde pour y opérer des
miracles : que reste-t-il désormais, sinon que nous examinions
soigneusement la vie et les mœurs de tous ceux qui se vantent de faire
quelque chose d'extraordinaire; et que nous jugions de la qualité de leurs
miracles, selon qu'ils sont capables ou de nuire aux hommes ou de les
porter à la vertu? que nous distinguions, dis-je, par là ceux qui se
servent de conjurations el de sortilèges pour avoir l'assistance des
démons; d'avec ceux qui, remplis d'un esprit divin, dont ils ressentent
les purs et saints mouvements et dans leur âme, et dans leur esprit, et
même, à mon avis, dans leur corps, ne font rien que pour l'avantage des
autres hommes et pour les obliger à croire au vrai Dieu? Maintenant si
l'on demeure d'accord que, sans se laisser préoccuper sur le sujet des
miracles, il soit nécessaire d'examiner s'ils viennent d'une bonne ou
d'une mauvaise cause pour ne pas les recevoir tous avec admiration, comme
des effets d'une vertu divine, ou pour ne pas les rejeter tous avec
mépris, comme des illusions, ne sera- t-il pas aisé de reconnaître que
ceux de Moïse et de Jésus sont du premier ordre, puisqu'ils ont servi de
fondement à deux grandes sociétés? Car comment des lois, qui détachent
tout un peuple, non seulement des simulacres et de tout ce qui y a
relation, mais même de tous les êtres créés, pour l'élever jusqu'à Dieu,
le principe éternel de toutes choses, devraient-elles leur établissement
aux prestiges et à la méchanceté d'un magicien?
|